Fernando Adrian : "Je veux être maxima figura del toreo, ce que seul un toro pourra m’en empêcher".

 

Jamais un matador de toros qui sort deux fois de suite par la Puerta Grande de Madrid n’avait été autant oublié dans les cartels qui les suivirent. Las Ventas c’est plutôt 30 ou 40 corridas d’assurées par retombées après y avoir triomphé. Pas pour Fernando Adrian dont personne s’en ai souvenu après ses deux sorties a hombros les 31 mai et 18 juin de cette année, la seconde lors de la Corrida de la Beneficencia en présence du Roi d’Espagne et en damant le pion à Sébastien Castella, le triomphateur de la San Isidro et à Emilio de Justo... C’est son nouvel apoderado Maximino Pérez, l’actuel gérant des arènes de Cuenca et d’Illescas, qui par le biais de postes de substitution, lui a permis d’entrer dans pas mal de cartel en août et septembre… Et à partir de là ce fut une succession ininterrompue de triomphes… 13 autres grandes portes d’affiler avec 38 orejas de plus, 4 rabos et un indulto… Il se verra attribuer le trophée Vestido de Luces Rioja y Oro l’un des plus reconnus et décerné chaque année au triomphateur de la Feria de la San Isidro.

 

Nous nous sommes entretenu avec lui….

 

Tout d’abord toutes nos félicitations pour cette temporada : 15 corridas, 15 sorties en triomphe dont deux à Madrid. La 1ere à Valdetorres del Jarama le 30 avril, puis

Anchuelo, Madrid le 31 mai, Madrid le 18 juin (Corrida de la Beneficencia), Arenas de San Pedro, Cuenca, Cuéllar, Palencia, San Martín de Valdeiglesias, Valladolid, Navalcarnero, Murcia, Guadalajara, Vieux-Boucau et Las Rozas

"J'ai pris chaque après-midi de ma saison comme si c’était la dernière. Couper des oreilles chaque jour était devenu une obligation intérieure, un passage obligé pour pouvoir mentalement passer à la suivante. Il n'y a pas d'autre secret pour sortir en triomphe tous les après-midi. "

 

-J’ai lu que votre aficion à los toros viendrais plus spécialement de votre grand père paternel qui fut novillero et qu’avant d’entrer à l’école taurine d’El Juli, vous couriez les capéas dans les villages…

"Ma vocation de torero est née, comme pour tout le monde, grâce à mon grand-père. Lui et la tauromachie populaire m'ont donné cet élan particulier qui m'ont poussé à consacrer entièrement ma vie pour cette profession. "

 

-Après la Fondation El Juli (Arganda del Rey), en 2011 vous débutez un excellent parcours de novillero, avec des sorties à hombros à Nîmes avec le trophée de la Cape d’Or, à Dax, Mont de Marsan, Barcelone en mars 2011 peu après vos débuts avec picadors, le prix du meilleur novillero à Sevilla.. Triomphateur à Algemesi (deux oreilles et queue), le Zapato de Oro à Arnedo… avec l’indulto d’un novillo de la ganaderia de Baltasar Ibán… Pas mal de paseillos et de triomphes en France… Que gardez vous de cette époque ?

 

"Je garde un souvenir particulier de toutes ces courses en tant que novillero. Mais s'il y a une arène qui m'a particulièrement marqué, c'est Séville. Mes débuts ont été liés à cette arène où j'ai vécu tant de sensations et où j'ai pu me connecter avec les aficionados. Maintenant, il me faut confirmer la deuxième partie de ma seconde vie de matador de toros : revenir la saison prochaine pour montrer un Fernando Adrián encore plus mûr. "

-En juin 2013 El Juli vous confère l’alternative à Avila et là c’est le début d’un long bâche… Pendant huit ans vous allez très très peu toréer. Comment vit on moralement ces moments ? Dans le doute, dans l’espoir, avec des illusions déçues, avec la force qui permet d’y croire encore… Et comment progresser sans la pratique, des tentaderos, du toreo de salon ?

"L'une des motivations qui m'a fait sortir en triomphe chaque après-midi, cette année, c’était de penser comme si c'était la dernière de ma vie… De penser aussi à l’énorme frustration qu'il y a à ne pas toréer. J'ai pu continuer à croire à mon rêve grâce au soutien de mes proches, de mes amis, auxquels je serai toujours reconnaissant, et aussi par ma propre volonté de continuer, de ne pas abandonner le combat. C'est pourquoi, lorsque vous avez une opportunité comme celle du 28 mai en pleine San Isidro, vous ne devez absolument pas la laisser passer.  "

 

-Et puis vint la Copa Chenel. Trois corridas triomphales. Quatre oreilles à Valdetorres de Jarama, trois à Valdemorillo dont deux à un toro de vuelta de Zacarias Moreno et trois aussi lors de la finale à Cadalso de los Vidrios avec des toros de José Vázquez et Adolfo Martín ce qui vous valut d’être déclaré triomphateur de cycle 2021… Comment avez-vous ressenti cette "résurrection" ?

"C'est exactement ce que je vous dis : c'est à ce moment-là que j'ai compris que je ne pouvais pas laisser les triomphes m'échapper. Chaque après-midi était pour moi le dernier de ma carrière, et c'est avec cette mentalité que j'ai enfilé mon costume de torero tous les jours. C'est ce qui m'a vraiment ramené à la vie, en pensant aussi à la façon dont  j'avais été mis aux oubliettes pendant tant d'années. "

 

-Un prix qui vous a valut de confirmer votre alternative à Madrid en 2022 dans un grand cartel, avec José Maria Manzanares et Andrés Roca Rey, sauf que ce jour là, les toros furent absents… Mais derrière huit autres corridas vous attendez. Comment avez-vous vécu cette frustration de ne pouvoir exprimer ce que vous ressentiez devant ce public madrilène ?

"Je savais qu'à un moment ou à un autre, j'allais avoir une autre opportunité à Madrid. Je m’y suis préparé intérieurement, je m’y préparais comme si j'allais toréer le lendemain... et l'opportunité s'est présentée. "

 

-Le 31 mai 2023, une seconde opportunité en pleine feria de la San Isidro à Las Ventas devant des toros de Santiago Domecq auxquels vous coupez deux oreilles. Que s’est il passé dans votre tête en sortant en triomphe des arènes de Madrid…

"J'étais calme et serein parce que je savais que je ne pouvais pas, ne devais pas échouer. A ce moment-là, mon sort était entre les mains des toros si l’on peut dire et heureusement, ils ont été là et du coup j'ai obtenu ce que j'avais toujours rêvé. "

 

-Un triomphe qui vous fait entrer dans la corrida madrilène la plus couru, celle de la beneficencia, avec Emilio de Justo et Sebastián Castella le 17 juin… Et 15 jours après, une seconde puerta grande après avoir coupé deux oreilles à un toro de Juan Pedro Domecq. C’était un peu comme gagner le gros lot à la loterie nationale. Non !

 

"Ce toro de Juan Pedro Domecq avait une embestida unique. Cette humiliation, cette classe... m'ont permis de m'épanouir en tant que torero et surtout de me lâcher en toréant par naturelles, de la main gauche…. Ce furent dix minutes magiques. "

-Sauf qu’une grande porte à Madrid, ça change la carrière d’un torero, deux vous pensez, 30 ou 40 corridas auraient du suivre mais pas pour vous. Certes beaucoup de cartels étaient bouclés mais quand même…. Et la feria de Otoño ? Comment avez-vous vécu cette injustice flagrante… ? Et comment vous vous l’expliquez ?

"Je peux seulement dire que les arènes de Madrid ne me sont pas fermées et que je reviendrai à Madrid comme le l’ai déjà dis, comme c'était le dernier jour de ma vie. Si Maximino Pérez, a décidé de devenir mon apoderado à la suite de ça, c'est bien sûr pour défendre ma carrière et valoriser ce que j'ai gagné devant les toros mais surtout par la confiance qu’il a en moi pour réussir la suite. "

 

-Guère après, vous trouvez un accord avec un nouvel apoderado, Maximino Pérez, qui par le biais de postes de substitution, vous permet d’entrer dans pas mal de cartel en août et septembre… Et là c’est une succession ininterrompue de triomphes, dont un à Vieux Boucau pour votre présentation en France de matador de toros, un indulto à Palencia, "Finito" de Zacarías Moreno… Qu’est ce qui vous a motivé pour réussir cet incroyable parcours ?

"Ce qui me motive, c’est l'idée de rester libre, un homme, un torero libre, une liberté que l'on obtient en mettant sa vie en jeu à chaque fois. Je voulais depuis toujours frapper de grands coups, des moments très forts qui me permettraient d'atteindre cette liberté, et dès qu'ils m'en ont offert l’opportunité, comme vous avez pu le constater, les résultats de cette temporada parlent d'eux-mêmes. "

 

-De tous ces grands moments de 2023, lequel vous a le plus marqué ?

"Bien que la corrida de Santiago Domecq ait été spéciale parce qu'elle a marqué le début de ce qui allait devenir ma saison, mon second toro de Juan Pedro Domecq m'a particulièrement comblé lors de la Corrida de la Beneficencia. J’ai pu dessiner les naturelles dont j'avais toujours rêvé et que j'avais répétées des milliers de fois en toréant de salon et je pouvais enfin réaliser dans une arène, celle de Las Ventas à Madrid. "

 

-Bien qu’on soit encore loin du traditionnel jour des Rois Mages, je pense que le téléphone s’est remis à sonner. Sans dévoiler quoi que ce soit, des arènes importantes d’Espagne et de France on du prendre des contacts, avancés même parfois. Et peut être aussi aux Amériques… Si c’est le cas, qu’est ce qui va changer dans la vie du maletillas de Torres de la Alameda ?

"Je veux être maxima figura del toreo, ce dont je rêve depuis mon enfance, faire partie des plus grands toreros, être une figura, ce que seule une grave blessure par un toro pourra m’empêcher. "

 

Fernando Adrián Hernández Machicado “Fernando Adrián” est né à Madrid le 20 janvier 1992, mais a grandi à Torres de la Alameda, un pueblo de 8000 âmes à 50 kms à l’est de Madrid… De son grand-père, qui fut novillero, lui vint l’envie de devenir torero. Il court les encierros et les capéas des villages avant d’intégrer la Escuela Taurina de Arganda del Rey “Fundación El Juli”, qui le fera débuter en 2008 à Paracuellos del Jarama. Et le conduira jusqu’à ses débuts avec picadors le 11 mars 2011 à Olivenza, l’ouverture d’un important cycle novilleril, triomphant entre autre à Nîmes avec le trophée de la Cape d’Or, à Dax, Mont de Marsan, Barcelone, meilleur novillero à Sevilla, le Zapato de Oro à Arnedo… Apoderé par Simón Casas jusqu’à son alternative le 15 juin 2013 à Ávila avec El Juli pour parrain et Miguel Ángel Perera pour témoin… Et après ce furent 8 ans de galères sans pratiquement pas toréer, travaillant dans l’entreprise familiale tout en continuant à s’entraîner, à croire en son rêve…. Jusqu’à cette Copa Chenel de 2021… 

 

"Las Ventas ne me sera pas enlevée, j’y reviendrai et je me donnerai à Madrid comme si c'était le dernier jour de ma vie".


Jesulin de Ubrique : " Aujourd’hui il faudrait quatre Roca Rey… "

 

Invité dernièrement pour toréer lors du gala taurin dans les arènes de Béziers, nous avons rencontré le très médiatique torero, vedette des années 90, la veille, lors d’un tentadero chez les Frères Gallon. " J’étais loin d’imaginer tienter dans un élevage de cette qualitédes vaches très bonnes, très nobles, avec beaucoup de classe et un excellent fond de caste… "

Jesulin de Ubrique s’est retiré assez jeune des ruedos à a peine 33 ans. Après avoir fait plusieurs saisons consécutives à plus de 100 corridas notamment ses records. En 1994, avec 153 corridas, 1995 avec 161 corridas toréées, 1996 avec seulement 121 tardes … Et aussi surtout pour ses frasques médiatiques taurines, entre autres en enfourchant un toro de Los Guateles à Gijon, en toréant devant 8000 femmes invitées gratuitement à Aranjuez, en se lançant le défi de toréer cinq courses dans la même journée à San Roque à 11h00, Tarifa à 13h30, La Linea à 16h00, Morón à19h30 et Ubrique à 22h00, porter un costume de lumières jaune etc etc.. Des provocations et des frasques à la télévision qui ont fait souvent oublier l’immense torero qu’il aurait pu devenir. Aujourd’hui, après avoir été chanteur, acteur de cinéma (Netflix prépare une série sur sa vie), vedette de la presse rose, Jesulin de Ubrique participe entre autre sur TVE a 'MasterChef Celebrity' et avec Bertín Osborne dans 'Mi casa es la tuya' sur la Telecinco…

 

-Après avoir été le torero chéri des espagnols, d’après le media people Madrid Weekly vous seriez leur personnalité préférée pour 2023… Mais quel Jesulin de Ubrique. L’homme de télévision, le torero …

" Vous me l’apprenez et ça me fait vraiment plaisirMais ce doit être pour un mélange de toutes mes facettes ja ! ja ! ja !!! "

 

-Comment ce fait il que vous reveniez en France, à Béziers pour toréer un festival taurin ?

" Ils m’ont appelé pour me le proposer et comme il y avait 16 ou 17 ans que je n’étais pas venu toréer en France, j’ai accepté. En plus, même si j’y ai peu toréé j’en garde un très bon souvenir avec notamment quatre oreilles coupées à des Guardiola Fantoni..."

 

-Justement, de novillero vous étiez de toutes les affiches et de matador de toros, ce fut moins le cas ?

 

" C’est vrai, j’ai eu une très bonne époque en France en tant que novillero mais après, en tant que matador de toros ce fut un peu plus compliqué même si j’y ai connu de grands moments… Mon alternative à Nîmes, un mano à mano dans ces mêmes arènes, sous un déluge, on croyait que c’était la mer qui nous tombait dessus… Des triomphes à Palavas, Frejus et c’est vrai que ma tauromachie ait mieux passée de ce coté de votre pays que dans le sud-ouest… Même si j’ai connu de grandes après-midi à Dax avec des Samuel Flores ou à Bayonne avec des Torrestrella. "

-Tous les professionnels taurins étaient unanimes, sans vos frasques taurines et médiatiques vous auriez put être un très grand torero d’époque… Pourquoi avoir choisi avec Manolo Morilla votre apoderado cette voie de communication… ?

" Aujourd’hui tous les toreros communiquent, surtout au travers des réseaux sociaux. Moi à l’époque j’ai été un précurseur dans le genre et ça n’a pas été bien ressenti par tout le monde même si beaucoup d’aficionados m’en sont reconnaissant... Concernant cette façon d’être, c’est avant tout le reflet de ma personnalité, ma façon de voir la vie, de toréer et je ne regrette rien même si ça en a choqué certains… Communiquer, il faut communiquer pour donner de l’intérêt à ce qu’on fait et c’est ce que j’ai fait et j’ai amené du monde aux arènes…Passée la folie de ma jeunesse, mes dernières années ont été d’un concept plus artistique, plus mûri.."

 

-C’était peut-être plus facile à l’époque ?

" Rien n’est jamais facile. Il faut avouer que je n’étais le seul tirón, Finito de Cordoba, Chamaco, Enrique Ponce, amenaient du public… Aujourd’hui le plus taquillero, après le retrait d’un très grand torero, El Juli, c’est Roca Rey mais il faudrait quatre Roca Rey et il faudra qu’il tienne plusieurs temporadas. Il y a de très bons toreros, Talavante, Castella... mais ils n’ont pas suffisamment d’attrait pour le grand public, celui qui renouvelle les générations d’aficionados. Les toreros passent et il ne faut pas que le public se retrouve orphelin… Il faut des toreros révolutionnaires et pas qu’un seul car s’il n’y a pas de competencia il y a beaucoup moins d’intérêt…"

 

-Quelle préparation pour toréer un festival taurin ?

" J’en toréais dix à quinze par an depuis ma despedida y comprit une corrida par ci par là sauf pendant la pandémie. Je tiente un peu dans mon élevage et j’entretien surtout ma condition physique car quand tu as toréé tant de corridas à haut niveau tu gardes ça en toi... Avec un peu de remise à niveau comme ce tentadero. Mais aujourd’hui ma vie est surtout centrée sur et autour de ma famille, de mes enfants. Même si les toros y occupe toujours une bonne place."

 

Jesulin de Ubrique à été papa pour la 4eme fois l’an dernier avec Hugo le 3eme enfant avec María José Campanario après Julia et Jesús Alejandro, son aînée Andrea étant le fruit de sa relation avec Belén Esteban. Il vit à Arcos de La Frontera dans la province de Cadiz…

 

-Et comment vit aujourd’hui Jesulin de Ubrique ?

" Très bien, je profite de la vie, du campo ganadero, de mes affaires, les show télévisés ça me plait bien et économiquement c’est très intéressant. Mais je tiens a ce que pour tout le monde je sois un torero et que j’en parle même si aujourd’hui, dans ce milieu, beaucoup de personnes voudraient l’occulter. C’est toujours ma profession, la très grande réussite de ma vie et je tiens à le faire savoir malgré pas mal de pression… J’aurai 50 ans le 9 janvier prochain et je pense les fêter à Ubrique avec une corrida unique et spéciale en mars ou avril "

 

Jesulin de Ubrique en bref, si l’on peut dire…

Jesús Janeiro Bazán ' Jesulín de Ubrique' est né à Ubrique (Cádiz) le 9 janvier 1974

 

Eleve de la escuela taurina de Cádiz. Après un brillant parcours en non piquée, le 30 juillet 1989 il debute avec picadors aux coté de Julio Aparicio et de Finito de Córdoba, il reçoit même le prix décerné par feu l’ANDA de la meilleure faena à Fréjus … L’année suivante il est le triomphateur des Fallas de Valencia, gagne le Zapato de Oro d’Arnedo, mobilisant l’aficion avec un autre phénomène Chamaco… Il prendra l’alternative à Nîmes le 21septembre 1990 des mains de  José Mari Manzanares avec Emilio Muñoz comme témoin et des toros de González Sánchez-Dalp. On peut dire qu’il fut même un véritable phénomène social…


A la découverte d’un paradis méconnu….

 

Magali Tardieu, l’instar de Charlotte Yonnet, est la fille et non le garçon qui s’est investie dans la ganaderia de toros bravos à la suite de leur grand-père puis de leur père… Mais aujourd’hui, sans revenus annexes, impossible de boucler les budgets sur l’élevage seul du toro de combat. La crise sociétale plus celle du Covid n’ont rien arrangé à l’affaire.

 

A la Cour des Bœufs, à Mas Thibert, les Frères Louis et Alain Tardieu ont investi dans leurs installations taurines afin d’organiser des journées au campo ou des fiestas camperas dans les meilleures conditions d’accueil, avec également l’édification d’une petite salle ouverte pour la réception…. !

Mais quand on vit dans un site naturel protégé, au sein du Parc naturel régional de Camargue, entre terres de Crau et marais, on a envie de le partager, de le faire découvrir… Sans influer sur le caractère sauvage d’un paysage sublime allant de celui aride des coussouls à celui plus camarguais avec ses tamaris en passant par d’immenses zones humides ou vivent toros et chevaux en liberté entourés de canards, hérons, cygnes, ibis, cigognes et autres aigrettes…. C’est l’idée qui a germé dans la tête de Magali. Plus de 550 hectares entre le delta du Rhône et la plaine steppique de la Crau, les marais de la Cour des Bœufs sillonnés par trois canaux, le Vigueirat, le Vergiere et le canal de colmatage, sont un écosystème unique, tant par sa faune que par sa flore…. Un paradis pour tous les sens. Des images pour les pupilles aux chants des oiseaux aux odeurs des fleurs sauvages, tout ici n’est que sérénité.

"Les Balades de Mag". Depuis peu donc, Magali Tardieu a décidé d’organiser des visites de la ganaderia à Mas-Thibert. Des visites privilèges de quatre personnes maxi, en 4x4 durant une matinée pour découvrir une grande partie de ce domaine sauvage où la faune et la flore s'offrent aux regards au détour du chemin avec une petite surprise en cours de visite qui sera offerte aux visiteurs. Mais également une visite en remorque aménagée et ombragée pouvant accueillir des groupes d’une trentaine de personnes ou des classes scolaires, permet une belle petite balade à la découverte du campo et notamment d'observer les veaux nés au printemps jusqu’aux novillos et toros prêts pour l’arène. 

 

Depuis 15 juillet, elle propose ses "apéros-campero" tous les vendredis en fin de journée : Une balade en remorque tractée suivie d'un apéritif...les nouvelles installations de la Cour des Bœufs offrant la possibilité de profiter d’un verre de vin tout en observant les toros dans leur enclos tout proches. Infos et réservation : Magali Tardieu 06 43 64 18 41 Page Facebook "les Balades de Mag" Places limitées et sur réservation


Miriam Cabas "Tout pour les toros."

 

La jeune novillera de Los Barrios, découverte en mars 2020 lors du 13eme Printemps des Jeunes Aficionados, se partage entre le Gard et l’Ecole Taurine du Campo de Gibraltar de Ruiz Miguel, et entre les toros et des études de vétérinaires. Si aujourd’hui tu avais à choisir entre ces deux professions…"Sans aucune hésitation, ce serait les toros." 

À vingt et un ans, elle fait parti de l’école taurine de Ruiz Miguel après être passée par celle d’Algeciras pendant plusieurs années et avoir aussi passé plusieurs mois au Centre français de tauromachie à Nîmes. Aujourd’hui Serge Almeras gère sa carrière aux cotés du maestro de San Fernando, surtout pour ce qui concerne le coté français de sa jeune carrière. 

Comment une jeune femme a eu envie de se mettre devant des toros ?

"J’ai toujours rêvé de toréer. J’ai dans ma famille et dans mes proches des picadors ou des banderilleros mais c’est surtout mon grand-père… Il rêvait que l’un de ses petits-fils soit torero… Et c’est sa petite fille qui est dans les arènes… pour son plus grand bonheur." 

- Comment décrirais-tu ta saison 2021 ?

- "Si je devais la définir en un mot, je la qualifierais de passionnante. Je l'ai vécu avec beaucoup d'illusion. Depuis que je suis enfant, je rêve de porter le costume de torero, de pouvoir toréer dans des arènes aussi importants que celles du Puerto de Santa María et y couper deux oreilles…. Ce fut pour moi des sensations indescriptibles. C'était ma première saison et je pense que les premières fois sont toujours les plus belles, les plus beaux souvenirs que nous garderons toute notre vie". 

 

Une première temporada en habit de lumières débutée le 24 juillet à Aracena (Huelva) dans le cadre du XXVIIeme Cycle de Novilladas sans picadors, organisé par l’Asociación Andaluza de Escuelas Taurinas “Pedro Romero” et retransmise sur Canal Sur TV, et avec une sortie en triomphe

Te considères-tu comme l'une des découvertes de la saison en Andalousie ?

"Je ne pense pas que ce soit à moi de répondre à cette question, c'est aux aficionados de le faire. Mais il est vrai qu'il y avait beaucoup de gens qui ne me connaissaient pas. Je n'avais pas non plus fait mes débuts en becerrada. Je suis passée pratiquement directement en novillera sans chevaux. " 

Pour Miriam Cabas les chiffres de 2021 parlent d'eux-mêmes : Sept oreilles coupées pour cinq festejos, grande porte à Aracena, au Puerto de Santa María et à Chiclana, un excellent parcours au Certamen de Canal Sur et une place de 3ème classé dans la province de Cádiz. Il lui a fallu cinq après-midis pour qu’elle se mette les aficionados dans sa poche sans compter les trophées maximum obtenus lors du festival de Gerena. 

Elle fera sa présentation en France en sans picador à Aignan, le dimanche de Pâques devant des erales de l’Astarac (JL Darré). Un retour après avoir du déclarer forfait pour Gimeaux "J’ai attrapé la Covid et de façon carabinée mais bon c’est déjà du passé."

  Penses-tu qu'il y ai encore une forme de machisme dans la tauromachie ?

- "L'objet principal dans la tauromachie c’est le taureau et c'est lui qui remet tout le monde à sa place, et lui il ne connait pas les genres. Après le reste …." 

 

La protégée de Serge Almeras sera à l’affiche en juin à Villaseca de la Sagra pour l’Alfarero de Plata, elle va participer au Bolsin de Bougues avec un agenda déjà fourni en ce début de temporada, les autres contrats viendront avec les résultats obtenus course après course…


 Paco Ramos : "Saint Martin sera pour moi une corrida très importante"

 

Pour le torero de Onda (Castellón) la saison va débuter à Saint Martin de Crau pour la corrida concours ou il sera opposé à un toro de Concha y Sierra et à un de Jalabert… Il participera aussi à la Copa Chenel le circuit des corridas de toros de la Comunidad de Madrid et à la Féria de Sant Joan / Sant Pere 2022 de Castellón le 26 juin devant une corrida de Miura dont il triompha l’an passé…

-"Cette corrida sera la première de l’année pour moi, et en France, un pays taurin important pour tous les toreros… Un triomphe peut t’ouvrir d’autres portes, en plus en début de temporada"

Francisco Ramos Collado “Paco Ramos” est né en mai 1981 à Onda de parents sévillans mais sans antécédents taurins, son père était un bon aficionado mais sans plus…

-"Les toros j’y suis venu par moi-même, ils étaient partout autour de chez moi, dans les rues, dans les arènes et à force de les voir, j’ai voulu les voir de plus près. À l’âge de 16 ans je me suis inscrit à l’école taurine de Castellón "

Et de là ce seront les débuts avec picadors fin 2001, la présentation à Madrid en juillet 2004 et après une bonne carrière novilleril, l’alternative le 28 février 2005 dans les arènes de Castellón, avec Uceda Leal pour parrain et Sébastien Castella pour témoin et une corrida des héritiers de Baltasar Ibán, «Saltillo», nº 15, étant le toro de l’investiture… Adepte du toreo classique, il s’inspire de César Rincón, Enrique Ponce, José Tomás, Joselito ou Manzanares...

-"Les trois premières saisons j’ai pas mal toréé, surtout autour de Valencia et de Castellon, j’ai coupé pas mal d’oreilles, jusqu’à ma confirmation à Madrid en aout 2008 et puis ce fut plus compliqué, restant même plusieurs années sans revêtir l’habit de lumières"

Et pourtant c’est en France que naitra sa peña taurine «Les Amis de Paco Ramos" ... créée en mai 2009 par Alain Moya de Saint Laurent d’Aigouze, plus connut sous l’apodo de Momo … Comment et pourquoi ?

-"Je tientais à Jaen chez Sancho Davila et il y avait un groupe d’aficionados français avec Momo. On a discuté, le courant est passé d’entrée et de suite il m’a invité à des tentaderos en France et de là est né une véritable amitié. Mais c’est surtout quand je ne toréais plus qu’ils ont été les plus présents, m’offrant des opportunités avec les clubs taurins, des tientas, des toros à puerta cerrada. Je pouvais au moins toréer. Et je leur en suis infiniment reconnaissant"

De là on le vit à Vergèze, à Gimeaux… Le Pérou aussi fut un exutoire pour le torero de Onda ou il fut souvent mis à l’affiche, notamment à Lima dans la plaza de toros Acho, partageant ses galères avec Octavio Chacón, connaissant des moments importants comme celui de triomphateur de la Feria La Oportunidad en juillet 2019 appelé en remplacement du colombien Sebastián Ritter. Et aujourd’hui, après 17 ans d’alternative il est toujours plein d’une illusion débordante…

-"Après Saint Martin, je vais participer à la Copa Chenel ce qui est une bonne opportunité, au moins il y aura mon nom sur des affiches autour de Madrid et si j’arrive à triompher je pourrais appeler Las Ventas car je rêve toujours d’y retourner et pourquoi pas y frapper un grand coup… J’ai toujours l’envie de montrer à tous le torero que je suis devenu et vivre pleinement de cette passion qui est le but de ma vie".

 

Avant Miraflores de la Sierra, le samedi 9 avril face à des toros d’Aurelio Hernando et d’Arauz de Robles, avant un nouveau rendez-vous pour une miurada dans ses arènes de Castellón et après ses importantes prestations dans cette même plaza de toros devant les Adolfo Martin en 2019 ou devant les Miura en 2021, Paco Ramos a encore et surtout envie de croire à sa chance….


Le Tibo Garcia nouveau est arrivé…

 

A l’origine, c’était Manuel Jesús Pérez Mota qui devait tienter les trois machos de Manu Turquay. Covid oblige, il n’a put franchir la frontière, ce qu’à pu faire Tibo Garcia, un aller-retour depuis Sanlucar…. On a découvert un torero métamorphosé, sûr de son toreo et très à gusto devant les excellents pupilles santacolomeños du Mas des Cavales, deux de pure origine Buendia et le troisième, magnifique d’origine Pablo Mayoral.…  On en a profité pour évoquer la carrière du néo-torero arlésien, qui naquit le 3 juin 1997 à Nîmes, grandit à Beaucaire, avant de devenir tarasconnais puis finalement revenir en Provence….

Issu d’une famille de chasseurs et fauconniers sans antécédents taurins, il découvre les toros par hasard, en se rendant par curiosité à Arles voir le mano a mano Juan Bautista Sébastien Castella en avril 2009…

 « En sortant des arènes, j’ai dit à ma mère que c’était ça que je voulais faire, cette communion entre ces personnages admirés par un public tout acquit à leur cause, cette ambiance, ces costumes qui brillent…C’était en avril, un mois plus tard je m’inscrivais à l’Ecole Taurine d’Arles » explique Tibo.

Il y restera un an, passera une année à celle de Béziers puis deux à Nîmes avant de rencontrer en 2013, Serge Almeras qui prendra sa carrière en main… « En 2011, l’année de mes premières novilladas sans picador, avec l’école taurine de Nîmes,  j’ai fait 11 paseillos, coupé 15 oreilles et 2 queues ». Une histoire qui commençait bien mais un grave accident de la route l’éloignera pratiquement un an des toros mais cette année blanche lui donnera encore plus de moral et il reviendra plus fort encore.
C’est finalement en 2015 que Tibo Garcia explose au grand jour. Avec un bilan flatteur, plus d’une trentaine de novilladas pour plus de 30 oreilles coupées, remportant la 21eme édition du célèbre Bolsin de Bougue dans les Landes. Il recevra entre autre pour sa saison, le prix de l’UCTPRicard et le 4eme trophée Pierre Charrain attribué par l’Association Toreria

 Un retour qui le remet aussitôt sur le devant de la scène et le 13 mars 2016, dans les arènes couvertes de Samadet à l’occasion de la feria de la Faïence, il fera ses débuts en novillada piquée en compagnie de Carlos Navarro et de Manolo Vanegas, sortant en triomphe après avoir coupé les deux oreilles du sixième novillos de Sayalero y Bandrès. Ce qui lui ouvre une dizaine de cartels et seize l’année suivante…

 Mais à la fin de la temporada 2017, la pression, des problèmes personnels et surtout une épée qui ne tue plus lui font prendre la décision d'arrêter de toréer définitivement….  « Devant les toros, il faut toujours être à 100% et ne pas tricher, ni avec toi-même ni avec les toros et surtout pas avec le public... » Six mois de vide absolu envers la tauromachie avec cependant un retour auprés des taureaux en travaillant à la manade Saumade avec Thierry Ferrand... Une expérience qui lui a redonné l’envie de revenir. « L’envie était la plus forte... durant mon break, je m'étais enfin  posé les bonnes questions…. »
Son retour s’avera plus que positif à Beaucaire fin juillet 2018, en prenant le poste laissé vaquant par Maxime Solera blessé et coupa la seule oreille aux novillos du Marquis d'Albasserrada avec à ses cotés Jérémy Banti et Julien Lescarret qui l’accompagneront jusqu’à son alternative... Il confirmera son potentiel fin septembre à Rion des Landes, en coupant les deux oreilles et la queue d'un excellent novillo de Jean-Louis Darré lors d'un mano à mano avec Jean-Baptiste Molas puis à Rodilhan

  Après avoir connu une grosse période de doute, Tibo Garcia vivra un rêve éveillé dans un cartel de luxe le dimanche 25 août à la feria de la pêche et de l'abricot de Saint-Gilles. Avec deux figuras del toreo, Sébastien Castella  et Emilio de Justo pour prendre son alternative devant des toros de Fuente Ymbro. Deux oreilles et une sortie à hombros aux cotés de son parrain…. Tout allait a mas…. Mais avec 2020 et l’arrivée du Covid, tout c’est encore compliqué. D’un commun accord il se sépare de ses apoderados pour rejoindre un an plus tard Didier Cabanis et Serge Almeras..

  Il vit actuellement sur Arles et à partir de là, il accède au campo de la région tout en se déplaçant dans le Sud-ouest voire en Espagne ou il a passé une grande partie de l’hiver entre Sevilla et Sanlucar

 On a découvert un torero métamorphosé, sûr de son toreo et très à gusto prêt à toutes éventualités, même si aujourd’hui elles restent encore rare….

 « Aujourd’hui, de signée, je n’ai que la corrida d’Istres mais c’est une opportunité importante. Une opportunité à saisir pour montrer mon envie, mon evolution et puis il y aura competencia, avec au bout des prix importants, la confirmation à la Mexico et une possible entrée dans le cartel de la corrida d’août... »

 Rien d’autre d’officiel pour le néo-torero arlésien mais ses apoderados sont en pourparler pour la suite de la temporada…. Tel qu’il est revenu, Tibo Garcia mérite largement de revêtir souvent le costume de lumières…. Souhaitons-le-lui…


Clément Dubecq “Clemente” : “Relancer ma carrière, la reconstruire…”

 

 Clément Dubecq est né en février 1995 dans la préfecture de la Gironde, mais bien vite il emprunta la voie romaine qui reliait Bordeaux à Pamplona pour s’arrêter à Pouillon, un ancien vicus gallo-romain au cœur de la Chalosse, berceau de sa famille maternelle. C’est la que le virus des toros l’a contaminé ingéré par son père, grand aficionado, mais c’est à Nîmes auprès d’H. Galtier et des aficionados practicos qu’il a apprit les rudiments de son métier, après des premiers pas à l’école taurine d’Hagetmau tenue par Béatrice Brethes, débutant dans le Sud-est un parcours ou les aléas et les complications ne l’ont guère épargné. Aujourd’hui il redémarre une nouvelle carrière depuis Nîmes et avec l’appui de son mentor de longue date, l’ancien banderillero arlésien Fermin Gonzalez… Nous l’avons suivi, lors d’une tienta chez Fano et quelques jours plus tard lorsqu’il tua deux toros de Jacques Giraud, à puerta cerrada, porte hermétique au Covid….

 -“Aujourd’hui, il me faut relancer ma carrière, surtout après l’arrêt brutal qui a suivi mon alternative et là je suis en pleine reconstruction…” 

C’est par l’intermédiaire d’H Galtier qu’il rencontrera F. Gonzalez pour former un binôme qui tient encore aujourd’hui et grâce à ses conseils il débutera en novillada sans picadors à Garlin en 2011… Il débute en novillada piquée le 2 juin 2013 à Captieux en coupant trois oreilles à des novillos de Vicente Ruiz et l’année suivante il fera 21 paseillos grâce à l’arrivée de Carlos Zuñiga qui décida de l’apoderer après son triomphe à Arnedo... année qui vit la naissance de sa peña taurine à Nîmes… 2015 Madrid trois fois, Séville et le 29 juin 2016 à Zamora l’alternative lors d’une corrida de la feria de San Pedro ou il sortira en triomphe avec Cayetano son parrain après avoir coupé deux fois une oreille à des toros de Sanchez Arjona….Il devient le 60eme matador de toros français. Deux corridas plus tard, le père et le fils Zuñiga se sont fâchés et pour conséquence une descente aux enfers pour le torero français délaissé ! Et en 2018, il se retrouve tout seul et sans contrat, El Boni, qui devait prendre la suite en restera à l’effet d’annonce.

 -“ En 2019, j’ai toréé à Saint-Sever aux côtés de Sébastien Castella et Thomas Dufau, devant des toros de Victoriano del Río. Ca c’est très bien passé et l’on a recommencé à parler de moi, en France… Il faut dire que depuis cinq ans, je vivais en Espagne, je toréais en Espagne, je tientais dans des ganaderias espagnoles. Et là je réapparais

 

Mais c’était sans compter avec la Covid….

 -“ Du coup 2020 sera une année blanche comme pour la plupart d’entre nous, mais j’en ai tiré un coté positif. Je me suis senti soutenu et faisant beaucoup de campo, j’ai pu retrouver des sensations, trouver un rythme pour toréer qui me correspond plus…

 

Mais c’était sans compter sur une grave blessure en octobre lors d’une fiesta campera dans la Dehesa El Encinar à Villárdiga (Zamora) à la ganaderia de Hermanos Boyano de Paz, prit par le second toro avec fracture du sternum, lui empêchant d’honorer un poste à Gamarde le mois d’après…

 -“Je vis maintenant à Nîmes mais avec cette blessure je n’ai rien pu faire de tout ce long hiver, je reprends juste la cape et la muleta et je viens à peine de me mettre devant des animaux… Je manque encore de rythme mais je suis désireux de toréer, d’y prendre du plaisir…”

Pour 2021, ça s’annonce encore compliqué…

 

-“En effet, la situation sanitaire actuelle ne permet pas de dire si il y aura des corridas cette année, du moins pendant le premier semestre. Tous les organisateurs essayent de trouver des plans mais rien n’est encore vraiment arrêté. C’est tres compliqué pour tous et moi je ne peux pas dire que j’ai une corrida de signer… j’attends et j’espère et surtout je me prépare comme si je devais toreer demain…”

Lors du tentadero chez Juliette et Christophe Fano, il retrouva H. Galtier qui accompagnait Solalito…

 -“Solal représente un peu le même cas que moi, il y treize ans, j’avais alors treize ans. Depuis nos chemins se sont séparés mais c’est très bien qu’il soit encore là pour aider un jeune novillero, surtout dans la situation actuelle, pesante et incertaine pour tous les toreros. D’un autre coté il y a une réelle solidarité entre nous, c’est très bien et même les ganaderos français jouent le jeu…

 

Fermin Gonzalez, originaire d’Algemesi, fut un novillero “ arlésien” des années 80, au toreo épuré et artistique, qui refusa de devenir matador de toros en 1982 une alternative  qu’il jugeait prématurée…. Il torera une bonne trentaine de novilladas piquées en dix ans de carrière avant de changer l’or pour l’argent, puis pour devenir l’apoderado de “Clemente” 

 -“On à la même conception du toreo, c’est pour ça que depuis ses débuts je crois en lui, c’est un garçon qui a beaucoup de chose à transmettre devant les toros…” 

 Autour de Fermin, on voit souvent un autre ancien banderillero, Christian Romero…

 -“Il le suit depuis longtemps car il aime sa façon de toréer, mais il est là surtout par plaisir… Dans sa cuadrilla, il devrait y avoir Marco Leal et Gabin Rehabi, le reste serait des espagnols avec qui il a toréé…

 

Aujourd’hui, avec Clemente, il est question de relancer sa carrière, du moins en France… Les conditions sanitaires sont loin d’être propice pour un déroulement normal d’une temporada et à fortiori pour émerger et s’imposer, mais en plus il a laissé quelques scories, tant ici que dans le Sud-ouest, qu’il lui faudra effacer… Nîmes, la novillada de la Cape d’Or et plus récemment le malentendu de Brocas…

 -“Pour Brocas, il y a eu réellement un malentendu…. Nous avions été contactés par Marlène Fasolo pour participer à une fiesta campera qui devait se dérouler chez elle à la ganadería Malabat on s’est retrouvé aux arènes pour un festival taurin… Changement donc de type de spectacle que nous avons découvert le jour même à notre arrivée dans ce charmant village. On a donc décidé de ne pas y participer, pour cette unique raison et l’organisatrice l’a tres bien comprit… D’autres non et nous ont tiré dessus à boulets rouges… Nîmes c’est totalement différent, Clément avait reçu un très violent choc avec perte de connaissance lors d’une novillada à Captieux quelques jours avant et malgré ce, il a tenu à honorer son contrat. Certes les deux novillos que le sorteo lui réserva, n’avaient pas grand-chose à offrir, mais ça ce n’est pas une excuse. En fait il fut absent tout au long de la matinée, étrangement absent… Pourquoi ? il avait resulté un très fort traumatisme crânien de sa voltereta tremenda de Captieux, ce que décela un médecin bordelais le lendemain de la Cape d’Or que Clément se décida de consulter au vu de son état général…. Donnez lui simplement une opportunité et vous verrez un torero désireux de s’exprimer devant les toros et d’y triompher…”

 

Comme à Saint Sever ?

 -“Au moins comme à Saint Sever

 Ojala !


A la découverte de La Marensiña

 

 Quand on parle d’aficionados practicos, inéluctablement on pense à Hervé Galtier et à son équipe. Du coté de Soustons, il y en a aussi qui pratiquent le toreo, de salon et qui mettent en pratique leurs acquis devant du bétail brave.

 Le Marensin, qui prend fin au nord de Soustons, offre ses plages et ses lacs, et la fraîcheur de ses courants. Mais les paysages y sont variés, grâce aux bois de chênes-lièges et aux riches terres de l'arrière-pays, avec ses cultures de céréales et ses élevages de bétail, de la Blonde d’Aquitaine au bœuf de Mazas, ses importantes métairies

 C’est là que le 31 mai 2016 est née La Marensiña. Crée à la base par des membres de la peña la Finca de Soustons dont Cyril Pinsolle, practico de toujours et actuel président, quelques amis et Denis Labarthe ancien novillero, premier président, qui a ensuite démissionné pour divergences d’optique.

 « La Marensiña (la petite du marensin) n'est pas une école taurine, comme stipulé sur notre page Facebook mais la faire renommer s’avérait très compliqué pour nous, precise C. Pinsolle, mais plutôt une école dédiée à la formation à la culture taurine pour aficionados practicos de 9 à 99 ans créé dans le but de perpétuer, transmettre, assouvir notre passion et notre culture… »

 Et si de cette passion venait à naitre une vocation, l’envie d’aller plus loin, devenir torero… « Il serait alors directement dirigé vers l'école du maestro Richard Milian "Adour Aficion" à Cauna. »

 Les entraînements se font tout les samedis matin de 9h30 à 12h30 aux arènes de Soustons ou dans un hangar suivant les conditions météorologiques tout cela aimablement prêté par la municipalité. Des cours théoriques donnés par les trois formateurs de l’école, deux anciens novillero sans picador Bastien Roulier et Florian Carsoule et Cyril Pinsolle passionné et aficionado practico depuis tout petit.

 Combien d’élèves y assistent régulièrement ?

 « Nous comptons une quinzaine de pratiquants qui s’entrainent tous les samedis. Nous avons aussi à nos cotés une bonne dizaine de socios qui nous aident et nous soutiennent. Une cotisation de 200 euros à l'année est demandée pour les practicos avec prêt du matériel et de 10 euros pour les adhérents cela nous permettant de louer quelques vaches pour pratiquer notre passion au campo… »

 Depuis cinq ans, les practicos de La Marensiña participent à des capéas, des becerradas et des tientas grâce à quelques ganaderos comme Olivier et Paola Martin d’El Palmeral, Clément Grenet à Labatut, Marie-Claire et Jean-François Cazaucurt  à Souprosse, ganaderia du Vert Galant, chez Deyris. Dernièrement ils ont même était reçu chez Jean-Louis Darré avec la peña d’El Adoureño…  De plus chaque année, l’école organise un week-end à Salamanque afin de visiter des élevages, participer à des tentaderos où il est proposé à un novillero ou à un matador de toros français en activité de les diriger.

 -« Nous proposons également chaque année une journée porte ouverte dans nos belles arènes soustonnaises ainsi que quelques sorties au campo pour y partager des moments d’aficion et de partage. Malheureusement depuis un an, tout cela à été un peu impacter par les conditions sanitaires actuelles mais nous on peut dire qu’on s’en  sort plutôt bien grâce à nos nombreux amis. En espérant un retour rapide à une vie normale »

 Plus qu’une école taurine, La Marensiña est une école pour apprendre à vivre pleinement une culture, une passion, passion que nous partageons tous, dans la convivialité et l'humilité.


Mas-Thibert, terre de toros bravos….

 

 … De la manade de La Borde du Mas d’Icart à Marie Sara en passant par les Gallons, Tardieu, Durand, Turquay, mais également du célèbre peintre Jean-Roch Isnard à Sofianito…

Le hameau de Mas-Thibert est un quartier d’Arles, situé entre le grand Rhône et le canal d’Arles à Bouc, limitrophe de Saint Martin de Crau, de Fos et de Port Saint Louis. Ce territoire qui appartenait autrefois aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem fait désormais parti du Parc Naturel Régional de la Camargue.

On y recense aujourd’hui cinq élevages de toros de combat. Celui d’Alain et Frédérique Tardieu sur les terres du Mas des Bruns, celui de Tardieu Frères sur les herbages et les marais de  La Cœur des Bœufs et des prés à Côte Neuve. Celui des Frères Gallon au Mas d'Icart, de Roland Durand au mas du Vieux Capeau et une partie de Cote Neuve et celui d’Emmanuel Turquay sur plus de 100 hectares à Neigreron. Et jusqu’à peu il y avait aussi la ganaderia Los Galos, propriété de Marie Sara, au Mas des Bécasses avec de superbes installations dont il ne reste intact que la placita de tienta et son toril…

Mais pour en arriver là, il faut remonter au milieu du XIXeme siècle ou au Mas d’Icart il y avait la manade La Borde, ses premiers taureaux croisés et ou Joseph Yonnet y était bayle gardian… juste avant de créer son élevage à Faraman….

Le Mas d’Icart, les Trinitaires, Les Bruns, l’Etourneau, le Ligagnau, le mas de l’Oule, Capeau, des noms associés aux éleveurs de taureaux, la plupart croisés à l’époque mais ont bâti la généalogie de la bravoure à Mas Thibert, les Lescot, Viret, Pouly, Durand, Barbier, Saurel, Jaubert-Barbaroux, Courtin, avant d’arriver à Ernest Fernay, Gallon, Tardieu….

 Aujourd’hui le hameau a ses raseteurs Joachim Cadenas, Loïc Ameraoui et Farid Aliaoui mais surtout son torero Sofiane Benabderahmane  "Sofianito", ou plutôt ancien novillero et picador en devenir….

Mais Mas Thibert n’est pas connut que pour ses toros…. Et aujourd’hui pour les Marais du Vigueyrat

 Jean Roch Isnard est un célèbre artiste peintre né à Arles en août 1845 et qui s’installa avec sa famille à Mas-Thibert. Il eut quatre filles dont Jeanne, qui avec son mari Jean-Louis Duclaud ouvrit le café de l’Avenir… Lui et son fils Marius furent gardians amateurs chez la Veuve Viret au mas de l’Etourneau…. Un café, ou plutôt une institution qui devrait rouvrir ses portes « fin mars – début avril », sous l’impulsion d’un jeune originaire du village, Sofiane Benabderahmane, plus connu sous le nom de "Sofianito"…. En fait il n’y manque qu’une petite arène comme celle de Raphele ou du Sambuc….


Première épée….

 

 Ça c’est passé, il y a quelques jours à La Chassagne ou Hugo Boudé "Tarbelli" a tué son premier eral, marqué du fer des Jalabert…. Un garçon qui arrive du Sud-ouest avec son conseiller, Denis Labarthe, ancien novillero et qui toréait de practico entre deux arbres qu’il élague…. Rencontre avec un garçon qui se lance par passion et envie devant les toros sans faire parti d’aucune école taurine, avec son cœur et  l’aide du torero de Soustons.

« Je ne suis absolument pas son apoderado, c’est un coup de cœur pour un garçon qui représente ce que j’étais il y a quarante ans, un maletilla avec son baluchon, faire des centaines de kilomètres pour courir les tientas, pour faire la tapia, sortir de 4eme ou de 5eme pour voler quelques passes…. » explique Denis Labarthe… « Je lui tends une main, à lui de tout faire pour que je lui tende l’autre… »

 

Pour l’étudiant en Sciences et Techniques des Activités Physiques et sportives d’Anglet, avec pour objectif une licence "Management du Sport", être torero lui parait comme une évidence. Il n’y a rien de plus beau. Même la rigueur qu’il s’impose et qui pourrait paraître difficile n’est qu’une source de motivation supplémentaire et forge son caractère de part l’amour et le respect du toro et du toreo.

 

-Comment se sont ils rencontrés ?

 Aujourd’hui je vis à Capbreton bien qu’ayant une famille originaire de Dax. J’ai rencontré Denis lors d’un très bref passage à l’école taurine de Richard Milian, Adour Aficion lorsque j’avais 14 ans. Nous nous sommes donc retrouvés en cette année 2020 si spéciale.

 

Année ou il a reprit contact avec Richard Milian pour lui demander de réintégrer son école taurine. Hélas cela n’a pas été possible. Et étant donné que c’est bien la seule et unique école taurine du Sud Ouest, il lui a fallu réfléchir avec pour solutions soit partir pour le Sud-Est soit pour l’Espagne.

 - J’ai été amené a en discuter avec Denis et je lui ai demandé de me donner un coup de main. Ce coup de main s’est avéré être une histoire d’homme, avec une grande complicité entre lui et moi, ce pourquoi il continue et il va continuer de me suivre. . Le confinement ayant repoussé le début de notre travail, il me transmet son amour du toro sa grande expérience et son savoir depuis bientôt sept mois maintenant. Mais je dois bien avouer que j’ai eu une très longue période de réflexion et de questionnement avant de prendre la décision de vouloir devenir torero

 

-Pourquoi cette envie ?

 Je ne me sens heureux et épanouie que lorsque j’ai une cape ou une muleta en main et que je peux m’exprimer, transmettre mes émotions, mes sensations et ma passion. Sans aucun antécédent taurin dans ma famille, je suis le seul a avoir attrapé ce virus. C’est mon beau frère qui m’a amené voir ma première corrida à l’age de 4 ans dans les arènes de Tyrosse…..

 

Le déclic ?

 En effet mes premières passes sont arrivées très vite après avoir vu ma première corrida, une amie de mes parents, couturière, m’avait fabriqué une cape et une muleta. Je passais mes étés dehors à mettre en scène mes triomphes les plus importants avec l’aide de ma petite sœur qui était réquisitionnée pour faire le toro.....

 

-Et se lancer, tout seul, sans l’appuie d’une structure, d’une école taurine…

 Ne pas faire partie d’une école taurine ne me dérange pas, au contraire, c’est d’autant plus enrichissant et personnel. En effet depuis le début de l’été j’ai pu toréer dans divers élevages du Sud-ouest. J’ai pu tienter au Lartet ou j’ai été très bien accueilli par Jérôme Bonnet, tout comme plus récemment à la ganaderia Casanueva avec Guillaume Bats ainsi que son père José. J’ai également pu toréer chez J.L. Darré des Camino de Santiago, chez El Palmeral, Alma Serena mais aussi des vaches du ganadero landais Christophe Lacoste.

 

-Des premières passe à 5 ans à s’engager à 19ans dans cette voix très compliqué il y eu des étapes ?

 Oui mais je ne considère pas mon passage à Adour Afición comme le moment ou j’ai réellement commencé. Je n’étais pas assez mature et ne me rendais pas compte de ce que vouloir être torero signifiait et impliquait. Les choses sérieuses ont donc commencées pour moi cette année. Avec pour objectif d’aller le plus loin possible mais surtout d’aller au bout de moi même. Mettre tout en œuvre pour aller tout en haut et si ce n’est pas le cas, ne pas avoir de regrets! Mais toujours le faire en torero, en respectant le toro, les gens que je côtoie ainsi que moi-même. Et comme l’a dit Wilde : « il faut viser la lune, parce qu’au moins, si vous échouez, vous finirez dans les étoiles. »

 

La trêve hivernale arrive pour Hugo Boudé comme pour tous ceux qui vivent pour le toreo… De longs mois de préparation avant de pouvoir fouler à nouveau le sable d’une arène, pouvoir réaliser une premier temporada de becerrista pour ce bayonnais de naissance, pouvoir se mettre devant un toro….

 « Impossible aujourd’hui de se projeter sur ce que sera la saison 2021, personne ne peux le dire… On va continuer à partager notre passion commune, les valeurs de la tauromachie, Hugo et un garçon qui m’émeut mais j’attends de lui des actes, qu’il se justifie en tant que torero, dans la vie comme dans les arènes…. Et s’il le fait et le reste devant un toro, alors pourquoi ne pas aller plus loin ensemble…. » D. Labarthe et Hugo, le dernier des maletillas, réunis pour faire revivre les valeurs du toreo….

 

Franchir la toute première marche pour arriver tout en haut de ses illusions….


Rencontre avec Patrick Laugier…

 

 « Je ne vois pas comment on pourra revenir comme avant… »

 

 Eleveur de taureaux de combat depuis 1987…. Président depuis 2014 de l'Association des Éleveurs Français de Toros de Combat, il est pour le moins pessimiste sur l’avenir des tauromachies et par la même des ganaderos, manadiers et autres acteurs d’une culture à laquelle la « bien-pensance actuelle» tourne résolument le dos. Et pourtant

 -Patrick Laugier et ses filles, Margaux et Marie…..Ou plutôt les éleveurs des fers de Paradis, de Piedras Rojas et de Dos Hermanas. Après avoir tenté sa chance comme novillero, l’arlésien s’est essayé comme ganadero des 1987 ou il commence avec diverses bêtes issues d’élevages français. Il passe au stade supérieur en acquérant à R. Margé en 1995 un lot d’origine Cebada Gago auquel il ajoute un semental de Torrestrella. C’est la ganaderia du Paradis, aujourd’hui en sommeil. Trois ans plus tard il créé un nouvel élevage, celui de Piedras Rojas avec des bêtes achetées directement au Marques de Domecq, très brièvement en association avec Robert Piles. En 2006 enfin, au nom de ses deux filles, il fait l’acquisition d’un lot chez Sanchez Arjona, d’encaste Juan Pedro Domecq, un troisième fer qu’il baptise Las Dos Hermanas, qu’il inscrit en Espagne à l'association des "Ganaderos de Lidia Unidos"…. Ce sont ces deux derniers élevages qui portent aujourd’hui, haut les couleurs du ganadero provençal qui est également le président de l’Association des Éleveurs Français de Toros de Combat.

 Une corrida et une novillada devaient être combattus cette année dans des arènes de 1ere catégorie. La première en France, la seconde en Espagne…. Avec le Covid19, ces deux lots resteront sur les terres ocre, la garrigue, les bosquets, les chênes, et le marais, des 180 hectares du domaine de l'Ilon entre Arles et Le Paradou, dans le parc naturel régional des Alpilles, en présence d'un crapaud rare : le pélobate, et de la tortue aquatique cistude. Ce qui lui vaut une menace d’expulsion, raison pour laquelle en 2014 il s'est installé avec son char sur la place de la République à Arles et entamé alors une grève de la faim. Et un projet de réinstallation dans le Sud-ouest, à Eauze dans le Gers.

 -« J’ai aujourd’hui trop de bêtes, prés de 200 et il me faudra en réduire le nombre. Le monde du toro va mal et je ne pense pas que cela va s’arranger dans l’immédiat… » Pour l’éleveur proprement dit les efforts en faveurs du toro français ne sont pas suffisants… « Beaucoup de paroles et de promesses, mais dans le concret, on est encore loin d’un bon taux de participation… »

 Si on enregistre une hausse du nombre des becerros français combattus en 2019 qui atteint 87% des lots en France, le constat est moins satisfaisant au niveau des novillos (62 seulement lidiés en 2019) et des toros (58 combattus l’an dernier).

 Et quand on évoque la crise sanitaire et économique qui nous frape de plein fouet, c’est le président des ganaderos français qui réagit… « La encore beaucoup d’effets d’annonce mais après plus de 10 semaines de confinements on n’a toujours pas vu un centime d’aide arriver… Et tous les jours, ce sont des dizaines de tonnes de fourrage et des tonnes de complément qui sont données aux toros par les éleveurs, sans compter les soins vétérinaires et autres… souvent des bêtes qui passent avant notre confort familial…. »

 Pas mal d’initiatives on vu le jour pour leur venir en aide. Celle du Soutien aux Toros de France à l’initiative de Julie Bérard et d’une équipe d’aficionados sincères et sans arrières pensées, touche le plus P. Laugier. « C’est surtout leur soutien moral qui nous donne l’envie de continuer et au nom de tous mes confrères je leur adresse mille mercis…. Eux c’est du spontané et du désintéressé…. 

 Une tombola solidaire de nos toreros (AMTF) en faveur des ganaderos français a également vu le jour et des aides institutionnelles annoncées mais longues à arriver… « Si elles arrivent… C’est comme l’inadmissible discrimination de la présidente de la Région Occitanie envers les ganaderos… Qu’ils soient éleveurs de taureaux camarguais ou de toros bravos, ce sont des éleveurs, des agriculteurs qui de plus maintiennent une biodiversité, un écosystème sur leurs terres. Pourquoi ? Des écologistes qui veulent la disparition d’une race unique par leur aveuglement… Des terres, qui sans leur maintien dans leur milieu naturel grâce à l’élevage du taureau, seraient couvertes d’hectares de serres pour y faire pousser des fraises ou des tomates…. Je ne les comprends pas… »

 Des voies s’élèvent pour voir combattre plus de toros français dans nos arènes…

 « Souviens toi de la Langue Bleue… on a sauvé la baraque et on a très vite était oublié. Aujourd’hui tout le monde pérore qu’il faut consommer français, s’habiller français, soutenir nos soignants…. Une fois la crise à peine dissipé, ça reviendra comme avant. Premier lâcher, plus de 3h00 de queue pour un handburger chez MacDo… Des files interminables devant des magasins qui ne vendent que des besingognes made in China…. »

 Revient sur la table l’imposition de quotas… « Imposition n’est pas le terme le plus juste. On est aujourd’hui capable en France de présenter des novilladas et des corridas qui valent autant sinon plus que celles qu’on nous sert régulièrement… Ce serait facile de se réunir tous autour d’une table, élus, empresas, éleveurs, toreros et professionnels et mettre en place un plan décennal avec des engagements afin que l’on puisse savoir ou l’on va, gérer nos élevages en fonction d’un marché prédéfini, plutôt de vivre à la petite semaine… Mais ça ce n’est pas demain qu’on risque de le voir… »

 Sur une cinquantaine d’élevages, une dizaine ne devrait pas s’en remettre… Même problèmes coté camarguais et pourtant toutes nos fêtes, votives ou ferias tournent autour du toro, du biou. Au delà de notre culture et de nos tradition, c’est tout un pan économique est en grand danger…. « Les gens qui viennent en Camargue, c’est pour y voir des taureaux et des chevaux, les centaines de milliers qui viennent faire les ferias, c’est pour vibrer autour de ces bêtes que l’on aime, que l’on vénère comme des seigneurs, des dieux… Et ça fait aussi un grand bien à l’économie locale.. »

 Les déclarations du 2 juin prochains pourraient peut-être redonner un peu le sourire à nos éleveurs…. « Si cela devenait possible, on envisagerait d’organiser quelques fiestas camperas dans les élevages histoire d’essayer de sauver ce qui peux encore l’être pour certains… »

 Mais là encore rien n’est gagné. Pour le président de l'Association des Éleveurs Français de Toros de Combat, il est difficile d’imaginer un retour des corridas cette année, trop de complications et de frais supplémentaires pour un taux de remplissage extrêmement réduit… Et puis les gens aussi sont encore dans un état d’esprit anxiogène peu compatible avec l’envie de se retrouver sur des gradins…

 « Je ne vois pas comment on pourra revenir comme avant… » Il faudra du temps, beaucoup de temps…


A Sulauze, des trois fers, il n’en restera bientôt plus qu’un…

 

Fano, les derniers murube….

 

Le lot retenu par Jean-Baptiste Jalabert pour la corrida équestre de Mont de Marsan sera le ou  l’un des tous derniers lots de cet encaste que Juliette et Christophe Fano possédaient depuis plus de 20 ans sur le Domaine de Sulauze…. « On est désespérés, hier on a du faire abattre pour la boucherie les deux dernières vaches murubeñas…. Ecœurés même. » Très prisée par les toreros à cheval, le murube n’avait d’existence en France pratiquement que sur ces terres sises à Miramas…. Et avec des résultats très satisfaisants « Toutes les figuras du rejoneo les ont toreé et en ont triomphé, de Fermin Bohorquez à Diego Ventura en passant par Mendoza ou A. Cartagena… à Bayonne nos toros ont laissé sept oreilles et un rabo… Et au lieu de te répéter, on va voir ailleurs ou en Espagne…. » Pour les éleveurs c’est tout le système qui est en cause, les empresas, les toreros et leurs apoderados, et quand la comptabilité étale ses chiffres, avec un lot vendu tous les 9 ou 10 ans ou un toro par-ci, par là, les additions ou plutôt les soustractions sont vite faites.  Avec la fin de cette lignée, c’est 150 ans de généalogie qui s’éteignent. « C’était une lignée excellente et avant de l’envoyer à la casse on l’a proposé à des ganaderos qui ont cet encaste, les Capea, Bohorquez, Mendoza, Ventura est même venu les voir, c’est pour dire mais l’affaire ne s’est pas conclut pour des raisons purement financières… Alors, la mort dans l’âme on a du tout éliminer… » Aujourd’hui il ne reste plus que des males, deux courtes camadas… dont sera issu le lot mixte, toros et novillos pour La Madeleine.

L'élevage de Christophe Fano avait été créé par l'achat, en 1999 de la totalité de la ganaderia de Doña Maria del Pilar Lezcano Delgado, veuve du maestro Antonio Ordoñez qui possédait la ganaderia d'Urquijo, détentrice originelle de l'encaste murubeño. Afin de renouveler son sang l’éleveur provençal avait racheté tout le troupeau de même origine du rejoneador Pablo Hermoso de Mendoza avec deux sementales de Capea et de Luis Terron…. Clap de fin.

 

Tout avait commencé dans les années 70 quand Laurent Fano quitta Paris pour reprendre  le Domaine de Sulauze, vieille propriété familiale. De ballade à cheval, il se lia avec Chaulier, le boulanger de Miramas, pour finir par s’associer pour créer une manade… Et c’est Marcel Mailhan qui leur conseilla d’investir plutôt dans le toro espagnol que dans le Camargue…. Des Tardieu, des François André, des Pourquier furent les premiers à investir les 500 ha vallonnés de la propriété, jusqu’en 1988.

 

C’est alors que l’élevage du Vieux Sulauze prendra un nouvel élan en achetant des bêtes de Jaral de la Mira, avec addition d’éléments de pure branche Condé de la Corte-Atanasio Fernandez. Des toros avec de la tête et du tempérament adoucies avec l’arrivée d’un semental de Sotillo Gutierrez puis d’un de Jandilla…un de Domingo Hernandez…. Une vingtaine de mères qui seront rejointes par un cheptel d’une trentaine de têtes issu de chez Yonnet que paternait alors un étalon de Juan Pedro  Domecq… C’est cet élevage qui va rester sur les tablettes et qu’on retrouvera dans les arenes…. 

 

C’est Olivier Martin qui avait crée la ganaderia d’El Palmeral au Pays Basque  en 1992 par l’achat à Antonio Ordoñez de vaches et de sementals pour une origine Atanasio Fernandez – Conde de la Corte, un encaste aux caractéristiques uniques, désormais en voie de disparition. Juliette Fano reprit l’élevage pour palier aux difficultés professionnelles de l’éleveur. Pendant plusieurs années et avec l’aide du regretté Pierre Charrain, la devise se partagea entre Arraute-charritte et Sulauze. Aujourd’hui O. Martin a une entreprise qui tourne, ses filles et ses gendres ont la passion du toro…. Tout en restant associés, surtout administrativement, c’est le créateur du fer qui a reprit les rênes…. 22 vaches viennent de faire le dernier voyage pour le Pays Basque… marquant la fin du 3eme fer de la maison Fano.

 

Les cercados quadrillent les collines autour de la première placita de tienta, ses installations et ses corrales avec un torodrome d’un bon kilomètre pour se mettre en jambe…. Plus bas une autre arène avec ses dépendances pour les journées taurines…. « On va aussi se séparer des Camargue, une centaine de têtes qui nous servait pour les ferrades… 450 bêtes c’est trop. On va garder notre troupeau de cabestro et le cheptel du fer du Vieux Sulauze et travailler uniquement sur cette origine… »

 

Pour les Fano, comme pour la plupart des ganaderos, le pain quotidien provient de la vente de viande, des journées taurines, de la location d’une salle de réception… Leur deux filles poursuivent leur études, l’une dans le domaine vétérinaire, plutôt équidés, l’autre dans l’événementiel, la relève n’est pas vraiment assurée à ce jour…. Pour eux, comme pour la plupart de nos éleveurs, le combat est quotidien surtout que, quand tout le monde aujourd’hui parle de nature, de biodiversité, d’écologie d’espaces protégés naturels, eux qui en sont les premiers garants s’en trouvent mis à l’index pour cause ….d’animalismavirus…


Passionnément toros…

 

Santa Coloma, brillez pour nous….

 

 Au début des années 80, Nimeño II toréait dans les superbes et typiques arènes d’Eyguieres, un ancien moulin communal construit en 1787 … Pas loin de là, en plein cœur de la Crau, les Turquay élèvent des toros bravos, la ganaderia la plus orientale de l’Europe taurine.
Le grand-père de Manu fut gardian salarié chez les Jalabert puis chez les Gallon ou il finit sa carrière. Son fils Jean François prit sa suite chez les éleveurs de Mas Thibert avant de monter son propre élevage… de chevaux. Il avait  loué des terres avec un étang pour y mettre ses juments mais un problème de pollution lié à l’emploi de désherbants a quasiment anéanti son troupeau. C’est alors qu’il eu l’occasion de s’associer avec Allemand et Sève, qui possédaient la manade de l’Illon. Un rêve caressé depuis longtemps et qui devenait réalité, devenir éleveur de toros. Il vola peu après de ses propres ailes, à partir de 1977 jusqu’à ce que la leucose l’oblige à faire abattre tout son troupeau… Entre temps les porteurs de la devise noir, marron, blanc avaient fait leur débuts en piquées à saint Gilles en 1985
Didier Pignan qui avait créé la ganaderia El Siete, vendait à cette époque un lot de 25 vaches, deux sementales et une quinzaine d’añojos en provenance de Pablo Mayoral dont le sang est un mélange entre Vicente Mártinez (Jijón/Ibarra), Curro Chica (Vázquez/Ibarra) et Santa Coloma, ce dernier prévalant aujourd’hui.…. Du bétail aux robes peu ordinaires allant du cárdeno très clair, aux ensabanados, noirs, castaños, castaños salpicados voire même quelques jaboneros.
 C’est sur ces nouvelles bases que l’élevage de J.F. Turquay est reparti en 1996. Du Santa Coloma, une encaste qui correspondait parfaitement à l’image du toro bravo dans l’esprit des ganaderos d’Eyguieres… Un tournant important est pris en 2014 avec l’acquisition de 20 vaches et 3 étalons à Javier et José Buendia auquel s’ajouteront deux autres lots, le dernier devant arriver prochainement au mas des Cavales… « Cet encaste c’est l’essence même de la corrida, du combat, de la noblesse aussi avec cette transmission qui génère de l’intérêt pour les aficionados et pour les toreros quand il les comprennent…. Dommage que globalement les figuras ne veulent pas les toréer, préférant éviter les difficultés liées à la bravoure… »
 
La centaine de mères, à l’exception d’un lot de Buendia, se partage 130 hectares à Mas Thibert, un pays distant d’une quarantaine de kilomètres du berceau de l’élevage, sis entre Eyguieres et le très proche Mas des Barres sur la commune de Lamanon ou les mâles profitent d’une centaine d’hectares dont 18 de bois…. Idéal. Quasiment aucun éleveur français ne vit du toro de combat. Les Turquay n’échappent pas à la règle. Ils sont producteurs de foin de Crau labellisé bio tout comme leurs bêtes. Une petite salle conviviale et des installations fonctionnelles leur permettent d’accueillir des clubs taurins pour leur fiesta campera ou ont participé Javier Cortes, le torero de la maison, mais aussi Robleño, Alberto Lamelas, Thomas Dufau….
Depuis 2011 la ganaderia pointe le bout de son nez… Un à deux lots de becerros par an, plus sollicitée dans le Sud-ouest que par ici avec un début au niveau des novilladas piquées cette année pour la concours de Millas…. Un lot de novillos est d’ailleurs prêt pour 2020, dont un ira à Arles pour Paques, ainsi qu'un lot de becerros pour une non piquée… « C’est sur que l’apport de sang Buendia a, et va avoir, des répercutions positives pour l’avenir… » s’en réjouit Manu Turquay. Jean-Baptiste Jalabert qui s’investit lui aussi dans le Santa Coloma avec l’achat de bêtes de La Quinta, en a tienté quatre lors de sa préparation pour la goyesque du 7 septembre dernier. « Sur le lot trois ont été bonnes dont une exceptionnelle, Juan Bautista profitant au maximum d’une vache dont il me dit n’en avoir très très peu torée de cette qualité dans toute sa carrière…. » De quoi en être satisfait pour le jeune éleveur. Et, si hormis un coup de cœur de La Muleta d’Arles pour unique trophée à ce jour, le futur s’annonce sous d’excellents auspices pour eux et pour les aficionados…. Santa Coloma, brillez pour nous….


Couleur savon….comme les herbes de La Pampa

 

-« Quand j’ai vu ma première novillada, elle était du fer de François André et il y avait un novillo couleur savon, magnifique. Je me suis dit, si un jour je deviens ganadero, c’est des toros comme ça que je veux élever… ». Fabien Alexandre voulait être torero, il fut raseteur et aujourd’hui il vit sa passion en élevant des toros bravo aux portes de Tarascon, des  jaboneros issus du Mas de l’Ile à Maussane, coté caste Vazqueña, issus des souches Veragua et Santa Coloma du Cobaleda…

 

Dans les années 70 Jacques Alexandre et son comparse Raoul faisaient un tabac dans toutes les arènes avec leur valise magique, une époque bénie pour le toreo comique…. De sa valise, Jacques a impulsé une énorme aficion à ses deux fils Virgile et Fabien. Le premier a monté son propre élevage, El Campo », il y a sept ans qu’il installa tout d’abord en Camargue, en face des Bernacles avant de transhumer en Crau… Le second est depuis 1995 ganadero par passion avec le fer de La Pampa (origine François André), devise jaune et noir.

En suivant son père dans toutes les arènes, Fabien Alexandre voulu réaliser son 1er rêve, être torero et commença une carrière dans les capéas aux coté de Chico Leal, David Romero …. croisant même Denis Loré dans les arènes de Vergèze…. La réussite n’étant pas au rendez-vous, c’est par l’intermédiaire de Têti Morand, qui organisait des spectacles taurins avec notamment son âne cocardier, qu’il commença à raseter et qu’il devint raseteur…

 

Quand il installa son entreprise sur Tarascon, il y avait un peu de terrain autour du hangar et l’idée d’élever des toros refit surface…. Quatre vaches de François André inaugurèrent la ganaderia de La Pampa, histoire de se faire plaisir. Mais quand il accompagna à Céret Cédric, alors à l’Ecole Taurine d’Arles, il tomba sur une novillada de Fernando Palha, le dernier ganadero romantique et ses novillos couleurs savon… Il osa l’approcher et échanger quelques mots sur son élevage….

C’est Frédéric Lautier, plus orienté vers le Santa Coloma, qui lui proposa alors à la vente un étalon jabonero afin de compléter son cheptel issu de chez François André… Le projet prenait forme…. La propriété s’est depuis agrandie, pour atteindre 35 hectares de prairies d’un seul tenant, des installations fonctionnelles sont en cours de construction et une soixantaine de bêtes dont une vingtaine de mères qui donnent des produits aujourd’hui à 70% aux couleurs des herbes de La Pampa… El Lobo fut le premier à tienter les becerras et lidier les érales, suivi de Jeremy Banti, de Camille Juan… Tristan Espigue étant aujourd’hui un peu le torero de la maison…

« Mes bêtes sortent avec des comportements encore trop irréguliers pour sortir dans une arène…. Je fais tout combattre en privé et je le ferais tant que je n’aurais pas atteint une certaine régularité…. » reconnait Fabien Alexandre. L’image de l’éleveur est certes importante face au public, mais il y a aussi un certain respect pour les toreros… « Quand tu es raseteur, s’il sort des taureaux compliqués ou que tu n’as pas les moyens d’y aller, tu te fonds dans le groupe et tu attends le suivant… quand tu toréais, tu es seul et tu dois t’y mettre devant. C’est déjà très dur comme ça, surtout pour les jeunes, alors autant leur offrir un minimum de garantie.. »

En attendant la confirmation de ces critères souhaités, le troupeau profite de ces espaces verts qui leurs sont entièrement dédiés sous le regard protecteur d’un passionné pour le toro bravo..


Les bravos de La Plaine

 

 C’est vers la fin des 90 que Michel Niquet se porte acquéreur du Mas de Sainte Marthe dans La Plaine de Beaucaire mais il attendra 2006 pour y créer sa propre ganaderia de toros bravos avec des bêtes issues de celle des héritiers de François André. Si on lui demande pourquoi il s’est lancé dans cette aventure, l’éleveur arlésien vous répond : « Pour le savoir, il faudrait que je me fasse psychanalyser…. ». Plus sérieusement il est tombé dans la potion taurine tout petit et comme tous les gamins d’Arles, de son âge, il a joué aux toros, rêvé d’être torero ou raseteur, rêvé de devenir ganadero…. Des gradins des arènes aux cavalcades dans les manades peuplés de taureaux, un jour il a finit par se décider à mettre son rêve à exécution, par plaisir, par passion surtout.

Il débute avec un lot de bêtes que lui cède Fréderic Lautier, une quinzaine de mères qui seront régulièrement remplacées au fil des temporadas pour éviter les problèmes liés à a consanguinité, augmentant peu à peu son cheptel tout en jouant sur la sélection interne. Coté semental, c’est la même source qui alimente l’élevage orienté sur l’encaste Santa Coloma avec l’an passé l’arrivée d’un jeune étalon en provenance de feu la ganaderia des frères Granier de Saint Martin de Crau.

« En tant qu’aficionado, j’ai toujours eu un regard plus torista que torerista et forcement avec les bêtes que j’eleve, j’aime bien qu’elles aient un peu de piquants… »

La placita de tienta possède des installations fonctionnelles qui vont bientôt s’agrandir de corrales pour améliorer le manège des toros et le travail de tous, du ganadero mais aussi des amis et des copains qui répondent présents des qu’on les sollicite.. « C’est ça aussi qui entretien la flamme, partager sa passion avec les amis… »

La très grande majorité des mâles sont combattus en privé à deux ans soit par les élèves des écoles taurines de la région, soit par les aficionados practicos d’Hervé Galtier notamment. Ce sont eux aussi qui assurent tous les tentaderos…. « Pas de toreros pour les tientas, j’ai fait ce choix et tout ce passe bien… »

Aujourd’hui 25 veaux vont être marqués, avec un peu plus de mâles que de femelles, 25 nés au cours de l’année et qui avec le reste du troupeau porte celui ci à 60 le nombre de têtes qui se partagent les 35 hectares d’anciennes vignes transformées en prairie. Pas de devise question couleurs et le fer reprend les initiales de la ganaderia, S.M. entrelacés…Sainte Marthe est une propriété sise à proximité du « village noir », un ensemble de constructions hétéroclites, « Beauduc » sur terre en quelques sortes, dont on dit qu’il servait de refuge à des gens plus ou moins malhonnêtes du temps ou Beaucaire était une ville ouverte …

Le fils de Michel Niquet, Julien poursuit ses études de vétérinaires sur Lyon et il partage la passion familiale, ce qui semble de bon augure pour l’avenir de la ganaderia Sainte Marthe… Et en bon comptable qu’il est, l’éleveur ne compte pas ses heures pour vivre et faire partager sa passion : le toro.


Ganaderia La Véronique : L’incontournable de la Feria du Rhôny

 

 … Pas sur le cartel phare mais depuis plus d’une quinzaine d’année elle est présente pour les capéas, becerradas, tientas ou autres classes pratiques…. Et cette année elle atteint l’âge légal de la majorité : 18 ans. C’est en effet en 2001 que José Manrubia, Camille Martinion et Dany Bantze se portent acquéreur d’une quarantaine de bêtes de l’élevage de Roque Jiménez d’origine Samuel Flores par Juan Pablo et Francisco Jiménez Pasquau. C’est avec un camion des Hasta Luego qu’ils se rendent à Santisteban del Puerto (Jaén), à la finca “Pedro Tito” pour embarquer ce qui sera la souche mère de la ganaderia La Véronique…. Les vicissitudes du métier d’éleveurs ont mis du plomb dans les ailes du trio mais pas dans leurs liens amicaux. Seul Dany Bantze et son fils Benjamin s’occupent aujourd’hui de cet élevage….

Transporteur et homme de confiance de Pierre Pouly alors à la tête des arènes d’Arles, D. Bantze est un homme de taureaux et de chevaux, intarissable d’anecdotes sur Don Pedro.

 Il a installé ses mâles au Cailar sur deux pays…. Les 25 becerros sont ceux qui devraient être combattus au cours de cette temporada… Un parmi le groupe pourrait bien l’être mais en novillada piquée l’an prochain…. « Moi j’aime cette encaste Samuel Flores…. Des toros qui sortent manseandos mais qui vont à mas pour finir grands…. Qui à oublié les grands moments entre Ponce et les Samuelos ?…. Mais aujourd’hui on n’en veut plus…. »

Les vaches de ventre se partagent des terres et des bois à Boucoiran, vers Ales, ou S. Fernandez-Meca avait ses bêtes et Saint Etienne des Serres, une cinquantaine qui ont donné naissance à 45 veaux cette année… De la camada originelle se sont greffés des Tabernero de Vilvis, des El Torero, des José Vasquez, un étalon de Sanchez Arjona… « C’est du Domecq et le Domecq c’est très difficile à élever, tu es sur un fil… Si tu es sur le bon coté, ça fonctionne très bien mais si tu bascules de l’autre coté c’est très mauvais…. Mais la passion pour un éleveur de toros c’est ça. »

Marc Serrano est le torero de la maison, une place qu’il partageait avec Manolo Vanegas, Jean-Baptiste aussi à participé à des tentaderos et bien d’autre comme El Rafi, des tientas qui se font au Grand Bordes ou à la Tour d’Anglas… « C’est pas bon de tienter sur le pays, il vaut mieux que les becerras ou les machos soient un peu dévariés au début, qu’elles ne sentent pas le troupeau juste à coté…. Et qu’elles se concentrent sur l’épreuve… C’est mon point de vue… »

Trois becerros seront combattus à Vergèze, les autres vraisemblablement en privé ou lors de fiesta campera, des bêtes qui ont prit l’eau en novembre dernier quand le Vistre s’est répandu hors de son lit, 80 cms d’eau…"On a fait la gaze dans les roubines pour mettre les toros sur un îlot qui n'était pas inondé. L'urgence était d'éviter que les toros ne se noient ou n'attrapent des maladies en restant dans l’eau."

Ils sont tous là, prêt à en decoudre dans une arene, ils sont la fierté de Dany Bantze et de son fils…  « Benjamin prend la suite, il est autant passionnés que moi, il prend même les devants… »


Le rêve de Michel Barceló….

 

 Un rêve partagé par toute sa famille…Quissac, petite ville gardoise de 3200 habitants aux pieds des Cévennes, accueille depuis 2011, un élevage de toros bravos, sur les 85 ha du Mas du Sire, 85 ha de vignes qui sont devenu autant de prairie pour la ganaderia Michel Barceló…

Contrairement aux apparences, Barceló est un nom d’origine française qui s’est répandu en Catalogne et aux îles Baléares et non pas un patronyme espagnol … Et pourtant c’est le rêve d’enfant de devenir torero de Michel Barceló qui l’a conduit à celui de ganadero. Pas Miguel Barceló, l’artiste catalan né à Félanitx sur l'île espagnole de Majorque, pas celui qui participa au livre culte Toros, en collaboration avec Lucien Clergue et Rodrigo Rey Rosa, non tout simplement Michel Barceló de Lunel, qui tout petit jouait au toro avec un torchon dans la cuisine familiale. Pays de taureaux et d’élevage, pays de bouvino et d’aficion, la ville des pêcheurs de lune a généré de nombreuses passions taurines. Ne pouvant être torero, il sera gardian et tout en conservant son aficion à los toros il participera activement aux activités des manades, plus particulièrement chez Rebuffat. D’amateur il deviendra manadier en achetant en 1993 les bêtes camarguaises de Clauzel, passant à un niveau supérieur en 1997 en se portant acquéreur de la manade Pellecuer à Fos. Abrivado, courses camarguaises avec quelques vaches qui pointent la corne …. Jusqu’à l’an 2003 ou les services vétérinaires ordonnent l’abattage du troupeau.

Toute petite Marie Barceló est rongée par le guzzanillo, elle toréait dans les bras de son père d’abord lors des ferrades ou il vit son rêve de torero en servant à ses vaches des faenas pour son seul plaisir dans le bouvaou de bois. Puis Marie descendra sur ses deux jambes, rejoindra le Centre Français de Tauromachie de Nîmes avant de se retrouver pleinement en venant rejoindre l’équipe de Paquito Leal à Arles en 2006 ….jusqu’à faire sa présentation à Arles en non piquée en 2009…. Aujourd’hui elle s’occupe d’équitation sur la propriété familiale et fait de la voltige équestre…

L’abattage du troupeau camarguais offre une opportunité inespérée pour ce passionné de la fiesta brava … « Jamais je n’aurais fait abattre mes bêtes pour les remplacer, même pour d’autre de race brave, mais les circonstances ont fait, et grâce aussi à Paquito Leal, que je puisse acheter en 2007 un lot de 24 vaches à Antonio Palla d’origine Jandilla…. » et sur la lancée il s’est porté acquéreur d’une vingtaine de vaches d’Angel Santafé Marton d’encaste Marques de Domecq, d’origines proches des Jandilla qui ont rejoint à l’époque les pâturages de Marsillargues.

L’élevage familial était installé à Saint Just, aux portes de Lunel, avant de se déplacer à Quissac, un équilibre partagé entre Michel, le seul homme du lieu, jusqu’à l’arrivée de gendres ou assimilés, son épouse, Jacqueline aux réceptions et à la restauration et ses deux filles Marie et Caroline. La première a fait, avec les chevaux, son deuil sur ses rêves de torera, la seconde, participant aux travaux de la ganaderia quand elle ne s’occupe pas de l’élevage de porcs ibériques…

Le Mas du Sire, baptisé aussi Finca Santa Cruz, a été superbement restauré…. Des écuries jouxtent une belle placita de tienta et une salle de réception aux thèmes andalous et sert de cadre à de nombreuses fiestas taurines….. 12 ans après sa création, l’élevage à débuté en corrida. Un toro, un seul lors de la corrida de competencia de la Feria de la Crau avec O. Chacon à la manœuvre pour un test globalement positif… « Que ce soit en non piquées ou en novillada, mes novillos ont globalement répondu aux attentes…. On sort plus en isolé qu’avec des lots complets, mais tous les mâles sont toréés, la plupart ici en privé ou lors de fiesta campera…C’est aussi mon laboratoire »  Les mâles, erales, becerros et novillos se partagent les enclos avec les 45 vaches qui vivent ici. 25 autres sont sur Fos pour dégorger les pâturages…  « En 2015 j’ai fait rentrer d’autres vaches de chez Santafè Marton et un lot de Sanchez Arjona…. Les trois lignées sont gérées à part et aujourd’hui j’aimerais avoir un semental d’origine A. Palla…. Et puis progressivement croiser les trois lignées, toutes de même encaste, afin d’avoir un sang bien à moi…. Mais il faut du temps et de la patience…. Ne pas bruler les étapes… »

Au début, Thomas Joubert était le torero de la maison mais quand il confia sa carrière à des apoderados espagnols, ce ne fut plus pareils…. La plupart des toreros français viennent ici, Javier Cortes aussi, mais le plus assidu actuellement c’est Baptiste Cissé… encore novillero certes mais avec la tête d’un torero plus mûr.


Des Domingo Hernandez au pied des Alpilles

 

 La ruta del toro des Alpilles propose une riche varieté d’encastes. Sur le Domaine de Malaga, proprieté de la famille Callet, du Domecq avec le sang Domingo Hernandez, un peu plus loin des Cobaleda santacolomeños avec les François André, un peu plus haut les Concha y Sierra d’encaste vazqueña et les Conde de La Corte de Valverde….. Mais entre Maussane et Mouries, les premiers à venir furent des Murube, que Marie-Pierre Callet avait achetés alors qu’elle toréait à cheval….

C’était en 1992, elle avait alors acheté tout le bétail le fer de la ganaderia de Pérez y Sola de pur sang Murube, pour devenir torero à cheval. Le 11 juillet 1993, elle toréait sa première corrida, 12 août 2000, elle reçoit l'alternative aux Saintes-Maries de la Mer, elle a alors 43 ans….. Quand elle met un terme à sa carrière après son doctorat, alors que son fils Pierre-Henry ai essayé de suivre la même voix, elle conserve, avec Philippe son mari, la ganaderia…. En plein cœur de la Provence, face au versant sud du Massif des Alpilles, s’étend le Domaine de Malaga où taureaux et chevaux se partagent les 300 hectares de ce territoire des marais des Baux avec quelques limousines qui profitent du trop plein d’herbage…. En 2011, P.H Callet se sépare de tout le bétail et repart en achetant une quarantaine de vaches et un semental de pure origine Domecq chez Domingo Hernandez… "Nous avons choisi d’acquérir du Domecq de bonne caste et présenté, qui bouge et qui transmette de l’émotion Justo Hernández m'a laissé choisir des vaches qui me plaisaient. J'ai opté pour des bêtes avec de la tête et un semental parmi les six qui avaient les meilleures notes par rapport à son physique ". Aujourd’hui ce sont 150 bêtes qui se partagent les vastes cercados du domaine…. Une cinquantaine de mères pour six etalons, sélectionnées après des tientas à charge essentiellement de Juan Bautista et de Sébastien Castella…."Avec des toreros de cette valeur, les becerras moyennes deviennent bonnes et les mauvaise moyennes, mais ils savent aussi me conseiller dans mes choix en rééquilibrant les donnes ". L’éleveur envisage de passer à une soixantaine de vaches de ventre… éliminant peu à peu les bêtes originelles pour garder celles qui collent le mieux à son concept du toro. T. Joubert, E. de Justo, J. Cortes, T. Dufau et d’autres sont passés par la placita de tienta des Callet…….

"Le Domingo Hernandez à du coffre et du moteur, de la caste, du volume, c’est pour ça qu’actuellement je ne veux pas sortir en non-piquée par rapport aux jeunes eleves des ecoles taurines. Pour 2019 j’ai une novillada et deux novllos qui iront à Arles et à Millas ".

Arles et Millas, deux bons souvenirs de 2018….…."Pour Arles j’ai eu le prix du meilleur novillo, ce qui fait évidemment très plaisir mais si ce novillo s’est avéré brave et encasté, il a fait deux extraños sur El Adoureño… Etait ce de la faute du torero ou celle du novillo ? Toujours est-il que pour moi il est resté inédit… J’ai préféré celui de Millas qui lui aussi a été brave avec de la race mais qui s’est montré plus franc et noble à la muleta, celui de Saint Gilles a finit lui compliqué ".

Quasiment la moitié des jeunes mâles sont éliminés en privé pour arriver à avoir un type de toro morphologiquement bien fait, qui ai de la bravoure, de la race mais aussi de la douceur et de la classe. Une dizaine de vaches et un étalon de son beau-père, Bruno Blohorn, d’origine Jandilla ont rejoint la ganaderia comme deux sementales des Freres Gallon d’origine Sampedro…."C’est toujours sur du Domecq et de qualité et ça me permet de rééquilibrer les bases de mon élevages ".
Dominique Durand, le mayoral est aidé dans ses taches par José Cabeza pour veiller au quotidien des bêtes à la devise rouge et verte… supervisés par Pierre-Henri Callet qui, après les années Caltoros ou il gérait avec ses parents les arènes d’Ales, d’Aire, de Collioure, de Saint Rémy ou du Grau du Roi, s’occupe actuellement, avec Julien Miletto de celles de Saint Gilles. "On attend la confirmation pour notre dossier. On a été les seuls à répondre à l’appel d’offre donc ça devrait le faire…. D’autres projets ? pour le moment rien mais on se positionnera sur des arènes quand l’opportunité se présentera…"

En ce début de saison, la priorité reste la ganaderia en attendant la première sortie à Arles en avril


J.L. Couturier : « Elever des toros de combat, c’est dans le cadre du bien-être animal »

 

 Un fort vent glacial balaye les enclos du Domaine de Coste-Haute à Saint Martin de Crau…. Toros, novillos y erales paissent à l’ abri du vent…. Les vaches avec leur veau veillent sur leur progéniture…. « Élever des bêtes en pleine nature, quasiment en liberté, de manière saine, se reproduisant naturellement, des veaux qui restent sous leur mère plus de huit mois… Si ce n’est pas ça le bien-être animal, c’est quoi ?... » J.L. Couturier contemple ses troupeaux et en parle en professionnel malgré à peine plus de six ans passés dans son nouveau métier de ganadero….

Six ans à peine et déjà un plébiscite, à Istres ou il retournera après l’importante corrida de 2018…Istres ou sera combattu le seul lot de Valverde en 2019… « J’en suis très heureux et j’appelle cela être considéré. De plus, je pense que la corrida devrait être supérieure à celle de l’an dernier… et avec un cartel parfaitement en rapport avec mes toros, même si j’ai un regret pour Juan Leal mais son entourage en porte la responsabilité… O. Chacon et J. Cortes, deux toreros habitués aux combats et qui connaissent les Valverde… J’espère un No hay bilettes… »

Industriel de la boulangerie, passionné de chevaux, c’est en découvrant le campo chez Alain et Frédérique Tardieu, ses amis de longue date, que Jean-Luc Couturier s’est éprit du toro bravo….  « Un animal unique par sa caste, par cette force et cette beauté qu’il dégage, qu’il soit brave ou manso mais qu’il ait de la caste… ». La corrida il l’a découverte sous l’ère Ojeda et ce toro qu’il affectionne à Ales en 1990 sous la pluie, des toros du « Curé de Valverde », exceptionnels de présence, face à José Luis Galloso, José Antonio Campuzano et Paco Alcade….

 En 2012, il vend ses entreprises et dans la foulée, il prend la route de Salamanca pour rencontrer les deux neveux del Cura. L’élevage n’était pas à vendre et la différence de prix, énorme entre l’estimation des propriétaires et la proposition du nouveau retraité…. Les héritiers ont finalement accepté de tout lui vendre et il a donc fallut acquérir une propriété…. Il va trouver une non loin d’Arles, entre Saint Martin de Crau et Maussane, un domaine de 220 hectares, le domaine de « Coste Haute » qui comprend 70 hectares de luzerne et de foin, 40 hectares de marais, et plus de 100 hectares de garrigues qu’il va clôturer et équiper parfaitement pour l’élevage du toro bravo, avec toutes les installations nécessaires (plaza de tienta, cajones de soins, écuries…), auquel il faut rajouter une centaine d’hectares tout près, à Raphèle pour du foin de Crau et plus tard les 110 hectares vers Mas Thibert du Mas de la Tapie de Bouchet où on fait de l’élevage de limousine et de chevaux portugais.  Quasiment laissée à l’abandon et aux méfaits de la consanguinité, la ganaderia doit être assainie, 40% part à la casse et un rafraichissement s’impose avec du Conde de La Corte….

Parallèlement, lors de ses prospections en Espagne, l’ex-banderillero devenu veedor « Mangui » lui suggère d’aller dans la province de Huelva rencontrer les Garcia Palacios qui veulent céder des toros, notamment ceux historiques de Concha y Sierra.

 Un second élevage d’encaste vasqueña, mythique qui va très vite migrer en Crau. Ils arrivent en novembre 2012, six mois après les Valverde….

Mais comment passer de l’industrie à l’élevage du toro brave et réussir en peu de temps à retrouver la prestance d’un fer qui périclitait ? « Tout d’abord, dans les deux cas, j’ai acheté toutes les bêtes, et avec le fond de caste qu’il a fallut réactiver… Pour les Concha ont a travaillé sur le sang en agrandissant les familles pour éviter la consanguinité et pour les Valverde ont a put apporter du sang neuf…. Mais pour ça il faut une équipe…. Rolland Dupuy et Jean-Pierre Odet sont des gens de métier et je travaille avec un informaticien généticien passionné par les encastes du toro de lidia, Julien Aubert…. Et à partir de là, des bases génétiques de l’UCTL* et du travail quotidien on a cherché à faire remonter les bons cotés de chaque élevage, qui sont pourtant deux opposés…. » Et en moins de six ans les premiers résultats sont là… Après des débuts chaotiques à Beaucaire puis à Chateaurenard, peu à peu les Valverde ont retrouvé ce physique et cette présence qui créaient de l’émotion…. « Et en corrida il en faut, si les gens s’ennuient sur les gradins, ils n’y reviennent plus. Et l’émotion dans 99% des cas, c’est le toro qui la procure…. D’ailleurs aujourd’hui on a tendance à y revenir avec l’émergence de toreros comme Chacon, Cortes, De Justo, P. Moral… Même les plus grands comme Castella s’y mettent devant… »

La corrida d’Istres a été le révélateur du renouveau du sang de La Corte… « Et avec un an de plus cela aurait été encore intéressant….J’ai fait combattre deux novilladas, une à Boujan, une à Orthez, mais c’est trop aléatoire… Les Valverde c’est plus à 5 ans qu’ils sont au mieux qu’à 4, alors à 3 ans…. »

Pour 2019, deux lots de toros du Curé sont dans les cercados….  « Un ira à donc à Istres le 15 juin, l’autre cherche preneur, mais ce sont des quatreños et ils peuvent attendre un an de plus… » Pour les Concha y Sierra, il y a deux novilladas et une corrida… un toro ira en Espagne et trois en France pour un desafio…  Madrid est intéressé pour une corrida de toros…. « Oui mais pour aller à Las Ventas, il faut partir avec 12 toros et là je ne suis pas en mesure de répondre… pour le moment »

Alors le futur c’est quoi pour JL Couturier ? « Présenter tous les ans quatre corridas de toros, deux de Valverde, deux de Concha y Sierra… Deux en France et deux en Espagne… »  Nul doute qu’avec l’esprit et la motivation qui l’animent, l’ex-panadero atteindra rapidement ses objectifs..

 

*Union de Criadores de Toros de Lidia à laquelle sont affiliés les deux fers de JL Couturier…

** Depuis 2014, l’élevage de Valverde a présenté des corridas dans les arènes d’Alès, de Vic-Fezensac (à l’occasion d’une corrida concours), d’Orthez, d’Aignan et d’Istres. Parmi les 35 taureaux lidiés, 4 ont été primés d’un tour de piste posthume, récompensant leur bravoure.  – Grillito-N°162, lidié à Rodilhan (festival) en 2014 Servicioso-N°174, lidié à Alès en 2015
Guitarrero-N°69, lidié à Orthez en 2017 Cubetisto-N°13, lidié à Istres en 2018


Javier Cortes: la vérité de ce qui est authentique

 

 Après son alternative en 2010 et une confirmation à Madrid quelques semaines plus tard, l’ancien élève de l’Ecole Taurine de Madrid a peu à peu disparut des écrans radars, jusqu’à rester trois ans sans mettre l’habit de lumières…. Jusqu’à ce que, fin 2014, Stéphane Fernandez-Meca le remette dans le sens de la marche devant l’aficion française…. Une opportunité qu’il saura saisir, en surprenant plus d’un par sa tauromachie sincère, même si l’épée lui fit cruellement défaut…. « Ici j’ai rencontré des gens qui m’ont ouvert leur porte, Laurence et Manu (Turquay), Jean-Michel (Sola), Marion, etc etc …et ils ont décidé de m’aider, sans contrepartie… C’est sûr que je me sens un peu chez moi… ». C’en est suivie la creation d’une peña au nom du torero. « Il s’est créé des liens d’amitié avec toute ces personnes qui me soutiennent, notamment pour ma préparation au campo, c’est primordial pour moi…. »

-Bien qu’ayant l’image d’un torero de France, Javier a toréé assez peu chez nous, Vergeze, Saint Martin de Crau.. Céret.. Et il est évident qu’il aimerait entrer dans toutes les ferias et arènes importantes du circuit français. « Je pense que de par mon combat et mes efforts, je mérite d’être davantage engagé chez vous... Mais ça viendra…»

Qu’est ce quelle a cette aficion française qui permet à des toreros de reprendre place dans le circuit avec certes un fond plus toriste ? Tel Octavio Chacon, E. de Justo, Alberto Aguilar, El Fundi… « Les aficionados français aime la tauromachie, il respecte le toro et les toreros méritants, ceux qui ne trichent pas… Ils les valorisent même… »

Peu à peu il retrouve sa place et fin 2017 il retourne à Madrid et est désigné comme le triomphateur du Desafio ganadero… Ce qui lui ouvre les portes de Las Ventas pour cette année et pour la goyesca du 2 mai… un grave coup de corne ne l'a pas empêché de poursuivre une faena pleine d’authenticité pour couper une oreille tres importante. S’en suivent quatre autres corridas madrilènes et une autre blessure… « Les coups de cornes et les blessures font parti du métier de torero surtout quand tu te mets devant, sans tricher, c’est comme ça, il faut faire avec et continuer, revenir encore plus fort… ». Et les blessures il sait de quoi il parle, et le toreo de vérité aussi… « Toréer avec franchise, sincerité et transmettre des sentiments, c’est ce que je recherche…. Et plus tu toréais, plus ta tauromachie gagne en expression artistique »

Et cinq contrats à Las Ventas en ont fait le torero de Madrid avec O. Chacon…. « Madrid, c’est un public qui me soutient, mais il est aussi beaucoup exigeant, et c’est normal c’est la première arène du monde. » Cinq corridas très différentes avec tout type d’encastes. « Et ce n’est pas évident de structurer des faenas à des animaux souvent compliqués ce qui nécessite d'avoir une technique très épurée. » Avec un positionnement parfait, la pureté de sa gestuelle, la précision et la douceur de ses toques, Javier Cortes est un torero qui peut affronter tout type de toros, mais qui ne veux pas être enfermé dans une catégorie particulière. 2018 aura été une temporada positive pour lui, terminant avec un nombre de corridas qu’il n’avait même pas envisagé, 11…. Il va traverser l’Atlantique cet hiver pour une corrida au Venezuela… Et des projets pour la temporada 2019…. En France ¿En Espagne ¿ “Pas mal de choses sont en train de se mettre en place des deux cotés des Pyrennées mais il est encore trop tôt pour en parler…

Simon Casas envisage de poursuivre son experience du tirage au sort… “Le bombo, pour moi une excellente chose, pour l’aficionado aussi, il permet de sortir de l’emprise d’une partie du mundillo affairiste et ouvre des possibilités de cartels plus originaux. Et ça me plait bien..”

Qu’est ce qu’il lui manque aujourd’hui pour remater tout ça…”Rencontrer le toro dont je rêve, à Madrid de preference, un toro brave qui me permette d’exprimer ce que je ressens en moi, avec pureté et beauté, con sentimientos y toreria…et sortir par la Grande Porte

Leçons de tauromachie à La Belugo ou Charlotte Yonnet l’avait invité à toréer trois toros de sa ganaderia. Trois tios dans le type de la maison, combattifs avec leur lot de complications, brave et encasté le second…. Qu’importe pour le madrilène, on s’y met devant et on toréait…. Avec engagement et poder, la main gauche efficace et esthétique, les terrains et la distance toujours adéquates….


 1859-2019 160 ans de toros 

 

Le Mas de La Belugo, bâtisse du XVe siècle, est fermé, inhabité, depuis le décès d’Hubert Yonnet. Le Conservatoire du littoral, son propriétaire, et le Parc Régional de Camargue, son gestionnaire, laisse le bâtiment à l’érosion du temps… Un bail différent protège pour trente ans encore le bétail et les installations agricoles dont la bergerie et la placita de tienta…. Mais la aussi, guère de retour d’entretien malgré le montant des loyers. Charlotte, au caractère affirmé, animée d’une passion sans faille y croit encore…

 Tout avait commencé quand Joseph Yonnet avait créé sa manade en 1859…. Valentin et Christophe ses enfants, puis Valentin puis Christophe jusqu’à Hubert ont poursuivit l’aventure avec l’histoire que tout le monde connait… En juillet 2014, ce dernier s’éteint…. Et depuis le nom de la ganaderia est évoqué avec des interrogations. Auparavant, son fils Christophe avait créé son élevage en 1989 avec des bêtes de son père. A son décès en juin 1996, sa veuve, Francine et ses enfants Joseph et Charlotte poursuivirent son entreprise et depuis 2009 ce sont ses deux enfants qui en ont prit officiellement les rênes…. En 1984, Françoise, la seconde épouse d’Hubert monte sa propre ganaderia avec des vaches de Sepulveda et des sementales de Yonnet… Aujourd’hui ces bêtes ont quitté le pays, c’est Jacques Mailhan, le tuteur de sa mère, qui avec son frère Pascal les ont récupéré avec le fer…. Que devient celui d’Hubert Yonnet ? C’est Charlotte qui l’évoque avec ferveur non sans une certaine fierté… « Au décès de papé, la ganaderia est passé en indivision. Myriam, mon frère et moi en avons la gestion, mais sur le terrain c’est moi qui mène l’élevage… » Les deux même en complicité avec sa mère. 

Son frère Joseph au prénom prédestiné pour prendre la relève de son grand-père ne s’est jamais vraiment impliqué dans l’élevage familial…. 

 Charlotte, elle, aime l’aventure. Elle à traversé la Patagonie, la Terre de Feu en kayak, à pieds, à cheval avec les gauchos chiliens et Adriana Karembeu pour une émission de télé… Et l’élevage du toro bravo c’est aussi une aventure, une autre aventure qu’elle a toujours vécu, auprès de son père Christophe d’abord, avec Quinquin, sa mère ensuite, aujourd’hui en assurant la suite de la dynastie…. « C’est pas facile tous les jours mais on ne peut laisser filer un tel patrimoine, alors on s’accroche… et les résultats encourageants de cette année m’incite à continuer dans cette voie… » 

Jean-Baptiste, son cousin, est celui qui tiente ici l’essentiel des camadas…. « D’ailleurs il regrette de ne pas avoir touché notre toro aux Saintes, signe plus qu’encourageant, mais pour les autres, on essaye de ne faire tienter que des toreros qui acceptent d’être à l’affiche devant des Yonnet… Octavio Chacon, Javier Cortes…. » 

Myriam, la sœur de Christophe, ancienne reine d’Arles, vit un peu plus éloigné des toros mais elle est en train de monter une association pour perpétuer la mémoire de son père et de ses ascendants….. 

 Les vaches de ventre des fers des héritiers de Christophe Yonnet (une quarantaine au Pebre) et de ceux d’Hubert (une cinquantaine à Tourvieille), sont élevées séparément mais aujourd’hui les mâles à La Belugo, se partagent les mêmes cercados, les mêmes affiches…. « Du temps ou tout marchait bien, mon grand-père a employé jusqu’à six personnes sur l’élevage. Actuellement on a un gardian David Fournier, mais je l’emploie le plus souvent à mi-temps car on n’a plus les moyens de faire plus…. Et les bêtes c’est 365 jours par ans, 24h/24… » 

2018, fut une temporada intéressante et positive, des novillos ou becerros ont été combattus à Vauvert, dans des « concours » de ganaderias, à Millas ou à Bouillargues avec le prix à la clé. Un toro aussi à Saint Martin de Crau, aux Saintes Maries de la Mer et à Orthez…. Une seule corrida complète devait être lidiée à Ales, mais la météo à eu raison de l’affiche… et les toros vont finir dans des festejos de rue en Espagne… « Quel dommage !!! Un organisateur à voulu les racheter à l’assureur qui en était devenu propriétaire mais en vain… » 

Pour 2019 il y a deux corridas qui attendent preneur, c’est en bonne voie pour l’une, une novillada également et trois non-piquées. De quoi fêter dans les arènes les 160 ans d’une ganaderia mythique et que les aficionados a los toros attendent toujours avec autant d’espérance ….


 

Ganaderia La Paluna : Dix ans déjà

 

 C’était le 23 aout 2008 dans les arènes de Saint Gilles, Vincent Fare présentait sa première novillada non piquée, elle y laissera quatre oreilles et le 3° becerro, N°18, sera honoré d’un tour de piste posthume….. C’est pour fêter le dixième anniversaire de cette présentation, que le jeune éleveur gardois fera ses débuts en novillada piquée le 18 aout prochain lors de la Feria de la pêche et de l’abricot 2018. 

Retour en arrière. C’est en 1994 que tout démarre avec deux copains aficionados, Michel Fare et Robert Venant qui décident de se lancer dans l’aventure ganadera, par simple passion. Ils achètent quelques vaches à M. Roussillon d’origine Guardiola par Riboulet puis un lot de vaches et un semental de descendance François André…. Le F de Fare dans le V de Venant pour fer, sangre y oro pour la devise…. Le 8 mai 1997, Gilles Raoux inaugure la placita de tienta avec deux apprentis novilleros d’alors, Julien Miletto et Vincent Fare, le fils d’un des éleveurs. L'année suivante marque un tournant dans l'histoire de l’élevage avec l'achat de vaches d'origine Cebada Gago et porteuses du fer du Paradis, propriété de Patrick Laugier, puis d’autres mères et deux étalons toujours du même fer dans la foulée. Mais le 3 décembre 2003 de terribles inondations emportent une grande partie de l’élevage qui repartira surtout grâce à l’éleveur arlésien…. Première récompense, en 2004 à Generac, un becerro, "Sereno", est gracié par Jean-Loup Aillet. La même année. "Enganito" du fer de Piedras Rojas et d'origine Marquis de Domecq, est tienté par Julien Miletto et acheté pour devenir le nouveau semental de la ganaderia. Et en septembre, les ganaderos laisse la place au seul Vincent Fare qui conserve le fer mais change les couleurs pour bien marquer la nouvelle orientation de l’élevage. Bleu phocéen et blanc, soit les couleurs de l’OM.

 Après 2008 et sa première novillada complète non piquée, La Paluna est programmée régulièrement, principalement à Saint Gilles et 2014 Andy Younes gracie "Pirata" dans les arènes Emile Bilhau, avant que Juan Leal n’en fasse de même avec "Chiquitin" lors d’une fiesta campera…. En 2015 la ganaderia triomphe à Istres… 

 

"A cet époque là j’aurais eu cinq novilladas, je les aurais vendus et on m’a même proposé de débuter en piquée». Mais les camadas sont courtes et la raison l’emporte, 25 mères, 3 étalons sur une quarantaine d’hectares de prairie, l’heure n’est pas à l’augmentation du capital mais plus à la recherche de la qualité. "J’ai toujours plus de mâle que de femelles dans les naissances et je ne remplace pour ainsi dire, les vieilles vaches que par des becerras de haute note.

 

 Dans les cercados, les bêtes paissent tranquilles. Les mères avec leur veau sous l’œil de "Pirata",  les dernières becerras a tienter, les anojos, les novillos…. "Enamorado",  N°82 partage le sien avec le lot complet qui ira à Bellegarde le 26 aout pour le 2eme Trophée Sébastien Castella… "Ils nous répètent après le succès qu’on eu nos becerros l’an dernier, deux avaient été honoré d’un tour de piste posthume et j’espère que ceux de 2018 feront aussi bien que ceux de 2017"

 

Sébastien Castella justement, c’est surtout lui désormais qui tiente au Mas d’Auzieres, avec Andy Younes ou Thomas Joubert…"Avec Sébastien c’est autre chose, il est à un niveau exceptionnel et il sait ce que parler de toros veut dire…. Une vache que tu vois très bonne, lui te dira de ne pas la garder car elle avait ce petit défaut, cette réaction minime négative qui fait la différence"  Comment est-il arrivé à La Paluna ? "A l’occasion d’une de ses venues à Saint Gilles pour toréer, il est venu au mas… Quand j’ai essayé de devenir torero, on toréait très souvent ensemble des capéas, déjà il était largement au dessus de nous tous, on s’est donc retrouvé après quelques années et quand je lui ai demandé s’il voulait bien venir tienter quelques vaches, il m’a dit oui sans hésiter et depuis il revient. Contrairement à ce que beaucoup dise de lui, c’est un garçon extraordinaire…

 

 Le 18 aout, la ganaderia de La Paluna fera donc ses débuts officiels en piquée avec un seul novillo lors d’une novillada concours….Avec un seul novillo n’est ce pas trop risqué ? "Oui et non. Oui parce que c’est l’image de ton élevage qui est en jeu, ceci dit on l’a choisit en fonction de critères qui devraient lui permettre de faire bonne figure. Et non parce que ce n’est pas mon objectif de passer en novillada piquée dans les prochaines années, j’ai accepté car depuis plusieurs années P.H. Callet et J. Miletto me le demandent. Ce sera surtout pour marquer les dix ans de ma première novillada avec des habits de lumières et à Saint Gilles. En esperant tout de même y triompher…

 Mais le mas d’Auzieres est ouvert aux aficionados ou aux curieux, Lara et Vincent vous accueillent à “La Paluna” dans une ambiance conviviale et familiale afin de vous faire partager leur passion de l’élevage de toros de combat et de chevaux miniatures. L’office du tourisme de St Gilles et Tourisme Gard leur envoi toute l’année des groupe pour une visite de l’élevage. "Aujourd’hui grâce à tout cela on arrive a boucler les budgets et grâce aussi à mon père, qui a prés de 80ans abat un travail considérable… C’est la passion qui le fait avancer et sans lui je ne sais pas si j’aurais put en arriver là…

Vous pouvez aussi les contacter directement à vincentfare@live.fr ou par le +33 (0)6 28 43 05 50. Une Salle de réception pour 180 personnes est également disponible, sans oublier que votre fiesta campera peut y être organisée… 


 Une visite à la Tour du Cazeau, chez J. Giraud

  

Après avoir reçu le prix du meilleur toro de la feria de Saint Martin de Crau en 2017 et fourni l’un des plus, si ce n’est le plus intéressant de celle de 2018, un détour par Le Sambuc semblait s’imposer. 

 Beaucoup de charme et de quiétude pour cet authentique mas camarguais du XIVéme et XVIéme, qui appartint à la famille Quiqueran de Beaujeu puis à l'Archevêché d'Arles. Une petite chapelle, datée de 1624, complète l'atmosphère de plénitude. La Tour du Cazeau est une propriété de 200 ha environ ou dominaient les rizières.

 Aujourd’hui 150 sont consacrés en alternance à l’élevage du toro bravo, une folie passionnelle qui vit le jour en 1991 quand au mois de juillet, Jacques Giraud, petit-fils des « pelos » fit l’acquisition d’une quinzaine de bêtes, un peu de Santa Coloma d’origine Perez Tabernero acheté à Colombaud, un peu de Carlos Nuñez acheté à Roland Durand  nommé Gonzalito, gracié à Garlin en  1988, des vaches et un étalon, fils d’un étalon de Manolo Gonzalez appartenant à la famille Gallon. Et puis le temps et la sélection ont fait leur travail. Deux étalons ont forgé la ganaderia dont un de Jiménez Pasquau par son apport de sang Domecq. Un de ses fils a prit la relève et de la même souche, un becerro, indulté lors d’un festival aux Salins de Giraud par El Azabache en 2014 y fait ses premières preuves…. C’est lui qui représente l’avenir de la devise verte, blanche et bleue ciel, un avenir qui se profile avec la présentation d’une corrida de toros complète en 2021…. Pour les 30 ans de la ganaderia

 Le troupeau compte actuellement 110 vaches de ventre, dont 40 pour les arènes, les autres pour la viande, et deux étalons, un Jiménez Pasquau et un Giraud. Ils sont repartis dans divers cercados, les mâles de sortie, toros, novillos, becerros, les mères et leur progéniture en cours de naissance, les becerras à tienter…..

 Il est déjà loin le temps des premières becerradas, en 1995, à Vergèze le 25 mars, à Saint-Gilles le 2 avril, à Marsillargues le 22 avril, à Vauvert le 14 mai. Mais la présentation officielle de la ganaderia a réellement lieu lors de la Romeria de Mauguio où six becerros issus de la Tour du Cazeau sont combattus, un pour le rejon et cinq en novillada sans picadors. Des arènes qui reprogrammeront les pupilles de Jacques Giraud deux années consécutivement. Mais le premier grand triomphe de la ganaderia se passe dans les arènes de Maubourguet avec David Martin Escudero, C. Valencia et Tiago Santos le 20 aout 2011 avec deux novillos de vuelta, les 3° et 5°, un triomphe qui vaudra au ganadero camarguais d’être répété en 2012…. Et de recevoir le prix de l’UCTPR à la meilleure novillada sans picadors 2011 dans le sud-ouest.

 C’est à Aire sur l’Adour que le 1er mai 2013 que la ganaderia fera combattre sa première novillada piquée avec Mario Alcalde, César Valencia et Borja Jiménez à l’affiche. Fiestas camperas, festivals, bolsins seront sur l’agenda de Jacques Giraud… jusqu’au 29 avril 2017 à Saint Martin de Crau ou "Nuevo" a été déclaré meilleur toro de la Feria….


 Du coté du Mas des Bruns…. 

 

Avec l’automne, reviennent les traitements sanitaires, les prophylaxies, les bêtes d’Alain et de Loulou Tardieu n’y échappent pas…. C’est aussi l’heure de faire le bilan…. 2017 aurait put être l’année pour l’élevage d’Alain et Frédérique Tardieu si les empressas leurs avaient ouvert un peu plus leur porte…. Il est vrai que le bilan est plus que positif pour les porteurs de la devise « blanc-or-vert », une camada 2017 assez fournie en utreros et au potentiel conséquent…. A Millas pour la novillada-concours, c’est "Borracho", l’exemplaire d’Alain et Frédérique Tardieu, crédité d’une vuelta posthume, qui a remporté le trophée au meilleur novillo, laissant ses deux oreilles à Jorge Isiegas… « Aussi pour l’instant ce sont les seuls avec Bouillargues a nous avoir recontacté pour l’an prochain… » 

Un peu trop sérieux même le lot pour Arles, début septembre avec trois becerros forts et encastés, trop compliqués pour des becerristas trop inexpérimentés… Mais le point d’orgue de la temporada viendra d’Espagne, ou après une corrida de très bonne tenue du fer de Tardieu Frères à Barbastro, c’est à Mejorada del Campo (Madrid) que la ganaderia d’Alain Tardieu s’est particulièrement illustrée après avoir couru l’encierro matinal. 

Le novillero franco-mexicain André Lagravere "El Galo" est sorti a hombros des arènes de la cité madrilène, après avoir coupé une oreille à chacun de ses adversaires avec forte pétition de la seconde au dernier. Des novillos bien présentés et de jeu varié, bravitos et noble à divers degrés, meilleur le cinquième, N°39, honoré d’une vuelta al ruedo à l’arrastre. Le rejoneador, lui ne put profiter de son excellent novillo à cause d’une farpa initiale très mal placée quant à D. Dominguez il fut surtout fatal avec les épées…. Et là aussi un retour est envisageable. Les toros et novillos français s’exportent bien en Espagne. Après Marie Sara, JL Darré, les frères Gallon, vous, comment se fait-il qu’en France les organisateurs sont plus réticents ? 

-« D’abord il n’y a plus beaucoup de novilladas, piquées ou non… une baisse bien plus conséquente par chez nous. Dans le sud-ouest, ils ont certes leurs élevages, mais la plupart des courses se font avec des ganaderias espagnoles….Salamanca n’est pas très loin… Il est plus chicos aussi pour les membres des commissions taurines d’aller voir et revoir les lots en Espagne qu’en Crau…. Et pour les grandes ferias, à par Arles, la boucle est vite bouclée si tu n’es pas organisateur ou dans le circuit des grandes empresas…» Pour Alain Tardieu, comme beaucoup d’autres éleveurs français, ce sont soit des lots recomposés, soit des concours ou des competencias qui leur sont proposés… « Les organisateurs essayent d’attirer les aficionados, une novillada-concours offre, c’est vrai une diversité d’encaste, ce qui peut être bien pour le spectacle, et pour d’autre, ça leur permet aussi d’avoir bonne conscience en t’ayant programmé… Pour nous l’ideal serait de pouvoir faire combattre deux novilladas completes par an… Mais bon ! » 

 Mais quand après avoir gagné la « concours » de Millas, un élevage est egalement primé, en non piquée certes mais avec du sérieux, comme à Bouillargues, c’est plus qu’encourageant pour l’avenir…. La traditionnelle novillada de La Embestida avait présenté six becerros tres bien présentés de six élevages français avec un physique et un comportement varié, supérieurs ceux de Rafi Durand et surtout d’Alain Tardieu, les prix allant fort justement à son novillo, « Lunero », brave, noble avec beaucoup de présence et de transmission, ne laissant passer aucune faute….. 

Ces résultats vont-ils changer le cours des choses pour les éleveurs de Mas-Thibert.. -« Bien sûr que….non. Si tu sors mal on ne te fait pas de cadeaux et si tu sors bien on fait comme si de rien n’était. Mais c’est ainsi depuis longtemps et ce n’est pas prêt de changer. » 

Leurs erales sont aussi pas mal courus pour les divers festejos et bolsins des écoles taurines de la région, du bétail de sang Nuñez dont on commença à parler lorsqu’un becerrista dejanté, un soir de juillet 1992, avait fait se lever les arènes d’Arles et gracier un becerro d’Alain et Frédérique Tardieu, baptisé, du coup, Yanito, du nom de cet aspirant novillero promis à un bel avenir mais qu’un impresario peu scrupuleux de Gerona à surtout aider à ce qu’il finisse dans la rue…. Ces Nuñez là étaient issus de vaches et de sementales achetés à José Luis Pereda, trois ans auparavant et installé au Mas des Bruns à Mas Thibert, à deux pas de la Cour des Bœufs, berceau des Tardieu 

Après Yanito, c’est de Pistolero N°25 Prix du meilleur toro à Saint Martin de Crau en mars 1996 dont on se souviendra et le 24 avril 2010 toujours à Saint-Martin-de-Crau, c’est "Sabanero", n°37, qui sera gracié par Esaú Fernández. 

Aujourd’hui quand est-il du sang Nuñez dans l’élevage… Pas d’apport en cours de route. « C’est toujours la même origine, une encaste qui me convient et qui épice un peu les courses. Pas toujours simples avec parfois un fond de mansedumbre mais avec de l’ardeur au combat. Et en face il n’y a pas souvent le novillero capable de les comprendre et de les soumettre…J’ai plusieurs lignées mais toutes descendent des Pereda…. Je vais faire un essai avec un semental d’une autre origine, histoire de voir un peu mais ça restera dans le domaine de la curiosité. Au début après on peut voir… » 

Avec une paire d’amis, les frères Tardieu soignent leurs bêtes et aident le vétérinaire de turno, les jeunes vaches étant moins faciles à maitriser que leur ainée…. D’autant que les règles sanitaires compliquent le travail et augmentent les couts…. 

-« Pour s’en sortir correctement, il faudrait pouvoir vendre nos toros à leur juste prix mais pour nous c’est impossible, on doit subir les aléas d’un marché guère florissant.. » Après une belle campagne 2017, y a-t-il des touches sérieuses pour la temporada 2018 ?  

-« A part Millas et Bouillargues, comme je le déjà dis, pour le reste c’est comme les autres années, on espère…. Et on espère encore et toujours mais il faut avoir une sacré passion pour y croire encore…" 

Avec l’automne reviennent les éternelles interrogations sur cette prochaine temporada qui éclora au printemps… Des rêves d’hiver qui se consumeront ou bien qui se réaliseront aux brulures de l’été. 


 Les 70 ans d’une ganaderia 

 

C’est au Mas de l’île à Maussane et sur les terres des Pradelles au Paradou que paissent depuis plusieurs décennies les Santa Coloma-Cobaleda des Héritiers de François André. Pour marquer ces 70 ans une novillada est programmée à Beaucaire le 30 juillet. Elle sera combattue par les novilleros Mario Palacios, Juan Silva "Juanito" et Tibo Garcia. Beaucaire ou une exposition retrace en image le parcours de cet élevage au Casino Municipal. Pour Fréderic Lautier ce superbe lot de novillos aurait put sortir dans une grande arène, de plus avec la commémoration de cet anniversaire. Ce sont donc les arènes Paul Laurent qui auront l’exclusivité de voir les porteurs de la devise jaune blanche et rouge 

 

 

C’est donc en 1947 que François André fait ses débuts d’éleveur en s’associant avec Alphonse Jalabert pour gérer un élevage d’origine Lescot qui pâturait au domaine du Laget à Fos sur Mer, un lieu devenu également aujourd’hui le nom du second élevage des frères Jalabert. En 1957 François André décide de faire cavalier seul et achète à Lucien Tardieu des bêtes d’origine Pouly en y ajoutant quelques années plus tard des pupilles de Georges Daumas d’origines Achille Pouly ainsi que des vaches provenant de chez Paul Ricard de sang Infante da Camara, l’élevage portugais. Plus tard, un semental d’Arturo  Cobaleda marquera sa descendant par le pelage caractéristique du Vega-Villar, les célèbres Patas blancas.. Ainsi des exemplaires berrendos , luceros, bragados, coleteros, calzados ou jaboneros  y sont nombreux.

 

C’est en 1967 que la ganaderia s’installe au Mas de l’lle et aux Pradelles. A la mort accidentelle de François André en 1991, c’est sa sœur Anne-Marie Bosc qui en assure la succession. Frédéric Lautier, qui fut leur gardian depuis des années, lui a succédé à son décès, fin octobre 2008. Depuis, avec sa famille, il poursuit dans le même esprit, l’aventure ganadera d’un homme passionné de toros…. 70 ans après, son empreinte est toujours là et nul doute que les six magnifiques novillos qui seront combattus à Beaucaire, feront honneur à sa mémoire.


 Les « Buendia » de Los Espejos… 

 

Au mas Carlot, sur une quinzaine d’hectares, Celine Jacquet, jeune femme aficionada et passionnée de toros, a créé depuis peu son élevage de toros bravos…. Une réalité qui a commencé à prendre forme en 2011…. Son rêve d’enfant qui peu à peu se réalise…. Grace à sa passion mais surtout une volonté de tous les instants…. Et pour s’y consacrer elle a laissé de coté la compagnie de danses flamencas qu’elle avait créé à Redessan…. « Avec les toros, même en étant amateur, tu ne dois rien laisser au hasard, tu dois travailler comme les professionnels… » Et pour cela toute gamine elle a été gardian amateur dans une manade camarguaise, apprenant à faire des barrages, à manœuvrer les bêtes…. Car c’est elle qui fait quasiment tout sur sa propriété… Et tout est fait suivant les règles… Pas d’élevage sans des installations appropriées… Les cercados, les corrales, la placita de tienta…. 

 

A Benalup, au milieu des villages blancs, au bout d’un chemin goudronné, mais cabossé, se dresse au pied des contre monts la finca de Rehuelga, la propriété de Rafael Buendia. C’est là qu’elle avait amorcé sa conversion, qu’une belle histoire d’amitié et de confiance s’est établi, avec le ganadero mais aussi avec son mayoral. « Pour moi ça a été une opportunité que je ne pouvais même pas imaginer, même dans mes pensées les plus folles.. »

 

En 2011 arrive au Mas Carlot, quatre vaches de Pablo Mayoral via Turquay…. Denis Sanchez, qui officiait aussi comme mayoral chez les Fano, est à ses cotés, jusqu’au tragique accident de campo qui lui coutera la vie dans sa propre ganaderia…. Une plaque perpétuera sa mémoire sur le mur des corrales… En 2013 arrive le novillo et les becerras de Rehuelga, le mâle, Matajaca, tienté par Marc Serrano gagnera, en accord avec le ganadero, le poste envié de semental…. « Ici, c’est en quelque sorte un petit laboratoire pour Rafael Buendia…. Il profite de mes installations, m’envoie son mayoral pour suivre l’évolution de ses bêtes, moi je vais régulièrement chez lui pour m’enrichir de leur connaissance et apprendre, encore et encore et toujours… »… Il est encore là sur le pays avec six vaches approuvées mais dans quelques temps il va rejoindre son pays d’origine et c’est un autre semental de Rehuelga qui prendra sa place, un semental que Rafael Buendia prête aussi à la ganaderia de La Quinta…

 

Dans les cercados voisins, une dizaine de becerras à tienter l’année prochaine avec quelques « anciennes ». A coté avec le cabestro quelques jeunes mâles qui seront eux aussi à approuver….. 

 

Le 25 février dernier, à l'occasion de l'inauguration de sa placita de tientas,"La Extremeña", Céline Jacquet avait organisé un tentadero à charge de Rafaelillo, qui a tienté trois vaches et de Marc Serrano, qui a tienté, lui, une vache et un novillo. Une plaque a été apposée par les Amis de Los Espejos sur le mur de la petite arène….. Sur les burladeros le E couronné, fer de la ganaderia dont la devise grise et bleue, et celui de Rehuelga….. Ici tout est en train de naître, tout autour du Buendia de pure souche, autour de la pureté de l’état d’esprit d’une jeune femme qui ne se prends pas pour une ganadera mais qui en a l’esprit ancré en elle…. Et les années à venir devraient lui donner raison…. Elle qui à l’âge de cinq ans, sans aucun antécédents taurins, voulait élever des toros…. Trente ans plus tard elle le vit sur son petit nuage…..


A la decouverte du campo bravo français....

Toros de Pourquier & raphael chaubet

C'est 1994 qu'un jeune avignonnais entre dans le paysage taurin français ; Rafael Santos…. Prés de 20 ans plus tard on le retrouve éleveurs de toros bravos, à la tête de deux fers… Toros de Pourquier et Raphael Chaubet….



 ....Tout petit son grand-père le menait à Arles voir des corridas jusqu'au jour ou Chamaco à provoquer un traumatisme profond dans la vie de ce garçon d'Avignon…. Il s'est mis à rêver de devenir torero…. Il rentre au Centre Français de Tauromachie de Nîmes dans la même promotion que Julien Miletto, Jonathan Veyrunes, Camille Juan sous l'apodo de Rafael Santos… Il torera ainsi en novillada sans picadors avant d'arrêter cette expérience. Il est bien plus intéressé par le toro que par une hypothétique carrière en habit de lumières… Son envie de toréer, plus par plaisir, il l'assouvit au sein des Aficionados Practicos d'Hervé Galtier et celle d'élever des toros bravo, en achetant en 2013 la ganaderia de J.M. Pourquier d'origine Miranda de Pericalvo et Gerardo Ortega.  

Il les installe sur les 27 hectares du Mas de La Grande Rougnouse, sur la route des Salins de Giraud à Arles favorisant l'élevage extensif et bio tout en respectant le caractère sauvage des bêtes qui se nourrissent uniquement de l'herbe des prairies du mas ou du foin fauché localement. 

Le bétail est combattu à deux ans en becerrada avec ou sans mises à mort et donne satisfaction. Mais pour le jeune éleveur, atteindre l'idéal, passe par un investissement supérieur. En 2015 il achète un lot de vaches et un semental du fer de Parladé, de pure souche Juan Pedro Domecq et créait son second fer : Raphael Chaubet. Il doit aussi augmenter son campo. Francis Colombeau, qui prend sa retraite, lui loue ses 30 hectares au Sambuc, à quelques kilomètres de là.  

Avec Thierry son gardian, il s'installe progressivement dans le cadre qu'il s'est fixé, aménageant rationnellement ses terres et leurs installations en espérant grandir encore un peu prochainement…. 

" Si j'ai choisit la ganaderia de Parladé, c'est parce qu'elle à, a mon avis, toutes les qualités du toro de lidia…. De la noblesse mais pas celle fade et docile, de la bonne caste aussi avec bravoure… En 2015 elle a été la triomphatrice à Madrid… " 

Le chemin est encore long mais avec l'aficion qui l'habite, Raphael Chaubet s'est donné tous les atouts pour y parvenir….

 


La ganaderia El Campo

 

C’est sur une vingtaine d’hectares, dans le marais des Chanoines à Raphèle, près d’Arles que paissent les 80 bêtes de Virgile Alexandre… du marais mais aussi des prés que se partagent les deux lots. Le premier est celui de l’élevage de Jean Gauthier qu’il a acheté, le second est formé des dernières bêtes de la ganaderia Piedras Rojas d’origine Marquis de Domecq qu’il a acquis auprès de Patrick Laugier.

Dans les années 70 Jacques Alexandre et son comparse Raoul faisaient un tabac dans toutes les arènes avec leur valise magique, une époque bénie pour la charlottade taurine…. De sa valise, Jacques a donné une énorme

aficion à ses deux fils. Fabien est aujourd’hui ganadero avec le fer de La Pampa (origine François André) et Virgile a monté son propre élevage il y a six ans qu’il installa tout d’abord en Camargue, en face des Bernacles avant de

transhumer en Crau… Mais avant d’en arriver là il s’est essayé au raset, au toreo, fait le gardian dans une manade camarguaise, le vaquero chez F.Colombeau, histoire de s’imprégner des méthodes d’élevages…

 

Jean Gauthier avait créé sa ganaderia en 1980 avec un semental d’encaste Vega-Villar acheté chez Barcial et un lot de vaches de Juan María Pérez Tabernero Montalvo d’origines Vicente Martínez croisées avec du Domecq. “C’est pour retrouver le sang des “patas blancas” que j’ai choisit de lui acheter son élevage.” L’ancien ganadero Gilbert Aymes est ici un peu chez lui et tient le rôle de mayoral. Et cet encaste il le connait sur le bout des doigts

apportant son expérience au jeune éleveur.

 

Le premier semental de la casa se partage les 25 mères d’origine Vega Villar.... “Je travaille en priorité sur les caractéristiques de cet encaste... C’est vrai que nous sommes un peu éloignés du type morphologique, mais ça, ça viendra plus tard... d’abord la caste. ” Les premiers produits ont été combattus dans des spectacles mineurs, à Vergeze, Ceret, Fos et à Vauvert où le 20 mars, deux becerros sur les quatre furent honoré d’une vuelta posthume, confirmant le choix de la sélection... “Le macho tienté en matinée, lui n’a pas été bon du tout...” Peut être que ses toros ne sont pas du matin... Il lui reste trois becerros et l’an prochain, cinq mâles de deux ans seulement à voir....

Ici Virgile Alexandre partage sa passion avec sa famille, ses proches, Jeremy, Ludo, Aziz, Julie sur lesquels il peut compter et bien sûr Gilbert Aymes.

Et pour rentabiliser un peu son investissement il pratique la vente directe au particulier de la viande de ses toros et ses installations permettent d’organiser des journées camperas, même si ce n’est pas la priorité pour ce jeune éleveur passionné… Pour lui, le Graal, c’est d’élever et de présenter des

toros bravos… 


La Ganaderia La Cravenque

 

Jacques Brel chantait « les toros s’ennuient le dimanche.. » Ceux de cet élevage ont de quoi passer de belles journées entre le golf de Saint Martin de Crau et la multitude de pêcheurs qui occupent les berges de La Chapelette… ou regarder passer les véhicules au lieu des trains.

Profitant de la sortie au campo du club taurin La Querencia, nous avons pu nous intéresser d’un peu plus prés à cet élevage atypique…. C’est en effet au milieu des années quatre vingt dix qu’une association, l’APRB, voit le jour à St Martin de Crau dans le but de défendre la race brave, en l’occurrence celle d’Urcola, aujourd’hui en voie de

disparition. R. Berlandier, M. Sambain, M. Priaulet…. Et quelques autres aficionados de Crau s’investissent dans ce projet…. Une vingtaine d’hectares leur sont alloués à La Baisse du Raillon et les premières bêtes arrivent dont certaines, avec succès sous formes de paillettes, l’un des sementales qui était toujours en service en etait la preuve.

 

Félix Urcola, banquier de Bilbao était aficionado et ami intime du torero « El Espartero ». Il créa son propre élevage de bravos en 1902 avec des vaches et toros de José Antonio Adalid, d’origine Conde de Vistahermosa en misant sur la présentation et la puissance, lui valant d’entrée d’être adopté par les arènes de Madrid. Au décès de Félix Urcola en 1918, la ganadería est racheté par Francisco Molina y Arias de Saavedra qui y rajoute un étalon du Conde de la Corte donnant d’excellents résultats. Revendu en 1928 à Eduardo Pagés, qui la cède en 1930 à José Maria Galache. La ganaderia entre alors dans une profonde mutation et devient une ganaderia pour figuras (de

l’époque). De la noblesse mais surtout une grande bravoure ce qui leur vaut de grands triomphes dans les années 40 et 50 avec Dominguin et Ordoñez entre autre jusqu’aux années 70 ou il y eu une évolution dans le toreo, mettant à l’écart la plupart des élevages réputés jusqu’alors. L’élevage restera dans les mains de la famille Galache à laquelle Victorino Martin en rachètera une grande partie en 2002 les bêtes d’encaste Urcola, étant alors en voie de disparition du marché taurin.

 

L’association d’origine a été dissoute et aujourd’hui ils sont trois à posséder les parts de l’élevage, François Roux, Guillaume Vallat et bien sur René Berlandier qui, très lié d'amitié avec Victorino Martín, a pu récupérer chez ce dernier, il y a cinq ans deux sementales d'origine pure Urcola. Trois étalons, 25 vaches de ventre issues d’une sélection très stricte et cette année la plus grosse camada de mâles depuis la création de l’élevage... Une quinzaine, se partagent les cercados. Des novillos qui seront combattus entre deux et trois ans et cette année, c’est grâce à l’amitié qui les lie à la famille Turquay qu’ils auront un peu plus d’ouverture. Didier Allemand en est le mayoral et sa passion ressort dans tous ses propos…

 

-« C’est un vrai plaisir d’être au près de ces bêtes, moi j’y viens tous les jours, mais c’est une véritable passion qu’on partage en famille et avec une bande de copains, toujours présents pour effectuer les taches du campo… ». Sacha et Laurent font partis de ces « amateurs » qui répondent présents en toute occasion, même pour faire

des grillades ou une paella…. Une petite arène de bois est équipée de couloirs et de poste d’embarquement mais le « pelo » préfère aller tienter à l’extérieur. « Généralement on va chez Gilbert Ayme et actuellement c’est

Javier Cortes qui s’y colle…. L’an passé on a fait tienter cinq becerras à Frascuelo et ça restera comme un moment privilégié pour la ganaderia… » La devise Blanc et Bleu flottera au moins dans quatre arènes cette saison…. Un becerro à Gimeaux pour la première épée de Tristan Espigue… A Vauvert pour deux novillos lors du 9° Printemps des Jeunes Aficionados, d’autres de nouveau à Gimeaux le 6 juin pour le festival des encastes minoritaires et à Eyguières le 14 juillet… -« Chez nous, comme vous pouvez le voir, c’est herbe, foin et en complément un peu de paille… On veut ne présenter que des bêtes en conformité avec leur morphologie naturelle… »

Et si dans les ruedos, ils restent encore assez irréguliers de comportement avec leur fond de caste et de bravoure, ils le compensent par leurs propriétés physiques… A l’orée d’une temporada 2016 importante pour La Cravenque on suivra avec attention les sorties des Urcola à la recherche de leur lustre perdu. Rien que l’idée de vouloir le faire mérite un grand coup de chapeaux

 

Pour le jeudi de l'ascension Elevage passion a fêté ses 20

ans, marquant les veaux de l'année de la ganaderia La Cravenque. 20 ans et aujourd’hui menacé de disparition

avec l’obligation de quitter ces terres et d’en trouver d’autres, rapidement….