Robert Margé : "J’ai rêvé ma vie et j’ai fait de ma vie un rêve …"

 

Après une corrida qui fera date le 16 juillet 2023 à Madrid et deux autres du même niveau à Béziers puis à Nîmes, les 30 ans de la ganaderia de Robert Margé ont été fêté au firmament de l’élevage brave, et pas que français….

"Pour moi les trois lots ont le même potentiel mais ce qui a magnifié celui de Madrid, c’est que la corrida était télévisée et qu’elle a été vu par des dizaines de milliers d’aficionados, et surtout coté espagnol…"

Avec une corrida complète, combattue sur le sable de Las Ventas, la ganaderia de Robert Margé est entrée dans l’histoire en devenant le deuxième élevage français, membre de l’Association des Éleveurs Français de Toros de Combat, a obtenir son ancienneté à Madrid après Hubert Yonnet. Avec en plus la reconnaissance de la redoutée Asociación El Toro de Madrid qui l’a mise dans sa liste blanche. 

Si à Madrid, le 5eme, "Picasso", avait la classe et le fond pour ouvrir la grande porte, à Béziers ce fut "Revilla", N° 170, qui a été gracié Carlos Olsina et "Pays d’Oc" qui eut les honneurs d’une vuelta posthume avant que "Albe" le second lidié à Nîmes ne connaisse les mêmes honneurs…

 

L’histoire de R.Margé débute à Celleneuve, un quartier populaire de Montpellier, elle se poursuit dans une agence bancaire avant de se lancer en 1978, à 24 ans comme manadier en achetant le fond de la manade de la Compagnie des Salins du Midi. En 1989 il entre à la direction des arènes de Béziers avec Simon Casas et Luc Jalabert, de s’initier à l’apoderamiento en 1993 en devenant celui de Marcos Sanchez Mejias et surtout dans l’hiver 93/94 en montant sa ganaderia avec des bêtes de Cebada Gago, de Santiago Domecq puis de Nuñez del Cuvillo… Avant de commencer une belle aventure en 1995 avec Sébastien Castella… Une ganaderia trentenaire qui monte en puissance jusqu’à sa reconnaissance au plus haut niveau et un ganadero comblé qui depuis peu est le président de l’Association des Éleveurs Français de Toros de Combat… Tout en s’occupant de la gestion du fer de Ave Maria en partenariat avec les héritiers de Philippe Pages, en Andalousie ou il passe une semaine par mois et préparant un livre sur l’histoire de sa vie…

 

"Ce n’est pas la première année ou je connais d’aussi bons résultats, à Palavas, Vic, Nîmes, Mont de Marsan ou Zaragoza ou j’avais triomphé en 2017 se souviennent encore des Margé. C’est cette régularité, due en très grande parti à une génétique maîtrisée qui est notre capital confiance et qui nous permet de voir l’avenir sereinement…" 

A l’origine, des bêtes de Cebada Gago dont les meilleures mères ont été croisées avec des Santiago Domecq d’origine Jandilla puis peu après la même choses avec un lot de Nuñez del Cuvillo, le tout formant aujourd’hui le cheptel du domaine des Monteilles qui se partage plus de 1500 ha à Fleury d’Aude, la ou le fleuve vient se jeter dans la mer

"Aujourd’hui, mon rêve ultime serait la Maestranza de Séville, sortir dans trois arènes de 1ere catégorie en Espagne, retourner à Madrid, à Zaragoza en 2025 ou 2026. La beauté de nos toros, leurs jeux dans l’arènes, leur race et noblesse et surtout leur régularité peuvent nous permettre d’y croire…Pour cette année, on va aller à Béziers, Nîmes, Dax pour la 1ere fois et une corrida est programmée à La Brede…"

Si Olivier, son fils, s’investit et participe intensément à la ganaderia, en plus d’avoir prit la suite de son père à la tête des arènes de Béziers avec Sébastien Castella et Simon Casas, c’est le gendre de Robert Margé qui est le plus impliqué dans la gestion de l’élevage.

"Vincent Chaptal, c’est un peu mon bras droit, il a commencé ici à l’age de 20 ans et il s’est formé à mes cotés et l’on partage la même vision, les mêmes objectifs, les mêmes réflexes…"

Mais pour R. Margé, le bonheur n’est pas que dans le pré. Il vit avec toute sa petite famille autour de sa maison avec Françoise son épouse, l’ancienne Reine d’Arles. Olivier, Estelle et Caroline les sœurs jumelles sont là tout près avec ses petits-enfants…

"Nous en avons quatre, Nais, Aubin, Mathis et Emma et cette année on va devenir arrière grands-parents. Olivier est là et bien là, les filles sont plus impliquées avec leur mari dans l’événementiel avec La Bâtisse, leur élevage de porc noir de Bigorre ou d’Angus…"

Si un livre vient de sortir sur le ganadero, lui est en train d’écrire celui sur sa vie, moins taurin mais plus intime… Retiré officiellement du circuit depuis le début de  2021, il ne peut pas s'empêcher de rester actif.

''Je suis un type heureux aujourd'hui. Je prends du temps pour moi. Ce que je ne faisais pas forcément avant. Je vivais à plus de 100 à l'heure. Ce qui m'a valu en avril 2007 à Séville, un infarctus. Mais si mon parcours est exceptionnel, c’est surtout celui de toute une famille. En fait, j’ai rêvé ma vie et j’ai fait de ma vie un rêve…"


La Suerte”, le bonheur de Joe Gabourdes

 

Il y a six ans, en 2017 que cet incontournable aficionado de Nîmes, s’est lancé dans l’aventure ganadera. Issu d’une vieille famille d’aficionados nîmois, J. Gabourdes hante toutes les instances taurines gardoises et au delà. Des Amis de Pablo Romero à la Coordination des clubs taurins de Nîmes et du Gard en passant par le Printemps des jeunes aficionados … Et aujourd’hui éleveur de toros bravos

" Je ne vous dis pas ce que j’ai entendu des copains de Pablo Romero. Moi qui est toujours défendu le toro de combat et les ganaderias qui font de la résistance, j’élève du  Domecq …J’aurais pu, grâce à Tomas Campuzano, passer avec du Guardiola. Mais cela aurait été un projet sur 20 a 25 ans pour réhabiliter cet encaste et la faire accepter par tous. A l’age que j’ai, je mise sur une bonne dizaine d’année et avec les choix que j’ai fait, ça fonctionne déjà pas mal"

Installé sur les rives du Rhony à Saint Dionisy au cœur de la Vaunage, la ganaderia est à 10 kms à vol d’oiseaux des arènes de Nîmes. La bonne centaine de bêtes se partage les 25 ha du campo avec quelques parcelles en plus pour le fourrage… Pourquoi vouloir élever des toros ?

" Je dirais que j’ai fait ça irrationnellement, presque naturellement sans trop me rendre compte de ce que je faisais. Manu Turquay est un éleveur et un copain, qui avait acheté une vingtaine de bêtes d’origines Sampedro aux frères Gallon, ses voisins à Mas Thibert, pour des fiestas camperas, des tientas… sa vision de ganadero étant depuis toujours le Santa Coloma avec du Pablo Mayoral pour origines. On se trouve ensemble à Séville en Feria avec cette ivresse légère et festive qui libère les paroles, celles de Manu plus proche des lamentations que l’exubérance sur les coûts, le travail et l’entretien d’un troupeau devenu un peu trop important. Et là comprenant son désarroi insistant, je lui dit devant tout le monde : Manu, arrete. J’achète tes Gallon. "

 L’éleveur d’Eyguières n’osa pas rappeler J. Gabourdes pour savoir si c’était vrai ou si ça avait été une parole en l’air… Il a par contre appelé tous mes proches amis qui lui ont affirmé que si j’avais dit ça, c’était sa parole, une parole fiable…

"Passée ma propre surprise, je me suis dit pourquoi pas mais j’avais acheté une vingtaine de bêtes, je n’avais pas un mètre carré de terrain et il me restait encore quelquers mois avant ma retraite. J’ai demandé alors à Manu de me les garder au moins un an pour que je puisse m’installer."

C’est ainsi qu’il a acquit parcelle après parcelle, transformé des vignes en prairies, clôturé des hectares de cercados, créé des buttes pour faire face aux éventuelles inondations du Rhony, monté des installations pour le maniement et les soins du troupeau à la devise rouge basque et beige.

"Avec mon ami Yvon Verdier on s’est mis au travail et je lui doit énormément, la maladie le tient aujourd’hui éloigné de la ganaderia mais rien ne se serait fait sans lui. Et j’ai d’autres copains aussi sur qui je peux compter, comme sur le jeune torero Clément Hargous"

Par l’intermédiaire de Manuel Campuzano, il a put faire rentrer trois erales de la ganaderia de Montes de Oca d’origines Marques de Domecq dont un est l’un des sementales de “La Suerte”, qui a rejoint le troupeau des Gallon. Un second lot est arrivé en provenance de chez Angel Luis Peña, d’encaste Jandilla…

"Heureusement que José Luis Algora, le vétérinaire, ex repreneur des Partido de Resina était avec moi. Car des gens qui viennent pour acheter des lots de bêtes avec souvent les poches pleines de billets, ça les intéresse. Mais un petit français qui veut une quinzaine de vaches et un mâle, c’est moins courant et moins intéressant. Mais A.L. Peña a été très compréhensif. Et finalement j’ai été très bien servit."

Une bonne quinzaine de mères ajandillada avec un semental de El Torero d’un coté et l’équilibre quasi parfait avec les juanpedras de Gallon avec un Montes de Oca de l’autre… Soit une vingtaine de naissance par an..

"Ça me va très bien, les clubs taurins me permettent de faire combattre mes erales et depuis que je suis rentré à l’Association des Éleveurs Français de Toros de Combat, j’ai pu sortir au coup par coup, un becerro dans les arenes comme à Ales ou Fourques. Cinq cette année et j’ai même fait mes débuts dans le Sud-Ouest, à Castelnau, Riscle. Mais je réserve toujours quelques mâles que je fais lidier à 3 ans, avec picador, dans des fiestas camperas car si tu te contentes que des sans chevaux, tu ne peux pas voir l’évolution de ton élevage"

Pour les tentaderos, il se fait héberger chez des confrères, des proches comme Michel Barcelo, Mathias Forestier, Vincent Fare et ce sont essentiellement des toreros nîmois qui en ont la charge, Rafi, Solal, Nino…

"Mes novillos ne sortent pas mal mais surtout ma grande hantise, comme pour la plupart des ganaderos, c’aurait été de voir mes bêtes, ne pas tenir debout, s’affaler sur le sable d’une arène… Et ça c’est ma principale satisfaction. La Suerte, ça tient debout. Pour le reste, c’est le travail de sélection qui me fera progresser et arriver un jour à sortir une becerrada complète…"

 

Même si pouvoir sortir un jour un lot dans ses arènes, celles de Nîmes, reste un rêve très lointain, inaccessible, inimaginable, La Suerte c’est le bonheur de Joe Gabourdes…


"Pour qu’on n’oubli jamais Cyril…"

 

Le 8 avril 2004, bientôt 20 ans, la terrible nouvelle tomba à l’Espace Toro, le jeudi juste avant l’ouverture de la Feria de Pâques. Cyril Colombeau venait de se faire tuer par un de ses toros. Pas vraiment un brave mais un « toro semi domestiqué» et qui, veau, blessé accidentellement par sa mère, avait été sauvé par le vétérinaire présent à ce moment là et qui lui servait de dompteur…. Il avait 35 ans et avait 12 ans plus tôt fondé sa propre ganaderia avec un étalon et des vaches issues du cheptel de son père Francis.

 

Francis Colombeau, riziculteur de métier, né au milieu des toros et des chevaux, s'est d'abord associé avec son ami de toujours, l'éleveur camarguais Gilbert M’roz avant de commencer son propre élevage en 1980 avec du bétail d'origine M'roz et La Guadamilla, débutant en novillada piquée en 1993 et en corrida de toros le 4 octobre 1998 à Beaucaire ou il avait prit la direction des arènes pour pouvoir faire combattre ses bêtes. Son intégrité et son franc parler ne lui valant pas que des bon points dans le mundillo, principalement français. En 1992 il verra la création du fer de son fils Cyril avec des bêtes issues de sa ganaderia, ayant à eux deux par la suite près de cent males de même origines à faire lidier chaque année.

 

En 2005, peu après le terrible accident, son bétail avait du être abattu pour raisons sanitaires. Et ce sera le début d’une période très compliqué pour l’éleveur du Sambuc, qui maintiendra contre vents et marées l’élevage de son fils… jusqu’à ce qu’il prenne sa retraite, ce qui lui vaudra un nouvel abattage… ne conservant qu’une quinzaine de bêtes de sang Colombeau aucun apport ayant été effectué depuis les débuts, une encaste propre.

 

Aujourd’hui, c’est Emma, 23 ans qui a reprit avec passion l’héritage de son grand-père et de son oncle…"J’ai grandi là au milieu de l’élevage et après mes études de droit, j’ai décidé de m’y investir pour perpétuer l’héritage familial".

 

Depuis 2018, année de ses 18 ans, elle est devenue officiellement la ganadera, s’impliquant plus encore dans la ganaderia, s’appuyant sur l’expérience et les conseils de son grand père. Elle a démarré avec une quinzaine de mères et "Caramelo" pour semental. Aujourd’hui elle a, sur les 52 hectares de la propriété familiale, 35 vaches, deux étalons et un troisième en cours d’approbation, "Phenix", gracié à sa demande à Tarascon lors de la non-piquée de 2021….…"C’est André Castella, un ami proche de la famille qui m’a incité à le faire. Non pas pour les honneurs mais parce que je repartais de rien et que j’avais besoin d’étoffer mon cheptel, tout en conservant les mêmes origines".

L’élevage s’est ainsi un peu agrandi grâce à son investissement personnel, 100% toros, et dont les premiers résultats sont là…vuelta d’un becerro, le N° 11, "Caramelo II" au Sambuc au printemps dernier après celui de la renaissance, "Phenix" à Tarascon. Ce dernier à été gracié deux fois… "Il s’était cassé une patte tout petit, Emma voulait l’éliminer. Je lui ai suggéré de voir comment ça allait évoluer. Et finalement il a guéri, s’est sauvé et après l’avoir dit à Mehdi quand il est venu choisir le lot, il l’a quand même  retenu et il a eu une seconde fois la vie sauve.." confirme Francis Colombeau en binôme avec sa petite-fille.

"J’ai grandi ici avec mon grand-père et mon oncle et tout ce que je fais c’est en sa mémoire, pour que jamais on oubli Cyril"

Pour la Feria de Pâques, les Colombeau reviendront aux arènes d’Arles après 19 ans*, en non piquée. Un moment qui sera rempli d’émotion en cette date anniversaire… mais qui ne dérogera pas aux objectifs de la jeune ganadera. "Je ne veux surtout pas brûler les étapes, rester en sans picadors et sortir des becerros braves et nobles mais qui permettent aux jeunes aspirants novilleros de prendre du plaisir et de bien faire les choses qu’ils ont apprit, qu’ils se régalent et le public se régalera aussi"

Emma envisage aussi, peu à peu d’ouvrir la ganaderia en recevant de petits groupes…"Vingt ou trente personnes pour leur faire découvrir notre élevage, notre métier, notre passion, notre combat pour exister…" Le campo a coté, une placita de tienta, une petite salle en cours d’aménagement, cet été pourrait voir s’ouvrir les portes du mas aux aficionados ou futurs aficionados…

La vie a reprit peu à peu ses droits sur les terres du mas familial, vivant au rythme de la nature et des toros….

 

Après le décès de son fils, Francis Colombeau, a fait réaliser une statue équestre en bronze grandeur nature, placée à Arles sur le rond-point Maurice Étienne aux portes de la Camargue. De là, Cyril pourra voir passer ses novillos qui iront à Arles, pour y être combattus pour la Feria dans les arènes le 8 avril prochain….

 

 

*Le 17 octobre 2004 pour le festival en hommage à Cyril Colombeau, un festival qui avait réuni tous ses amis. Richard Milian, Stéphane Fernandez Meca, Denis Loré, Frédéric Leal, Swan Soto, El Lobo, Jérémy Banti, et plus de 3 000 aficionados.


Cuillé : Une première corrida de toros en 2022

 

Et une novillada piquée pour une présentation à Mont de Marsan, arènes de 1ere catégorie en juillet…

-"Je n’ai pas vraiment à me plaindre, et en plus mes toros iront dans de bonnes conditions. Beaucoup de mes confrères n’ont pas cette chance. "  Pour Dominique Cuillé, cette année s’annonce bien avec de quoi proposer une seconde novillada…"Mais serait un lot plus desigual, les gens de Mont de Marsan et Jean-Baptiste ayant réservé en priorité leur lot"  Pour l’avenir, l’objectif serait de sortir deux belles novilladas… "Pour moi la présentation est très importante, quand les empressas viennent, il faut leur présenter des toros ou des novillos beaux, bien fait, harmonieux physiquement… Après on n’y est pas dedans…"  

L’annonce des cartels d’Ales correspondait à cinq ans quasiment jour pour jour à la disparition de Philippe Cuillé, décédé à l’âge de 66 ans, des suites d'un cancer foudroyant dont il a ressenti les premiers symptômes deux semaines auparavant alors qu’il recevait à Méjanes le prix de la meilleure novillada 2016 avec en prime l’indulto de son novillo "Tibialuz"  par le novillero espagnol Juan Carlos Carballo. Ce fut sa dernière apparition en public pour la remise des prix de l'Union des Clubs taurins Paul-Ricard. Parmi les proches de l’élevage, le nom de Didier Cabanis y est étroitement lié, tout comme celui du matador de toros nîmois Marc Serrano…

Femme de caractère mais discrète et réservée, Dominique son épouse, décida alors, avec ses fils François et Laurent, de prendre la ganaderia en main pour poursuivre le rêve de toute une vie d’un éleveur passionné, en s’y impliquant avec forces…

 

-"Une décision que j’ai prise avec mes enfants qui me laissèrent libre de mon choix… Si tu veux le faire, fais le, on sera derrière toi"  

Alors qu’elle apparaissait discrètement aux cotés de son mari, elle s’est retrouvée du jour au lendemain aux premières loges

-"Je saluais des tas de gens mais la plupart sans les connaître, ni pouvoir les reconnaître mais j’ai découvert que ces gens étaient d’un abord sympathique, c’était encourageant… Je pense aussi avoir bénéficié de l’aura et du charisme de Philippe et au début ça m’a bien aidé"

Deux premières années pour le moins compliquées pour une femme qui eut a gérer une ganaderia s’en vraiment s’y être impliqué auparavant… 

"J’ai très bien été aidé et conseillé par Vincent, mon neveu, le fils de Jean-Pierre. C’est lui qui était passionné par le toro de corrida et qui était de longue avec Philippe…. Il m’a beaucoup appris, m’a guidé pour la sélection et les tientas, puis peu à peu j’ai commencé a me débrouiller toute seule"  

 

Et quelle métamorphose. Dominique Cuillé qui se partage entre Générac, le fief familial et le Grand Badon, est aussi à l’aise au volant du tracteur et de sa lourde remorque chargée de foin ou de luzerne, que pour ouvrir et fermer les barrages, donner du pienso aux machos, aidée dans sa tache par Jacques, un homme à tout faire qui suppléait au départ, l’été dernier de Chris, son mayoral, repartit en Roumanie s’établir comme agriculteur… Sans oublier dans le quotidien d’une ganadera toutes les taches administratives, la gestion vétérinaire, le coté commercial de l’affaire et autres taches…

"Aujourd’hui je me rends compte que j’ai besoin des toros, plus qu’une occupation, c’est devenu ma vie, une de mes raisons d’être…L’esprit de Philippe est toujours là et c’est important pour moi"  

 

Avant de voir des toros bravos, les prés du Grand Badon furent occupées par des taureaux camarguais…. La manade Cuillé, frères et sœur, crée au début des années 70 a rapidement gagné ses lettres de noblesse remportant deux fois le Biou d'Or, le plus prestigieux trophée de la course camarguaise grâce à Rousset en 1981 et 1982…

C’est Eugène Cuillé qui acheta le domaine du Grand Badon tout de suite après la guerre. Ami de la famille Laurent dont le mas des Marquises, est voisin, il va se lier d’amitié avec Paul Laurent et transmettre le virus de l’aficion à ses quatre enfants, Jean-Pierre, Philippe, Bertrand et Françoise. Les taureaux camarguais, aujourd’hui géré par Jean Pierre, Pierre Amélie ou Benjamin sont au Mas des Pavillons à Générac.

 

 

Quand Philippe créa sa ganadería de toros bravos en 1994 il l’installa au domaine du Grand Badon à Salin-de-Giraud tout d’abord des bêtes de Sepulveda d’origine Atanasio Fernández, complétant son élevage de bêtes d’Ana Isabel Vicente de même encaste… Mais en 2009, quelques vaches sont atteintes de tuberculose. Philippe Cuillé doit se résoudre à faire abattre tout son troupeau. En 2010, plus déterminé que jamais, il achète des vaches de Miranda de Pericalvo d’origine Domecq, se lançant par la même dans la gestion d’arenes comme celles d’Ales ou de Vauvert avec Didier Cabanis, apoderant même le novillero vénézuélien Manolo Venegas.

C’est sur un domaine de 350 hectares dont la moitié est consacrée à l’agriculture,  principalement celle du riz et du blé, que les 200 bêtes de la ganaderia de toros bravos se partagent la moitié des hectares restant… Une soixantaine de vaches de ventres suffisent pour une saine gestion de la ganaderia.

 

"Jusqu’à présent je travaillais avec un seul étalon. A partir de cette année je vais le faire avec deux lots et surtout j’ai lancé un avis de recherche pour l’acquisition d’un nouvel semental car j’ai besoin d’injecter du sang neuf dans l’élevage"  

 

C’est en 2001 que la ganaderia Philippe Cuillé, ou du Grand Badon apparait pour la première fois en public avec une novillada sans picadors, mais c’est surtout avec l’arrivée des "Miranda de Pericalvo" que tout va aller a mas….

Après une bonne novillada piquée à Vauvert en 2014, Philippe Cuillé sort en 2016 un lot de quatre novillos très intéressants à Alès, avec surtout Tibialuz qui sera gracié. Samadet, Vergèze, Riscle et Istres en 2018, Béziers en 2021, les verront à l’honneur. En 2017, Penador est récompensé par une vuelta posthume lors de la corrida-concours d’Alès.

Après avoir triomphé en 2014 et en 2016 avec deux novillos indultés dans les arènes du Tempéras à Ales, ce sera dans ces même arènes la première sortie d’une corrida de toros complète pour cette ganaderia, un événement attendu.

"Ils sont là, huit toros prêts pour cette corrida d’Ales, la premiere et il aurait inconcevable qu’Alberto Lamelas ne soit pas au cartel. Lui et Philippe avait des liens très forts nés lors de la gestion des arènes d’Ales ... Je suis très contente pour lui"  

 

La temporada 2022 se profile et malgré les difficultés actuelles, de crise et sociétale, le moral reste au beau fixe dans ce coin de Camargue sauvage voué aux taureaux et chevaux, jadis traversé par le train de la compagnie du Chemin de Fer de Camargue qui reliait Arles à Salins de Giraud…


Les ganaderos français dans l’expectative…

 

L'Association des Eleveurs Français de Taureaux de Combat – AEFTC - par la voix de son président, Virgile Alexandre, s’inquiète sur l’avenir des éleveurs de toros braves par la même sur celui de la tauromachie en France…. La crise de la pandémie n’arrange rien à leurs affaires, économiquement parlant.

Nous l’avons rencontré au milieu de ses bêtes, à Raphele près d’Arles dans le marais des Chanoines, s’exprimer au nom de tous ses confrères… 

"La situation est aujourd’hui très préoccupante pour les élevages de bétail extensifs et particulièrement pour nous, éleveurs de taureaux".

Depuis 2020 la situation liée à la crise sanitaire due au Covid a accentuée leurs problèmes…

"Sur ces deux dernières années, le peu de spectacle qui ont pu se dérouler n’ont pas permis et ne permettent pas d’envisager l’avenir sereinement. Deux années de recettes irrégulières avec des répercussions économique importantes et les quelques aides financières de quelques collectivités territoriales n’ont pu que maintenir l’hémorragie, jusqu’à quand ? ".

Bon nombre d’éleveurs ont été contraint de réduire drastiquement leur cheptel avec tous les problèmes que cela peut engendrer sur les lignées de leurs élevages.

"Une situation entrainant de fait un impact très important sur des lignées généalogiques au patrimoine génétique unique au monde, voir même la disparition".

Pour nos éleveurs, la concurrence est d’autant plus rude, que les mêmes maux frappent ceux d’Espagne et du Portugal qui cherchent des débouchées en France, et depuis que sont sortis les noms des premières ganaderias retenues en novillada piquée pour 2022 dans l’hexagone, sur huit aucune ganaderia française !!!

"C’est une triste réalité, mais en plus que les toros se négocient à des prix très inférieurs à leur valeur minimale, le faible prix d’achat de la viande, l’augmentation des couts d’exploitation explosent. Les céréales ont augmenté de plus de 30%, le fourrage d’au moins autant et ne parlons pas de l’envoler du prix des engrais. A cela il faut aussi rajouter la forte hausse du prix des carburants…. Et tout cela ne semble pas vouloir s’inverser".

A cela on peut rajouter l’explosion extensive des villes, des villages et autres zones industrielles ou commerciales, qui font reculer les espaces sauvages et naturels jusqu’à présent entretenus et préservés par les élevages de taureaux.

"Nous éleveurs ont a toujours su s’adapter aux fluctuations du marché. Il y avait très peu de surplus de toros en fin de saison car ils étaient absorbés par divers spectacles dit mineurs comme les fiestas camperas et autres corridas portugaises avec forcados. Aujourd’hui les premières ont reculé en nombre à cause de la pandemie, les secondes ont quasiment disparues des programmes".

Plus qu’un métier, c’est en fait une véritable passion qui animent ses hommes de la terre, protecteur d’un écosystème naturel indispensable pour l’avenir de notre planète…

"Effectivement à ce jour seule une véritable passion nous anime et avec elle, l’engagement moral que nous avons avec nos animaux, des raisons qui nous permettent de ne pas jeter l’éponge mais la question d’aller de l’avant, elle, elle se pose.  Nous sommes peut-être à un point de non-retour et je souhaite personnellement et avec tous les membres du bureau et du conseil d’administration de l'Association des Eleveurs Français de Taureaux de Combat,  mettre tout en œuvre pour trouver des solutions afin de stopper cette spirale, cette infernale descente".

 

Un souhait partager par tous les aficionados conscients du travail accomplit par nos ganaderos en matière de qualité au prix de gros efforts et qui mériteraient au moins que la tendance se stabilise voire s’inverse.


Ganaderia Roland et Rafi Durand…

 

Roland Durand : J’ai bien peur que l’avenir soit derrière nous…

 

Tout à commencé à Tarascon au tout début du XXeme siècle quand Joseph Durand devient le propriétaire des arènes et y organise des spectacles taurins, des corridas hispano-camarguaises, des caballeros en plaza…. Lui qui en plus d’être un organisateur taurin (Vichy, Sète, St Rémy) en 1898 commencera sa manade à base de bêtes issues de toute la planète taurine régionale et d’Espagne, achetant même aux arènes de Nîmes, les six toros d’une corrida qui aurait dut être lidiée à Namur en Belgique !!!! C’était la grande époque des croisés. Un élevage qu’il laissera à son fils Jo en 1937 et qui existera jusqu’aux débuts des années soixante…. 

Fils et petit-fils d’éleveurs, Roland Durand débutera à cheval en 1963 à l’âge de 13 ans dans des arènes portatives à Privas. C’était le début d’une carrière de caballero en plaza, la plupart en simulacre, et qui durera jusqu’en 1978 coïncidant avec l’arrivée des rejoneadors  J. Bonnier, G. Pellen, L. Jalabert qui feront grandement évoluer la corrida à cheval en France….  En 1981, il décide, peu après avoir débuté dans le transport des toros en succédant à Hubert Yonnet qui fut le 1er à le faire en France, de créer sa propre ganaderia avec à l'origine des bêtes provenant de François André, Hubert Yonnet et Gilbert Mroz, qu’il remplacera en 1996 par un troupeau du Marquis de Domecq qu’il devra faire abattre en 2000 pour cause de tuberculose. C’est avec des bêtes de Dominguez Camacho que le propriétaire du Mas du vieux Capeau à Mas Thibert repartira.

Entre temps, Raphael né le 1er novembre 1982 et il est de tout jeune passionné par le toreo à cheval. Parrainé par Marie Sara puis par Luc Jalabert il fera sa présentation en public à l’âge de 17 ans aux Saintes Maries de La Mer, l’aube d’une brillante carrière qui prendra fin peu après son alternative, alternative reçue le 20 mai 2002 dans les arènes de Nîmes

Le sang murubeño des Dominguez Camacho n’offrant guère de débouchés, c’est par un changement radical avec des bêtes de Miranda de Pericalvo que s’est orientée finalement la ganaderia.

 

Rencontre avec Roland et Rafi Durand….

 

-Avant d’évoquer les graves problèmes actuels, j’aimerais faire un petit tour sur votre élevage en 2020….

 -Nous avons une cinquantaine de mères, toutes d’origine Miranda de Pericalvo. Cette année on a mis deux étalons nouveaux, un Miranda et un José Vasquez de chez Marie Sara plus une quarantaine d’añojos, 20 males et vingt femelles de la ganaderia Sainte Cécile de Michel Mejias

 

-De quels pays aujourd’hui disposent le troupeau ?

 -Il se partage 180 hectares dont une cinquantaine en location, deux pays sur Mas Thibert, le mas du Vieux Capeau ou il y a toutes nos installations, corrales, placita de tienta, une partie de Cote Neuve. Et dans les marais de Rapheles le mas des Tourbieres….

 

Combien de mâles devaient être combattus cette saison ?

 -On a une une belle camada avec une quarantaine de becerros et une quinzaine de novillos…. On avait pas mal de demandes mais tout est resté à ce stade. Un toro devrait sortir à Istres, c’est le novillo qui était prevu pour Arles en avril et les deux becerros des Saintes Maries de La Mer pour Lalo de Maria..

 

-Aujourd’hui tout est à l’arrêt. Coté taurin, pratiquement plus d’arènes jusqu’à nouvel ordre, tres peu de fiestas, de faenas camperas et de tentaderos que les clubs taurins organisaient….

 -Aujourd’hui on ne sait toujours pas où on va avec ce maudit virus, cette année on va quasiment  pas vendre les toros, c'est très inquiétant,  car tous les jours il faut leur apporter du grain et du foin pour les nourrir (sans parler du reste des charges !), des frais qui en plus augmentent….Quasiment rien non plus d’organisé…. J’ai peur aussi que les gens réalisent qu’ils peuvent se passer de corridas, de feria et qu’ils ne reviennent pas tous….Il y a le Covid mais pas que ça. Il y a très peu, trop peu de jeunes et il serait essentiel qu’ils viennent en grand nombre au campo, aux arènes pour assurer la transmission…. J’ai bien peur que l’avenir de la corrida soit derrière nous…

 

-Comme tous vos collègues, vous êtes face à des abattoirs qui n’ont plus guère de débouchés pour la viande, ce qui augmente encore vos problèmes avec cette crise qui semble ne jamais en finir… Et qui permettrait d’éliminer les bêtes qui auraient dues l’être dans l’arène…

 -C’est vrai qu’eux aussi sont dans l’impasse. Les restos, les cantines, les casitas et bodegas dans les ferias, tout ça reste pratiquement fermé. Mais heureusement qu’Alazard et Roux sont encore là. Ils y en a qui les critiquent. Tout n’est pas parfait je l’admets. Mais s’ils n’étaient pas là, nos problèmes avec la viande seraient plus importants encore.

 

Le Mas du Vieux Capeau est une plaque tournante dans le monde français des toros. Avec ses installations fonctionnelles et à l’extrémité de la chaine du transport des lots de toros, de tres nombreuses corridas et novilladas sont passées par là en attendant dans les corrales de partir définitivement pour les arènes…

 -Cette année le premier transport fut pour les arènes de Beaucaire, fin juillet, là on va faire les Saintes et après… quasiment plus rien…. La boucle est bouclée

 

Depuis le deconfinement, le bout du tunnel semble poindre à l’horizon, surtout du coté des faenas camperas…. Un jour prochain les arènes devront toutes se rouvrir et la vie reprendre ses droits…. A condition que….  Un retour à la normale pour tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour leur passion, le toro de combat…. En espérant qu’ils soient encore là tous sur la ligne de départ, même si on sait que de grosses réductions du nombre de bêtes sont en cours et que quelques fers sont sur le point de disparaitre…..


Les ganaderias Jalabert

 

 Marc Jalabert : La plupart des ganaderos français ont fait de gros efforts en qualité, il faudrait que l’on nous fasse un peu plus confiance…

 

Quand on évoque le nom de Jalabert, c’est Juan Bautista qui le représente le plus comme le fit son père Luc, torero également…. Mais c’est aussi le Mas de La Chassagne, ses élevages de toros braves, de chevaux de race Camargue, les arènes d’Arles, une superbe salle de réception au cœur du campo camarguais, c’est aussi Marc, le frère de Luc, Lola la sœur de Jean-Baptiste…. Tout commença au début du siècle dernier avec la naissance à Aimargues d’Alphonse Jalabert qui fut gardian du Marquis de Baroncelli avant d’élever des croisés espagnols avec Germain Bonnaud puis avec François André et Fernand Gide à Fos alors qu’il était devenu le fermier des terres de La Chassagne, un domaine que son fils Louis, en prenant sa suite, acquit aux Hôpitaux d’Arles qui en étaient alors les propriétaires….    Au milieu de ce pays de rizières, de taureaux et de chevaux Luc devint rejoneador et prit l’alternative en 1978 avant de créer avec son frère Marc une ganaderia de toros bravos en faisant rentrer du Portugal un lot de bêtes de Cabral Ascensão d’origine Pinto Barreiros…. C’était en 1983 et avant la création en 1986 d’un second fer, celui du Laget, en mettant des sementales de sang Domecq en lieu et place de ceux de Cabral Ascensão….

C’est dans ce contexte intensément taurin que se bâtit l’immense carrière de matador de toros de Juan Bautista…. Luc, Marc, Jean-Baptiste, des toros braves, des chevaux de race Camargue, des toreros. Avec JB, on fit rentrer des bêtes de chez Aldeanueva, une expérience éphémère et sans suite, puis des Daniel Ruiz avec le fer de La Gloria, qui elles ont été maillées dans le sang de la ganaderia Jalabert Frères, celui avec une option plus torerista que celui du Laget….

Et en juin 2019, un peu plus d’un an après le décès de son père, Juan Bautista crée un nouvel élevage de toros de combat. Six ans après avoir gracié à Istres le toro "Golosino" du fer de "La Quinta" en achetant un lot de vaches de cette ganaderia. Le nouvel élevage s’installe à La Chassagne sous le nom de "La Golosina"…

 

Rencontre avec Marc Jalabert….

 

Après la disparition de Luc, comment s’est réorganisée la gestion de La Chassagne ?

 -Jean-Baptiste était déjà très impliqué dans les élevages et moi je continue comme je l’ai toujours fait. Je m’occupe plus particulièrement de la manade de chevaux de race Camargue et pour les ganaderias les taches sont partagées, JB veillant plus personnellement sur sa ganaderia d’origine La Quinta

 

Aujourd’hui, les 450 têtes de bétail brave se partagent entre le mas de La Chassagne et ses 300 hectares, Le Laget à Port Saint Louis du Rhône sur 75 hectares plus les prairies des Pebrieres chez Jean-Baptiste….

 - Il va nous falloir réduire le nombre de bêtes et je pense que nous ne sommes pas les seuls à l’envisager…. Le nombre de festejos à baissé et celui des ganaderias à augmenté…. C’est une équation difficile à équilibrer

 

La crise sanitaire, comme pour tous, a accentué les problèmes et va laisser des traces…

 - La corrida pour le rejon de Bayonne, la portugaise de Cazaubon, la novillada pour Riscle sont annulées. Il nous reste le festival de Rion des Landes, un toro pour Saint Martin de Crau et un pour Istres, tout cela en fin de temporada…. Avec ça on avance à vue…. Sans parler de la grande salle de réception fermée depuis le début du confinement et dont le fonctionnement est en grande partie compromis cette année…

 

Les terres de La Chassagne tournent en rotation entre les cultures et les toros…. Pareillement pour deux hommes incontournables pour l’entreprise…

 -Jean-Luc Courriol, le mayoral, Billy pour les intimes et Jean-Loup Aillet, le picador qui nous à rejoint dernièrement…. Leur polyvalence nous permet de gérer efficacement l’ensemble de nos activités, taurines et agricoles.

 

Hormis pour les non piquées, les élevages français sont à la peine, même les petites arènes ne jouent pas toutes le jeu…

 -Aujourd’hui la qualité du toro de France n’est plus à démontrer. La grande majorité  des ganaderos français ayant  fait de gros efforts dans ce sens. Nous espérons tous qu’à l’issu de cette crise, nous aurons la confiance des organisateurs

 

En parlant de grandes arènes, Arles est depuis longtemps citée en exemple pour sa programmation des élevages français…

 -Je ne suis plus dans l’organisation des arènes d’Arles, mais je trouve que c’est tout a fait normal. Arles est une terre d’élevage et nos toros n’ont pas rougir de la comparaison. Et Jean-Baptiste va continuer dans cet esprit….

 

Et les perspectives pour 2021 ?

 -En ce qui nous concerne, nous avons plusieurs lots de toros et de novillos à proposer et nous sommes prêts à recevoir tous les organisateurs intéressés, du Sud-est comme du Sud-ouest.

 

Jean-Baptiste attend de voir comment va évoluer la situation, et en concertation avec la nouvelle municipalité, savoir ce qu’il pourra organiser dans les arènes d’Arles cette année, comme il attend de pouvoir tienter les becerras de La Quinta tandis que ses premiers veaux viennent de naître à La Chassagne. Marc et JL Aillet partent donner à manger aux toros…. La vie semble reprendre peu à peu son court normal, semble, car rien encore aujourd’hui n’est acquit…


Ganaderia de Malabat

 

 P. Fasolo : On ne sait pas de quoi demain sera fait….

 

Au cœur du Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne, Brocas doit son nom au fait qu’au XIXe siècle la famille Larreillet y installa des forges, les premières Forges de Brocas, en 1832…. Des deux hauts fourneaux, du four à réverbère et des laminoirs, il ne subsiste de nos jours la masse imposante du haut-fourneau réhabilité, proche de l'étang, pour rappeler l’existence d'une activité sidérurgique dans les Landes. Le bruit des marteaux à laissé la place au martèlement des sabots d’une ganaderia toute proche qu’on entend régulièrement dans les magnifiques arènes en pins du village landais…. Ils y résonneront ce 14 juillet.

 C’est en participant à une course landaise à Brocas que cet ancien écarteur croise le destin d’un propriétaire décidé à avoir une ganaderia sur ses terres… C’est en 1993 que sur le domaine de Malabat arrive du bétail provenant de chez François André, Hubert Yonnet et Gallon destiné au départ aux coursayres.  En 1998, Pascal Fasolo, son épouse Céline et Pierre Saubesty veulent inscrire leur fer au livre généalogique. Ils éliminent le bétail d’origine et se portent acquéreurs d’une vingtaine de vaches et d’un semental chez Olivier Martin qui possédait la ganaderia El Palmeral de sang Atanasio Conde de La Corte… D’autres apports du même élevage ont régulièrement rejoint les propriétés de Malabat et du Gouhuron qui hébergent aujourd’hui une centaine de bêtes dont une quarantaine de mères sur une superficie d’environ 50 ha….  A son décès en 2005, Pierre Saubesty lègue à la commune de Brocas la propriété, situé dans une forêt de pins et sur laquelle existait une bâtisse typiquement landaise transformée depuis en salle de réception et de restauration pour des groupes visitant la ganaderia. C’est le coté restauration qui assure l’essentiel des revenus des éleveurs d’autant que les toros représentent 90% des pertes. Jouxtant la salle, toutes les installations nécessaires à l’élevage des toros bravos, jusqu’à la placita de tienta….

 C’est en 2002 que le 1er becerro sortira en piste, à Eauze. En 2004 un lot à Aire sur l’Adour et en 2005 un premier trophée, le prix de la non piquée concours de Castelnau Rivière Basse tandis qu’en 2006 sera combattu le premier novillo piqué, à Garlin. Mais c’est surtout en non-piquée que seront les lidiés les porteurs de la devise « orange jaune et vert » de façon plus ou moins isolée… Jusqu’en 2014 qui verra la Peña Jeune Aficion de Saint Sever programmer son premier lot de novillos en piquée. Une expérience intéressante et réussie, pour les aficionados et pour le ganadero. Cette même année l’un des sobreros sera lidié en Fiesta Campera à Brocas et s’avèrera excellent tout comme le lot d’erales à Mont de Marsan… Hélas ces bons résultats resteront sans suite…. Et par-dessus ça vient de se greffer la Covid19….

 

Rencontre avec Pascal Fasolo.

 

-Pourquoi avoir choisi l’encaste Atanasio ?

 Au départ, c’est le coté économique qui nous a guidé puis on y a trouvé notre raison d’éleveur, des toros braves avec de la caste et on n’a jamais été deçu…. De plus on n’a pas voulu non plus tombé dans le Domecq que tout le monde ou presque possède… Et forcement on est occulté par les organisateurs, par les apoderados, par les toreros…. Et même dès l’école taurine. Pourtant ils sont excellents pour l’apprentissage, apprendre à les comprendre, à les lidier… Et alors ils s’avèrent très intéressants… Mais la facilité est de mise aujourd’hui…

 

-Comment et par qui est géré la ganaderia et ses annexes en restauration ou accueil de groupe, entre vous, votre épouse et vos trois filles ?

 Tout est fait en famille et en commun avec l’aide de quelques amis…. Que ce soit Céline ma femme ou Alexia, Marlène et Elina mes filles, elles sont toujours là à prêter main forte que ce soit du coté taurin, agricole ou du coté salle de réception…. D’autant que nous avons tous une activité propre, la ganaderia étant le coté passionnel..

 

-Comment vous projetez dans l’avenir avec votre élevage (En faisant abstraction du problème du Corovirus) ?

 Aucune idée… On a du mal à vendre nos novillos et on est toujours debout mais de quoi demain sera fait ? Déjà si les aficionados s’intéressaient un peu à nous, l’avenir serait un peu moins sombre…. 90% des groupe ou des clubs que l’on reçoit à Malabat ne sont pas du tout taurin…. Quand on fait nos ferrades, 180 personnes y viennent et quasiment aucun taurin… Il est vrai aussi qu’avec une dizaine de mâles par an, le compte serait vite fait… Un lot par là, quelques uns pour le recorte et le reste en privé. Mais dans le contexte actuel on ne peut pas envisager d’aller plus en avant.. Et c’est dommage car l’Atanasio a beaucoup à exprimer au cheval en novillada piquée pour le moins…

 

-Aujourd’hui tout semble repartir petit à petit. Coté taurin, plus ou moins d’arènes jusqu’à nouvel ordre, plus ou moins de possibilités de fiestas camperas…. Comment résister à cette crise ?. J’ai vu aussi qu’une cagnotte a été créée pour vous aider

 C’est surtout du coté de la restauration qu’on est le plus touché par la situation due au Covid… Et par les fiestas camperas qui y sont liées… Le 14 juillet on participera au festival mixte Hispano-Landais organisé par le Club Taurin de Brocas dans les arènes du village le matin et avec la lidia de quatre toros chez nous l’après-midi… On participe aussi à la Feria del Campo avec deux novillos… Et je tiens aussi à remercier tous ceux qui pensaient à nous en ces moments difficiles…

 

-Y a-t-il un torero de la maison ?

 Ce sont surtout les jeunes qui viennent ici…. El Adoureño a débuté à Malabat, Mathieu Guillon aussi y est venu souvent et en ce moment c’est Solalito qu’on invite souvent  à tienter… L’an dernier il a toréait une becerra pendant plus de 30 minutes…. Et sans surprise pour Serge Almeras qui depuis 20 ans retrouve ici chaque la même qualité des bêtes…. Une référence pour nous… Du coup à Brocas, peu après son jeune protégé nîmois à toréé un de nos toros de 4 ans et y a prit du plaisir…

Si on sort peu, ce n’est pas à nous éleveur de donner les raisons, ce serait plutôt aux organisateurs et aux apoderados de dire pourquoi une encaste autant soit peu originale ne les intéresse pas…

 

-Que faire des lots 2020, dont ceux prêts à être lidier ? Y en avait il de retenu ?

 Non rien n’avait été finalisé, mais ça c’est un peu notre quotidien depuis des années..

 

-Y a-t-il des aides qui ont été évoqué concernant l’élevage du toro de combat dans votre région ?

 On a fait des demandes, remplit des dossiers et on attend de voir…

 

Comme pour celles, les filles d’El Palmeral, qui se battent pour redonner la place méritée de l’encaste Atanasio au milieu d’une désespérante uniformité coté élevage, le maintien de ce sang par un ganadero au caractère forgé, devrait avoir une bien meilleure audience…. Pour le bien de la tauromachie tout simplement


Ganaderia Pages-Mailhan : 20 ans après…

 

 -Pascal Mailhan : On devrait s’en remettre difficilement mais 2020 restera une année très compliquée

 -Philippe Pages : Coté arènes, on doit quasiment repartir à zéro….

 

Pascal Mailhan est né camarguais au sein de la manade Fabre-Mailhan, élevage de taureaux camarguais, fondée en 1954, par Francis Fabre et Marcel Mailhan, son père.

 Philippe Pages est né dans l’Hérault en décembre 1954….Le 1er est un homme de taureaux (toros), le second est un homme d’affaire multicartes, passionné depuis toujours par la Camargue, ses chevaux et les taureaux, plutôt version « bravos »

 C’est en cherchant l’un et l’autre un terrain pour y mettre leurs bêtes, qu’un marais faisant face aux Bernacles, les fit se rencontrer….

  Ph. Pages envisageait de s’offrir une ganaderia en Espagne, ce qu’il fera quelques années plus tard en rachetant celle de Javier Molina et sa finca, tandis que Pascal lui évoqua l’idée d’en créer une, ici en France, avec les origines qui lui conviendraient…. Quelques mois plus tard, les deux hommes décidèrent d’unir leurs passions pour créer la ganaderia Pages-Mailhan…

 -Ce ne fut pas évident de faire admettre à Philippe que se lancer avec du Domecq serait une affaire plus compliqué que facile car avec cette encaste de garantie, soit ça fonctionne d’entrée, ce qui n’est pas évident en fonction des lots acquis et en changeant les bêtes de leur milieu d’origine, soit c’est un flop complet que l’on ne te pardonnera pas….(PM)

 

Leur choix s’est porté sur la ganaderia de César Chico, d’origine Manuel Arranz avec une autre pointe santacolomeña issue de l’élevage de sa femme « Alicia Chico », des Santa Coloma durs, plus pour la rue que pour l’arène…. En l’an 2000, 40 vaches et deux étalons, choisis librement par les nouveaux ganaderos ont débarqués sur les premiers cercados des Jasses de Bouchaud, aux portes d’Arles…. Une propriété qui s’agrandira au fil des saisons et qui verra pousser toutes les installations nécessaires à l’élevage du toro de combat dont la placita de tienta, y comprit les aménagements du hangar à tracteurs pour en faire une salle de réception….

 -Les premières sorties furent loin de nos espérances, tant et si bien qu’on acquit de vieilles vaches à Hubert Yonnet que l’on mit avec un semental de sang Domecq…. Au cas où….(PM)

 

La sélection fit vite ressortir le potentiel des « César Chico » et les résultats furent rapidement bien plus probants… La ganaderia trouvera ainsi ses repères et en 2010 « Fosforito », un grand novillo, remporta le prix de la concours de Vic Fezensac, l’année d’après « Señorito » doubla la mise…

 -Le premier était un Yonnet, le second un César Chico, prouvant qu’on était sur le bon chemin, mais on restait cantonné dans un créneau plutôt torista…(PM)

 

Il y a cinq ans, la décision fut prise de passer à autre chose, des toros de plus de catégorie afin d’assoir la ganaderia avec l’objectif de rentrer dans des arènes plus importantes, les faire combattre par des toreros de premiers plans…. Et depuis lors, peu à peu les sangs d’origines ont été éliminés. Les Yonnet sont partis chez Fano et les quelques survivants de César Chico sont chez Jean-François Piles qui se lance dans l’aventure dans le Sud-Ouest… Seuls restent aux Jasses de Bouchaud des erales que les éleveurs louent tout au long de la saison… ou qui auraient du être loué..

 -C’est un cap qu’il nous fallait passer mais sentimentalement j’y étais très attaché, ils représentaient mes tous premiers pas en tant que ganadero… Mais on ne pouvait pas indéfiniment se contenter de les faire lidier dans de petites arènes, même si elles sont plus que respectables…. (PhP)

 

C’est sur la finca Don Antonio, à Sando (Salamanca), que Julio García Hernández, grand aficionado al toro et homme d’affaire important, installa en 2008 sa propre ganaderia de pure origine Fuente Ymbro. C’est en avril 2019 qu’il fit combattre l’une des meilleures novilladas de la temporada madrilène, sinon la meilleure…. C’est de là que sont arrivés entre 2014 et 2015 les nouvelles bêtes qui portent désormais la devise « azur et blanc », soit la moitié de l’élevage de Julio Garcia…

 -Des vaches portent encore le fer de Fuente Ymbro, d’autre celui de Julio Garcia et bien sur, les dernières portent le notre…. Et nous venons tout juste de faire rentrer un nouvel étalon directement de Sando…(PM)

 

Il s’occupe de son harem, un lot de mères et leurs progénitures multicolores, un dernier vient à peine de naitre et cherche à se lever.. Deux autres lots d’une trentaine de têtes également occupent les prés avoisinants, les erales ont le leur et les becerras, une cinquante à tienter cette année aussi tandis que les novillos, deux lots et les toros, dont la corrida de Tyrosse attendent de savoir ce qu’ils vont devenir…

 -C’était notre première corrida de toros de ce sang. Mais il se pourrait que tout espoir ne soit pas éteint. Un devait aller à Mauguio, un à Aignan et un doit être combattu à Saint Martin de Crau…. Deux novilladas étaient retenues pour des arènes de 1ere en France…. Un novillo pour Arles et un pour Millas. Pour ce dernier c’est définitivement annuléOn devrait difficilement s’en remettre mais 2020 restera une année très compliqué même si le fait d’avoir beaucoup d’herbage nous facilitera les choses par rapport à certains de nos collègues… (PM)

 

350 bêtes environ se partagent les 400 ha du domaine mais les males à lidier cette année vont pour la plupart y rester, engendrant des problèmes supplémentaires…

 -On va vers une année quasiment blanche pour le coté arènes et en plus on louait pas mal d’erales pour de petits festejos, on avait pas mal de fiestas camperas retenus… On n’est pas les plus impactés et Pascal peut compter sur mon soutien total en cette période délicate…(PhP)

 

Une première novillada satisfaisante à Nîmes en 2018, rehaussé surtout par le sixième bis qui laissa ses deux oreilles à El Rafi et qui fut crédité d’une vuelta posthume….

 -A Nîmes on a eu la confirmation que dans les lots de Fuente Ymbro, il y a des bêtes qui ont de la noblesse mais qui finissent vite en tablas, les toreros ça ne les dérange pas, comme Perera à Palavas qui triompha après de très longs enchainements très près des barrières…. Moi je préfère le toro qui dure et qui combat au centre de la piste et toute la lignée qui avait cette tendance aux tablas a pratiquement été éliminée en tienta…. Pour revenir à cette novillada de Nîmes, ce fut un peu à pile ou face, quand Simon Casas nous à appelé…. Philippe s’est dit il faut y aller et avec un peu de chance c’est bien passé….(PM)

 

De là des portes se sont entrouvertes que la Covid19 a aussitôt refermé…

 -Les gens oublient vite comme les empresas d’ailleurs et pour nous, l’engouement suscité par nos sorties de 2018 et 2019 risque de passer aux oubliettes. Je crains que de ce coté là on doive quasiment repartir à zero…. 2021 sera une nouvelle année et l’on espère reprendre le bon sens de la marche… (PhP)

 

Dans le cadre des Feria del Campo, le 5 juillet prochain aux Jasses de Bouchaud ont affiche complet depuis déjà longtemps

 -J’ai était surpris par cet élan de solidarité. Il y a même des aficionados qui ne me connaissent que du coté Course Camarguaise qui seront là….(PM)

 

Mr Pages cette situation pandémique a du avoir aussi ses conséquences particulières sur l’élevage que vous possédez avec R. Margé dans la Sierra de Constantina (Sevilla)

 -C’est encore plus compliqué qu’ici. Tout ce qui avait été vendu du fer d’Ave Maria nous reste sur les bras et à ce jour, sans espoir de reprise. Et comme on est tres nombreux dans cette situation, on n’attend pas après vous…. Comme pour ici il faut courber l’échine et considérer ça comme une année de perdu… (PhP)

 

L’horizon semble s’éclaircir un peu pour le monde des toros de ce coté là, reste le coté sociétal de la tauromachie qui est mis à mal un peu partout dans le monde…. En restant solidaire et en conservant la vérité et le sérieux de la corrida avec des élevages qui maintiennent la bravoure et la caste, la fiesta brava peut encore passer par-dessus cette forte vague…


Ganaderia Frédérique et Alain Tardieu

 

Lucien Tardieu a laissé à son décès, à ses deux fils, Louis et Alain, la ganaderia qu’il possédait depuis 1951, désormais baptisé Tardieu Frères. En 1990, Alain et son épouse Frédérique ont créé leur propre élevage sur les terres du Mas du Grand Galignan avec un lot de 30 vaches et de deux sementales d’encaste Carlos Nuñez provenant de J.L. Pereda…. Pour eux, comme pour la très grande majorité des éleveurs français de toros bravos, l’année 2020 restera une année noire même si quelques lueurs d’espoirs subsistent.

Une ganaderia dont on commença à parler lorsqu’un becerrista dejanté, un soir de juillet 1992, avait fait se lever les arènes d’Arles et gracier un de leur tous premiers becerro, baptisé, du coup, Yanito, du nom de cet aspirant novillero promis à un bel avenir mais qu’un impresario peu scrupuleux de Gerona à surtout aider à ce qu’il finisse dans la rue…. Ensuite Pistolero sera désigné meilleur toro à Saint Martin de Crau en mars 1996 et le 24 avril 2010 toujours à Saint-Martin-de-Crau, c’est "Sabanero", n°37, qui sera gracié par Esaú Fernández…. Des références qui n’auront que peu de répercussions hors du Pays d’Arles…

 

Rencontre avec Alain Tardieu….

 

Aujourd’hui quand est-il du sang Nuñez dans l’élevage… Pas d’apport en cours de route.

« C’est toujours la même origine, une encaste qui me convient et qui épice un peu les courses. Pas toujours simples avec parfois un fond de mansedumbre mais avec de l’ardeur au combat. Et en face il n’y a pas souvent le novillero capable de les comprendre et de les soumettre…J’ai plusieurs lignées mais toutes descendent des Pereda….

 

Ce sont près de 200 bêtes qui paissent sur les 100 hectares de près de Galignan entre Mas Thibert et Arles… et parmi elles combien devaient être combattues en arènes ?

« Comme chaque année j’avais des novillos de retenus, un pour Arles, un pour Millas, trois pour le trophée Castella à Bellegarde, deux toros pour Chateaurenard, trois pour Mauguio, un pour Saint Martin de Crau…. Arles, Bellegarde et St Martin pourrait se faire !!!! On attend, mais beaucoup d’erales et de becerros resteront sur le pays par rapport aux autres années… »

 

La ganaderia de Frédérique et Alain Tardieu propose des toros, mais surtout des novillos intéressants et pour les aficionados et pour les toreros, comme le lot lidié en 2017 à Mejorada del Campo (Madrid), un lot de cinq novillos qui s’est particulièrement illustrée après avoir couru l’encierro matinal, le dernier étant primé d’une vuelta posthume….

« Avant ça à Millas pour la novillada-concours, c’est notre novillo "Borracho", qui fut crédité d’un tour de piste et qui a remporté le trophée au meilleur novillo, après avoir laissé ses deux oreilles à Jorge Isiegas… »

 

Mais quand après avoir gagné la « concours » de Millas, triomphé outre Pyrénées, l’élevage est également primé, en non piquée avec le sérieux de Bouillargues, grâce à « Lunero », brave, noble avec beaucoup de présence et de transmission, ne laissant passer aucune faute…..  Difficile de comprendre pourquoi le téléphone ne sonne pas plus souvent, surtout coté Sud-ouest….. Et pourtant les toros et novillos français s’exportent même bien en Espagne.

-« D’abord il n’y a plus beaucoup de novilladas, piquées ou non… une baisse bien plus conséquente par chez nous. Dans le sud-ouest, ils ont certes leurs élevages, mais la plupart des courses se font avec des ganaderias espagnoles….Salamanca n’est pas très loin… Et il est plus chicos aussi pour les membres des commissions taurines d’aller voir et revoir les lots en Espagne qu’en Crau…. Et pour les grandes ferias, à part Arles, la boucle est vite bouclée….

 

Pour Alain Tardieu, comme beaucoup d’autres éleveurs français, ce sont soit des lots recomposés, soit des concours ou des competencias qui leur sont proposés…

« Les organisateurs essayent d’attirer les aficionados, une novillada-concours offre, c’est vrai une diversité d’encaste, ce qui peut être bien pour le spectacle, et pour d’autre, ça leur permet aussi d’avoir bonne conscience en t’ayant programmé… Pour nous l’idéal serait de pouvoir faire combattre deux novilladas complètes par an… Mais bon ! » 

 

Comme pour beaucoup de choses, la crise du Covid 19 a ouvert une réflexion sur une autre façon de vivre, de consommer principalement français…. Aujourd’hui, tout le monde se mobilise pour nos ganaderos… Mais qu’en restera t il quand l’effet pangolin aura disparu ? Souvenons-nous de la Langue Bleue…

-« Et de plus en France, si tu sors mal on ne te fait pas de cadeaux et si tu sors bien on fait comme si de rien n’était. Mais c’est ainsi depuis longtemps et je ne pense pas que ce soit prêt de changer A moins que…... » 

 

Et l’avenir de votre élevage du toro de combat ?

 

« Vu les galères qui sont les nôtres, Marie, notre fille, s’est plus orientée vers le cheval que vers les toros et son élevage de portugais tourne bien… nous on verra à la longue ce qu’on va devenir…. Heureusement qu’il y a la passion.. »


Ganaderia El Palmeral

 

 Paola Martin : Maintenir et donner un nouveau souffle à l’encaste Conde de la Corte-Atanasio Fernandez.

 

Pour le visiteur qui emprunte la RD 11 reliant Bidache à  Saint-Palais (64), en plein  pays de la Blonde d'Aquitaine et du veau sous la mère, aux abords d'Arraute sur des prairies ondulées, coupées de bosquets, se profilent, sur le bleu délavé du ciel, les silhouettes massives et fières des toros de combat. Ceux de la ganaderia d’El Palmeral. C’est Olivier Martin qui avait créé cet élevage entre Béarn et Pays Basque en 1992 par l’achat à Antonio Ordoñez de vaches et de sementales pour une origine Atanasio Fernandez – Conde de la Corte, un encaste aux caractéristiques uniques, désormais en voie de disparition. Cet élevage français est né de la passion d’un homme, Olivier Martin, aficionado landais qui après avoir endossé l’habit de torero s’est reconverti dans l’élevage. Bénéficiant d’une relation amicale privilégiée avec Antonio Ordonez, torero célèbre devenu ganadero, il a pu profiter de toute l’expérience du vieil homme qui lui a vendu les bases de son cheptel actuel. Durant les premières années, le maestro de Ronda fournissait chaque année des sementales différents pour permettre d’étoffer les bases génétiques de l’élevage d’El Palmeral, tout en restant totalement fidèle au type du Conde de la Corte.

 Juliette Fano reprit en 2010 l’élevage. Pendant plusieurs années et avec l’aide du regretté Pierre Charrain, la devise se partagea entre Arraute-Charritte et Sulauze. Aujourd’hui O. Martin a une entreprise qui tourne, ses filles et ses gendres ont la passion du toro…. Tout en restant associés, surtout administrativement, ce sont ses filles Sarah et Paola qui ont repris les rênes il y a 4 ans de ça….

 Les toros d’El Palmeral vivent donc en terres basques, sur la commune d’Arraute-Charritte et sont revenus sur le domaine d’origine de Beigtanborda, comptant prés de 140 hectares. Aujourd’hui l’élevage représente environ 130 bêtes dont 9 étalons, nombre important pour le nombre de têtes, et ce à cause de la rareté du sang. Il se compose d’une soixantaine de mère, et une vingtaine de becerras a tienter cette année. Les naissances sont en cours, une trentaine de comptabilisée pour l’instant.

 

Rencontre avec Paola Martin…

 

-Qui s’occupe des toros et comment aujourd’hui ?

 Aujourd’hui, ma sœur Sarah et moi-même sommes les ganaderas. N’étant pas notre activité principale, nous sommes aidées par une équipe dynamique ayant vraiment la passion du toro. Leur aide est cruciale dans notre situation et nous leur en sommes très reconnaissantes. Des personnes sont sur place chaque jour afin de réaliser les tâches quotidiennes indispensables, nourrir les bêtes, les surveiller, faire l’entretien nécessaire. Quant à nous, nous organisons les soins ou les activités plus complexes du ganadero de préférence les week-ends, ou en période creuse.

 

-Quelles sont les origines actuelles ?

 Les origines sont restées les mêmes depuis la création de l’élevage : Conde de la Corte-Atanasio Fernandez.

 

-Qui sont les toreros de la maison ?

  Un tas de toreros ont foulé le sable gris de notre plaza de tienta ! Nous avons eu le plaisir de recevoir des toreros avec des styles différents comme Juan Bautista, Sébastien Castella, Thomas Dufau, Clemente, Rafael Cañada, Uceda Leal, Jeremy Banti ou Sanchez Vara pour ne citer qu’eux. Également, nous avons eu le plaisir de recevoir des novilleros ou jeunes toreros avec beaucoup de volonté étant donné la technique que requiert notre bétail !

 

-Des lots prévus pour 2020 … Et lesquels étaient retenus ou en voie de l’être ?

 Non, nous n’avions aucun lot de prévu pour cette année. Compte tenu de la rareté de notre sang, pour le moment notre objectif est de maintenir et donner un nouveau souffle à cet encaste. Malgré tout, nous envoyons beaucoup de soutien à nos confrères éleveurs souffrant de cette période très compliquée.

 

-Comment vous projetez vous dans l’avenir avec votre élevage

 Comme nous venons de le souligner à l’instant, notre objectif premier est la sauvegarde de ce sang, qui malheureusement peine à survivre… Evidemment, sur le long terme les objectifs seraient de sortir notre bétail dans les arènes françaises qui nous tiennent très à cœur, mais également dans celles d’Espagne. Enfin, mais cela ne reste qu’un rêve, nous souhaiterions redonner sa grandeur a notre encaste tant adorée il y a quelques décennies.

 

-Depuis 1996, qu’est ce qui a marqué l’histoire la ganaderia d’El Palmeral ?

 Tout d’abord, nous remarquerons le premier novillo lidié de la ganaderia. Toréé par Rafael Cañada à Garlin le 27 juillet 1996, notre novillo, Langostero N°11 a reçu une vuelta posthume et a offert au torero toujours en souffrance d’une gravissime blessure, une sortie à hombros en lui offrant ses 2 oreilles. Aussi, toujours en 1996, nous avons eu le privilège d’amener une novillada complète dans les mythiques arènes de Ronda, combattue par Rafael Cañada, David Vilariño et Morante de la Puebla. Ensuite, nous citerions un autre novillo de vuelta al ruedo, Sultanillo nº57, lidié le 29 octobre 2000 à Mont-de-Marsan par César Jiménez et  les novilladas de Soustons en 2003, et Floirac en 2006 qui ont été dignes de leur devise.

 

-Aujourd’hui tout est à l’arrêt. Coté taurin, plus d’arènes jusqu’à nouvel ordre, plus de fiestas camperas….

 En effet, l’impact est de très grande envergure pour le milieu taurin… tout le monde, à échelles différentes, souffre de cette crise sanitaire hors du commun. Nous avons la chance d’avoir des revenus extérieurs à la ganaderia qui nous permettent de moins souffrir que nos confrères qui offrent leurs vies à l’élevage du toro bravo. Nous n’avions pas de lot vendus cette année, les pertes seront moindres pour nous.

 

 -Et pour le quotidien, les faenas camperas.. avec l’apport et la présence d’amis, d’aficionados ?

 Nous attendons les directives… pour le moment les tientas pourront se tenir, en petit comité comme à notre habitude. Concernant les fiestas camperas, aucune n’est prévue pour le moment, mais nous attendons les consignes sanitaires pour prévoir les activités.

 

-Où est-on des aides qui ont été évoqué concernant l’élevage du toro de combat dans votre région ?

 Etant donné notre situation actuelle, et notre volonté de ne pas sortir de bétail pour le moment pour nous concentrer sur la génétique, nous n’avons pas à profiter de ces aides. Elles sont nécessaires pour nos confrères qui souffrent de cette crise, ce qui n’est pas notre cas. Nous n’avons pas à les recevoir.

 

Ole torera !!! Ou plutôt ganadera mais quel pundonor !!! En souhaitant aux deux sœurs de ramener leur encaste à la place qui la sienne dans nos arènes


Ganaderia Tardieu Frères

 

  Lucien Tardieu est décédé le 13 janvier 2013, à l'âge de 81 ans, laissant à ses deux fils, Louis et Alain, la ganaderia qu’il possédait depuis 1951, des bêtes provenant de Pierre Pouly avec apport Infante de Camara et Duc de Tovar (Santa Coloma), désormais baptisé Tardieu Frères. Depuis 1990, le sang originel a été rafraîchit avec du bétail de José Luis Pereda, provenant de chez Alain Tardieu puis d’Escudero. Les 170 vaches et leurs six étalons occupant les terres du Mas des Bruns, les herbages et les marais de  La Cœur des Bœufs qu’elles partagent avec prés de 200 mâles. La cinquantaine de becerras à tienter étant elles dans les prés de Côte Neuve à quelques encablures. Depuis le début de l’année, Magali, la fille de Loulou se partage entre deux mi-temps : son emploi à la Ville d’Arles et la ganaderia Tardieu Frères.   

Entre temps, en 1990, Alain et son épouse Frédérique ont créé leur propre élevage sur les terres du Mas de Gallignan avec un lot d’encaste Carlos Nuñez provenant de J.L. Pereda….

 

-Rencontre avec Loulou Tardieu….

 

-Si au moins le coté abattoir et boucherie pouvait s’ouvrir, cela nous donnerait un peu d’espoir…. On a des lots de toros qui vont atteindre les 6 ans fatidiques et on ne sait absolument qu’est ce qu’on va en faire ni ce qu’ils vont devenir….

 Dans les cercados autour du mas une trentaine de superbes toros qui devait partir en Espagne se demande quel avenir les attend…. Et avec les premières chaleurs la tension monte…

 -Il faut aussi mesurer l’évolution quantitative du campo français… Dans les années 90 nous étions une douzaine d’éleveurs et on arriver à passer nos 300 toros…. Aujourd’hui nous sommes plus d’une cinquantaine qui mettons sur le marché environ  1000 toros et dans un contexte qui s’est fortement réduit pour nous avec la quasi disparition des corridas portugaises….

 Et la grave crise sanitaire accentue encore plus les problèmes des éleveurs français qui vont devoir composer avec une saison quasiment blanche….Et sans solution en perspective dans l’immédiat.

 - Une trentaine de toros devait partir en Espagne comme l’an passé, pas loin de Madrid à la finca Bellalucia à Fuentidueña de Tajo chez Julián Gómez Carpio qui nous a fait lidier en 2019 deux corridas. Une à Honrubia et une à Santa Cruz de Mudella télévisée. Les autres toros sortant pour les recortadores ou dans la rue. Cette année le Covid a eu raison de cette répétition ibérique… Un toro pour Saint Martin est retenu, un novillo l’était aussi pour Arles…….

 

Depuis très longtemps tous les toreros français sont passés par la Cour des Bœufs, aujourd’hui de Juan Bautista à Solalito en passant par Marc Serrano ou Thomas Joubert…. Et quand les tentaderos vont s’ouvrir, la toreria française retrouvera la route de Mas Thibert. Et depuis longtemps aussi une poignée d’amis participe à la vie de l’élevage, Daniel, Yves, Sofiane mais l’essentiel est fait en famille, par passion et amour du toro… Une passion partagée par tous ceux qui a vécu les moments important de la devise« violet-blanc-noir », de la première en Espagne, une novillada à Girona en 1994, le 1er trophée de la CTEM d’Arles en 2002, les corridas de Barbastro et de Santa Cruz de Mudela, mais surtout le prix de la corrida-concours d’Arles en septembre 2003 qui revint à « Rompe Piernas » N°67 lidié par Luis Miguel Encabo…. « Baptisé ainsi car quelques mois avant cette corrida il m’avait blessé au genou » précise Loulou Tardieu…

 

Plus que du passé, c’est d’avenir qu’ont besoin les deux frères eleveurs… « On espère qu’on pourra encore faire combattre des corridas… Il faut simplement que les empresas et organisateurs nous fassent confiance… Sinon !!! »

 Aujourd’hui tout est à l’arrêt. Coté taurin, plus d’arènes jusqu’à nouvel ordre, plus de fiestas camperas…. « Quasiment aucun toro vendu et donc aucun centime qui rentre dans les caisses et pourtant on doit faire face toujours aux mêmes depenses pour nourrir et soigner les betes, donner encore plus de notre temps car il y a plus de toros qu’à l’habitude sur le pays…Impossible aussi de recevoir des clubs taurins pour leurs journées camperas… Il nous faut attendre et être patient !!! »

 

Veuve d’un boulanger de Berre, la mère de Lucien Tardieu convola en secondes noces avec Etienne Pouly, son adolescent de fils se trouva du coup plongé au milieu des toros et des marais de Mas Thibert…. Près de cent ans plus tard, les Tardieu y sont encore…. Pour longtemps encore on le souhaite et pour les deux élevages celui de Tardieu Frères et celui d’Alain et Frédérique Tardieu dont on parlera très prochainement…


Ganaderia Alma Serena

 

 Philippe Bats : Une année compliquée surtout avec la disparition de mon frère….

 

Cauna est un petit village de Chalosse dans les Landes dans de 450 habitants célèbre aux aficionados pour deux entités…. C’est là qu’est installé Richard Milian avec son école taurine sur une vingtaine d’hectares, une sorte de petit paradis, ou il a construit ses arènes d'entrainement. Et une ganaderia de toros bravos, Alma Serena sise "au Monge" créée en 1998 par deux frères agriculteurs, producteurs de maïs, Philippe et Pierre Bats, tous deux l’âme sereine….

Ils ont, pour débuter, acheté 35 vaches et étalon dans le Berry avec l’aide de Roland Durand et ses liens avec les frères Peralta qui possédaient la ganaderia Viento Verde d’encaste Murube. Elevage qui passait l’été à La Seigneurie, sur la commune de Vicq-Exemplet dans l’Indre.

Les premiers erales sont combattus en 2001 à Aire sur l’Adour. Mais lors de ces trois premières années les Alma Serena sortent compliqués avec un piquant peu propice aux non piquées. En 2004 dix vaches et un semental arrivent de chez Pepe Murube et grâce à ce rafraichissement les becerros gagnent en régularité et en toreabilité. Mais l’épidémie de la langue bleue va rendre impossible la poursuite cet apport génétique. Ils font donc le bilan de cette expérience et décident en 2010 d’éliminer l’encaste Murube. En 2008 Roland Durand met les deux frères en contact avec les propriétaires de la ganaderia Miranda de Pericalvo qui leur cèdent des vaches et des étalons pour un nouveau départ… Grace à leur nouvelles origines en 2010 et 2011, ils remportent le prix du meilleur lot des non piqués de Bayonne et deux fois le prix des chroniqueurs taurins du Sud-ouest et deux fois celui des l’Union des Clubs Taurins Paul Ricard. En 2019 ils remporteront à nouveau ces deux dernières récompenses mais après l’apport en 2013 d’une vingtaine de vaches et d’un reproducteur de chez Luis Algarra… en 2015, 2017 et 2018 d’etalons de chez Garcigrande.

Cette belle aventure est marquée par le décès brutal en septembre dernier de Pierre d’une rupture d’anévrisme à l’âge de 55 ans, un garçon discret, très connu du mundillo et très apprécié, qui s’était lancé également avec son frère dans le transport des toros pour le sud ouest. De son refuge céleste il veille encore sur la ganaderia, ses 200 bêtes qui se partage la centaine d’hectares du Monge… 75 vaches de ventre divisées en trois lots, deux de Miranda et un d’Algarra convoités par les quatre etalons de Garcigrande…

 

Rencontre avec Philippe Bats.

 

Quand, pourquoi et comment, on se lance dans l’aventure de l’élevage du toro de combat ?

-Nous avions 35 et 34 ans, Pierre et moi et comme nous étions natifs de Maylis en Chalosse, ou chaque village possède une arène, nous étions fascinés par cet animal sauvage. A la toute fin du siècle dernier nous avons ajouté l’élevage du toro bravo à notre exploitation agricole. 

 

Un élevage qui naquit avec votre regretté frère, Pierre et un copain d’enfance Serge Tauzin les premières années…. Mais aujourd’hui après la brutale disparition de votre frère, comment est organisée la ganaderia ?

-Il était l’ange gardien de la ganaderia, laissant un grand vide… Avec l’aide de Bernard dit « Tonton », un aficionado d’Hagetmau qui est là tous les jours et nos enfants, les trois de Pierre et les trois miens, on va essayer de poursuivre l’aventure dans son esprit… Et puis il y a les amis, les copains qui répondent toujours présents quand il y a des travaux à la ganaderia, qu’il s’agisse de l’entretien ou des soins aux bêtes… Sans eux….on n’y arriverait pas…

 

-Comment vous projetez dans l’avenir avec votre élevage (En faisant abstraction du problème du Corovirus) ?

 -Au départ avec mon frère nous avions considéré que créer une ganaderia de toros de combat dans les Landes ne pouvait se faire que par passion… Mais cette passion avait un coût et pour pouvoir durer et continuer il fallait qu’on minimise au maximum les pertes, c’est dans cet esprit que je poursuis notre passion commune.

 

-En 2018 1er novillo piqué à Orthez…

 -Nous avions prévu des le départ de prendre notre temps avant de passer à un échelon supérieur. De plus il nous fallait nous adapter à l’introduction des Garcigrande..

 

-Le festival de Mont de Marsan le 1er mars avec un novillo de vuelta, mais d’après les commentaires, une excellente noblesse avec 5 oreilles coupées à trois novillos, mais une certaine mansedumbre. D’où cela vient il ?

 -On a en effet constaté ce problème de bravoure au cheval. L’un après le tercio de piques, l’autre lors du dit tercio. Pourquoi ? Nous essayons d’analyser et de rechercher les causes, les étalons étant différents… C’est le cote passionnant de l’élevage. Ce qui peut nous satisfaire lors des tercios suivants, c’était la mobilité, l’engagement avec de la race durant la faena… beaucoup d’émotion que j’aurais aimé partager avec Pierre.

 

Présentation en piquée à Arles en 2020… et dans le Sud-Est mais le Covid 19 en a décidé autrement…. Quelle réaction à ce coup du sort ?

 -Beaucoup de regret pour nous tous. Nous aurions aimé faire le déplacement pour voir notre novillo "Recuerdo" N°43 que Pierre avait choisi avec Jean-Baptiste Jalabert.

 

Aujourd’hui tout est à l’arrêt. Coté taurin, plus d’arènes jusqu’à nouvel ordre, plus de fiestas camperas….

 -La saison 2020 s’annonce compliquée pour les sorties en public. Par contre on espère qu’au plus tôt on puisse organiser des tentaderos à la maison, retrouver les copains, les amis. Pour etre franc, on s’ennuie sans ces moments de partage et de discussions…

 

Y a-t-il un torero de la maison ?

 -Les tentaderos se font suivant les opportunités. L’an passé on les a fait avec Juan Bautista, Thomas Dufau,Clemente, Dorian Canton, Sébastien Castella et les novilleros de la région. Les élèves de l’Ecole Taurine Adour Aficion de Richard Milian y sont chaque fois invités et cela depuis nos débuts…

 

Que faire des lots, dont ceux prêts à être lidier ?

 -Pour nos erales on va attendre jusqu’à la fin de l’année pour prendre une décision. Pour 2020 nous avons une camada courte de 14 becerros qui devaient aller à Mugron, Mont de Marsan pour la concours, Hagetmau et Rion plus le novillo retenu pour Arles.

 

Y a-t-il des aides qui ont été évoqué concernant l’élevage du toro de combat dans votre région ?

 -Une initiative de soutien aux Toros de France a été mise en place par un groupe d’aficionados pour venir en aide aux éleveurs… A ce jour, ici, tout se met en place pour obtenir une dérogation de fauche sur les parcelles en jachère. Sur le département des Landes nous ne sommes que quatre éleveurs de toros bravos. Serons-nous associés aux douze ganaderos de Course Landaise ?  Mais on espère surtout qu’en 2021 l’activité économique repartira normalement et que les petites arènes et leurs organisateurs, tous pleins d’aficion, retrouveront les forces et les budgets pour reprogrammer des spectacles taurins….

 

On l’espère tous et surtout que vous y soyez convier…


Ganaderia Gallon Frères

 

Michel Gallon : Nous étions déjà en crise, cela peut vite devenir une catastrophe

 

Avec un prénom pareil, Aimé Gallon n’aurait pas pu être différent de ce qu’il fut, un homme affable, modeste, discret, avec un montón de gentillesse…. Lui qui, entrepreneur agricole, en 1956, acheta la manade Lescot et ses 280 ha à Mas Thibert avec deux étalons d’Achille Pouly et un lot de vache à Fernand Gidde. Tous les arlésiens qui commencent à voir leurs cheveux virer couleur argent, se souviennent des ferrades à Tenque…, ainsi que des premières tientas dans le bouvaou en bois d’acacia… Pendant une quarantaine d’année, la réputation de la ganaderia se fera sur ces bases, avec l’apport de divers étalons d’origine Parladé par Atanasio et Domecq. Jusqu’en 1999 ou l'acquisition de vaches et d’étalons de la ganaderia Hermanos Sampedro de Séville, orientera l'élevage vers une pure ascendance Juan Pedro Domecq. C’est tout cet héritage qu’en février 2007 Aimé laissera à ses fils Michel et Jean-Pierre, caractère compris……

Aujourd’hui ce sont environ 400 bêtes qui occupent les 500 ha d’herbage et de marais du mas de Tenque dont près d’une cinquantaine de toros, autant de novillos et une quarantaine d’añojos…  Toutes d’origine : Hermanos Sampedro  avec un rafraîchissement par El Torero et Joselito…

 

Rencontre avec Michel Gallon, véritable livre généalogique de leur ganaderia

 

-Avant d’évoquer les graves problèmes actuels, j’aimerais faire un petit tour sur ton élevage en 2020….

-En premier il nous faut limiter le nombre de mères à 90 tout en conservant le caractère de l'élevage en essayant d'améliorer la période de croissance des bêtes.

 

-Depuis la disparition d’Aimé, ce sont ses deux fils qui gèrent l’élevage. Jean-Pierre est plus ciblé sur les « limousines », Michel sur les toros bravos…. Pourquoi cet équilibre ? Thomas et Paul sont les successeurs tout désignés mais comment ils pensent s’organiser ?

-Chacun a son élevage de bêtes à viande en plus de la ganaderia, mais nous nous retrouvons toute la famille et quelques amis passionnés et fidèles pour les opérations de prophylaxie, de traitement et marquages. Pour les tientas nous sommes, en général du même avis.  Thomas et Paul sont passionnés et impliqués dans l'élevage des braves, des Aubracs et la culture du foin. C'est une réelle satisfaction pour moi et je pense qu'Aimé et Belou doivent être heureux là haut car la manade et le mas, c'étaient leur vie, notre vie. Pour la suite, il faudra voir comment la situation évoluera, l'élevage de toros demande 200% d'aficion mais ils savaient déjà que c'était très compliqué, certainement qu'il faudra qu’on s’adapte aux attentes des aficionados.

 

-Luc Jalabert disait : « Le meilleur élevage qu’on a en France, c’est celui de Gallon »… Combien de corridas de toros lidiées depuis l’arrivée des « Sampedro Hermanos » ? Combien de toros importants, combien d’indulto ?

 - Concernant ce que disait Luc, qui restera un ami de toujours, un des grands professionnels, c'est un grand honneur, il appréciait notre élevage et Jean Baptiste a tué beaucoup de nos toros. J'aurais aimé qu'il vive avec nous cette corrida flamenca des Saintes en 2018 inoubliable  mais sincèrement, je crois que tous les élevages français ont bien progressé, chacun avec son style. Pour moi ce qui est important c'est d'élever le genre de toro que tu aimes.

 Nous avons lidié 18 corridas depuis 2005 avec 3 indultos :"Odalisco" à Iniesta en 2015 par Morenito de Aranda, "Opulento" à Mauguio en 2018 par Javier Conde, "Destocado" aux Saintes Maries de la mer en 2019 par Sébastien Castella, sans oublier les toros :  "Despierto" lidié à Saint Martin de Crau en 2015 par Morenito de Aranda  ; "Destinado" lidié à Navalcan en 2016 par César Jiménez (2 oreilles, pétition d'indulto et vuelta al ruedo) et " Primo" aux Saintes Maries de la mer en 2018 pour Juan Bautista à la corrida flamenca (2 oreilles et la queue, vuelta al ruedo) qui resteront de grandes satisfactions, souvent partagées avec mes confrères français. Il y a aussi des grandes faenas de Medhi, Thomas Joubert, Thomas Dufau, Roman Perez et bien d'autres.

 

-Et même un en Espagne, le 1er toro français à l’être…. Retour sur cette grâce et sur ces lots combattus tras los montes, grâce à César Jiménez, si je me trompe pas…

 -L’origine de cet épisode espagnol est à chercher, en effet, du côté de César Jiménez. "Il y a six ou sept ans, il nous a demandé quatre vaches à tienter. Il avait déjà toréé nos toros en France. La tienta s'est bien passée et il nous a demandé un lot pour Iniesta, en 2015."  Les arènes de la ville de la province de Cuenca, avait au cartel, Morenito de Aranda, César Jiménez et Francisco José Espada. "Ce 29 aout 2015, nos toros avaient laissé 7 oreilles et Odalisco, le second toro de Morenito de Aranda, deviendra le premier toro issu d'un élevage français à être gracié en Espagne".

 Naturellement, les Gallon ont repris la route d'Iniesta en 2016 et ils se laisseront couper 6 oreilles par Morenito de Aranda, Gines Marin et Joaquin Galdos qui lui en coupera deux à un sobrero de Patrick Laugier. En 2017 les pensionnaires du Mas d'Icard ont été  lidiés à Piedralaves (6 oreilles), à Arenas de San Pedro (8 oreilles) et à Tomelloso (8 oreilles et un rabo).

 

-Les Gallon sont torées par de grand nom de la toreria…. Et qui en a triomphé ?

 -Jean-Baptiste, Sébastien mais aussi César Jiménez, Morenito de Aranda, Javier Conde, les rejoneadors Pablo Hermoso de Mendoza, Andy Cartagena Manuel Díaz “El Cordobés”, Alberto López Simón et bien d’autre que j’oubli… tous les toreros français que j’ai cité précédemment…

 

-Personne ne conteste la qualité des toros des Frères Gallon, Leur tendon d’Achille semble être un certain manque de forces…. Qu’en est-il aujourd’hui ?

 - Depuis quelques années nous avons changé l'alimentation des toros, les résultats au point de vue force sont encourageants (je le dis à voix basse car rien n'est jamais acquis ... ) Il faut continuer à bien soigner les bêtes dès le plus jeune âge, déparasiter le plus souvent possible, pas trop charger le pays et dans les tientas être très vigilant.

 

-Aujourd’hui tout est à l’arrêt. Coté taurin, plus d’arènes jusqu’à nouvel ordre, plus de fiestas, de faenas camperas, je pense aux tentaderos en particulier….

 -Maintenant on ne sait pas où on va avec ce maudit virus, cette année on risque de ne pas vendre les toros, c'est très inquiétant,  car tous les jours il faut leur apporter 300 kg de pienso et 2 tonnes de foin pour les nourrir (sans parler du reste des charges !) C'est démoralisant, car nous étions déjà en crise, cela peut vite devenir une catastrophe ... Maintenant, il ne faut pas oublier d'où on vient, il faut tenir bon.

 

-Un petit bol d’air avec les aides qui ont été évoqué par le Conseil Régional PACA concernant l’élevage du toro de combat ?....

 - Pour l'instant, on entend parler d'aide de la région, en attendant un groupe d'aficionados lance une collecte pour l'ensemble des éleveurs français, et puis il y a tous les appels téléphoniques pour prendre des nouvelles et ça fait chaud au cœur, c'est vraiment très gentil, car tout le monde est impacté et surtout il faut avoir une pensée pour toutes ces personnes qui font face à ce virus pour sauver des vies, ils méritent une grande ovacion….

 

Avec le deconfinement, le bout du tunnel semble poindre à l’horizon, surtout du coté des faenas camperas…. Un jour les arènes se rouvriront et la vie reprendra normalement ou presque pour ceux qui ont sacrifié leur vie pour leur passion, le toro de combat…. En espérant qu’ils soient encore là tous sur la ligne de départ..


Ganaderias L’Astarac et Camino de Santiago

 

J.L. Darré : Depuis deux mois, pas un centime n’est rentré

 

Seules les annonces des annulations des fêtes et ferias arrivent… Il faut continuer à soigner les bêtes, les nourrir… Et on ne sait pas quand ni comment cela va évoluer. Nous qui ne vivons que des toros et de la restauration, nous sommes dans deux domaines hermétiquement fermés… Pour l’éleveur gersois qui vient de voir deux corridas et une novillada prévues en Espagne, annulées, l’année 2020 s’annonce plutôt noire….

 

Comme la plupart des jeunes vicois, Jean Louis Darré connaissait les toros par les arènes de Vic Fezensac et le rugby, qu’il pratiquait à Mirande, deux pôles d’attraction qui le menèrent à Michel Lagravère qui rêvait de devenir torero. Et qui un jour lui demanda de devenir son valet d’épée. De 1986 à 1992, notre futur ganadero fit des allers retours entre Bars et les villages de France ou de Castille où toréait son torero.  Il y renforça son aficion, rencontra de nombreuses personnes du mundillo et des éleveurs, il vécu une aventure  qui lui susurra l’envie d’élever des toros de combat.

 C'est au retour d'une manifestation d'agriculteurs à Paris que le paysan gersois, écœuré de l'agriculture traditionnelle, décide de mettre, sur ses terres de Bars, un élevage de toros braves. Pour démarrer son troupeau en décembre 1992, il acquiert une vingtaine de vaches de ventre et un semental à Jean Riboulet, d’origine Guardiola

 L’Astarac, ancien pays gascon au sud du département du Gers, et un peu dans les Hautes-Pyrénées, correspond à un ancien comté apparu en 930, dont le chef-lieu était Mirande, entre Gimone et Osse. Son pays donnera son nom à sa ganaderia.

 Une quarantaine de vaches de ventre et deux étalons se partagent une cinquantaine d’hectares entre le " Cantaou " à Bars et le  " Coularot " à St Christaud. Une ganaderia qui reste toujours fidele au troupeau d’origine, seulement rafraichit avec un semental de Yerbabuena en prés de 30 ans.  La première sortie à lieu Aignan en 1997 pour une non piquée avec à l’affiche deux débutants El Fandi et Sébastien Castella, qui coupera ce jour là la première oreille de sa carrière.

 

10 ans plus tard, à  l'automne 2002, J.L. Darré créait une seconde ganaderia qu’il baptisera Camino de Santiago avec des vaches de Santafé Martón, élevage d’origine Marquis de Domecq-Martelilla. Une soixantaine de becerras neuves et deux sementales du Marquis… Aujourd’hui se sont 400 bêtes, dont 130 mères, qui se partagent les 250 ha " Du Penin " à Monclar sur l'Osse et Pouylebon sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle…. Une encaste d’origine rafraichie par du Lagunajanda de l’Albareal et du Conde de Mayalde ….

 A partir de là, Jean Louis Darré mène de front ses deux élevages qui nécessitent la production des 400 tonnes de foin pour nourrir Guardiola et Domecq, les autres activités agricoles de l’exploitation ayant été abandonnées. La relève est assurée puisqu’à la tête de son exploitation, Jean Louis a été rejoint par son fils Romain qui l’aide à plus de 100%.

 En 2006 les deux fers font leurs débuts en novilladas piquées à Rieumes et Millas. En 2008, une corrida de toros de L’Astarac à Vic relance la carrière d’Alberto Aguilar qui coupe deux oreilles et assoit la réputation de l’élevage gersois.
En 2012, la première corrida du Camino de Santiago sort à Mimizan, des arènes qui feront confiance à ce fer à plusieurs reprises. Et en 2016, grâce à l’aide de Michel Lagravère, c’est le marché espagnol qui s’ouvre Zalamea la Real, Baeza (novillada), Almagro, La Adrada, Barbastro… et avec des toreros comme Paquirri, Padilla, Lopez Simon, Le Cid, Finito de Cordoba…

 

Rencontre avec Jean-Louis Darré

 
Comment vous projetez vous dans l’avenir avec vos élevages ?

 -C’est très compliqué et ça l’été même avant l’arrivée de ce virus…. Les toros sont pointés du doigt et les activités qui lui sont liées subissent les mêmes influences négatives….

 

Vous êtes l’un des ganaderos français qui sort le plus, notamment en corrida, si l’on excepte vos confrères qui ont des arènes en gestion. Comment l’expliquez-vous ?

 -Déjà j’ai deux encastes différentes ce qui m’ouvre des cartels variés… Ceux de L’Astarac sont dans un créneau plus torista et la corrida de 2008 à Vic a assis leur réputation…. Les Camino sont plus toreables même si je leur reconnais un certain manque de forces et là, ce sont principalement les lots lidiés en Espagne, et par des toreros de tout premier plan, qui ont fait leur renommée…. Par contre, l’an passé à Eauze, j’ai pris un gros coup sur la tête….

 

Vous l’expliquez comment ?

 -Un cauchemar… D’accord il faisait 40° sur le sable et plus dans les chiqueros, mais cela n’explique pas tout loin de là…. Les six se sont arrêtés des les premiers muletazos. Je ne veux pas fuir ma responsabilité d’éleveur mais il faut que je trouve le pourquoi de cet échec et corriger le tir au plus vite…. Mais ça fait mal

 

Un élevage à gérer ce n’est pas simple, sur des propriétés séparées. Élever deux encastes distincts, vous pouvez évoquer les différences fondamentales au niveau du comportement au campo et sur la sélection….

 -Les Camino sont plus réguliers, globalement ils sont dans une certaine continuité mais je leur applique une sélection plus sévère, en tienta c’est une vache sur dix en moyenne qui est conservée… C’est plus compliqué avec les Astarac, ils sont très irréguliers à l’instar de leurs origines ou tout bon ou tout mauvais. Mais dans les deux cas j’applique mes critères de sérieux tant au moral qu’en présentation..

 

La relève c’est Romain votre fils ?

 -Il y est en plein dedans…. Moi à 66 ans je me dois de le laisser prendre les affaires en main avec sa propre vision, même si l’on partage les mêmes visions des choses..  Et je ne veux pas oublier les copains qui jouaient avec moi à Mirande sur lesquels on peut compter pour les faenas camperas

 Sans oublier sa compagne, Véronique, qui à l’époque, participa comme juriste à la défense des arènes de Rieumes et leurs démêlées avec les anti-corridas, et qui finit en y faisant le paseillo en tant qu’alguacililla. Elle continue de défiler après Rieumes, Arles et Fenouillet, dans de nombreuses arènes du Sud-Ouest dont Vic Fezensac, souvent accompagnée de sa fille Eugénie.

 

Aujourd’hui tout est à l’arrêt. Coté taurin, plus d’arènes jusqu’à nouvel ordre, plus de fiestas camperas….

 -Déjà on espère que fin mai on pourra reprendre les tentaderos même si c’est en confiné… Mais pour le reste j’ai peu d’espoirs que la situation se débloque dans les semaines, voire les mois à venir… Depuis deux mois, pas un centime n’est rentré au Cantaou. Les novilladas et les corridas nous restent sur les bras, mais nous vivons aussi et pas mal, des fiestas camperas, des réceptions des clubs taurins et autres festivités liées aux toros, de la restauration, l’agro-tourisme…. Et là aussi tout est bloqué, annulé. Jusqu’à quand ?

 

En Astarac, ancien pays gascon au sud du Gers, surmonté par un éventail de pouges serpentant dans les vallées entre Gimone et Osse, le relief assez accidenté contribue à en faire davantage des terres d’élevage de bovins qu’un pays de céréaliculture, c’est là qu’il y a prés de trente ans, JL Darré s’est lancé par deux fois dans l’élevage du toro de combat… L’une avec une consonance qui se vend mieux, les toreros préfèrent le Camino… et une qui plait plus aux aficionados l’Astarac !  Avec le secret espoir que tous se retrouve prochainement autour du toro dans une arène…


Ganaderia San Sébastian : Maintenir les qualités issues du Jandilla…

 

Fontanès, qui signifie  le lieu de la source”, est un village de l’Hérault de 300 habitants aux pieds du Pic Saint Loup, et paradoxe, son aura est plus dûe aujourd’hui à ses vignobles classés AOC qu’à sa fontaine et son péage de la Tour de la Roque, symboles d’une histoire fortement liée à l’eau. C’est là qu’en 2008, Gilles et Matthieu Vangelisti, ont débarqué les premières bêtes de leur toute nouvelle ganaderia, issues de chez Jandilla par Torrehandilla et Daniel Ruiz ensuite…. Sur les terres du mas de Lacan que Michel Rouquette, beau-père du ganadero, mais également passionné de tauromachie, leur mis à disposition pour développer leur élevage… à ces 150 ha, viennent s’ajouter une 50 d’hectares au Mas de Page à Gallician pour les fourrages, dans le quartier Saint Sébastien, qui donna le nom de la ganaderia en l’hispanisant….   Rencontre avec l’éleveur….

 

-Quand, pourquoi et comment, on se lance dans l’aventure de l’élevage du toro de combat ?

 Pour moi, il s’agissait de réaliser un rêve d’enfant qui était d’être un jour manadier. J’ai grandi à Mauguio où la course camarguaise était très présente et je crois que la passion du taureau a débuté dans la cour d’école et dans les arènes du village.

 

-Une passion de jeunesse favorisée par une collaboration professionnelle avec Simon Casas ?

 C’est en effet ma rencontre avec Simon Casas, dans les années 1980, qui m’a permis de découvrir la corrida que je ne connaissais que très peu auparavant. J’étais jeune avocat à l’époque et j’ai commencé à travailler pour lui et du coup, le « virus » du taureau camarguais s’est muté en virus du « toro brave ».

 

-Une passion partagée avec votre fils Mathieu, qui a créé, entre-autre en décembre 2014, le projet Happycionado pour transmettre la culture taurine, l’aficion, et ses valeurs aux plus jeunes.

 Matthieu a créé ce projet tout seul et je dois dire que je suis très fier de lui ! Il a imaginé le concept, dessiné les premières arènes gonflables, suivi la fabrication puis développé le projet à travers les ferias en France, en Espagne et au Portugal !

Son ambition est de créer de l’aficion et pour cela il est nécessaire de s’adresser aux plus jeunes afin que notre culture ne se perde pas. Le succès de ce projet est tel qu’il a, depuis, été copié ou imité par d’autres, ce qui est le gage d’une bonne transmission.  Il prépare d’ailleurs un deuxième livre de jeux destinés aux enfants après celui intitulé  « Découvre la tauromachie en t’amusant » parrainé par Sébastien Castella. Ce deuxième tome devrait sortir dans le courant de l’année.

Pour la ganaderia, je ne me suis lancé dans sa création qu’avec l’assentiment de Matthieu car je savais dès le début que cela supposerait des coûts, des sacrifices et beaucoup de temps. Je savais que finalement c’est surtout lui qui pourrait en retirer, non pas de bénéfices, mais les fruits du travail accompli. Et je dois dire qu’il est encore plus passionné que moi sur l’aspect sélection et devenir de l’élevage.

 

-Avant d’évoquer les graves problèmes actuels, on pourrait faire un état des lieux sur votre élevage en 2020….

 Notre cheptel est relativement réduit puisqu’il ne compte qu’une soixantaine de vaches reproductrices. Nous comptons à ce jour trois sementales : un d’origine « Jandilla », un autre de José Vazquez et un dernier issu de notre élevage provenant d’une très bonne famille d’encaste  Jandilla.  Nous avons deux lots de vaches pour la « cubricion » et en principe nous séparons les

 « Jandilla » et les « Daniel Ruiz ». Petit à petit, les vaches marquées de San Sebastian sont de plus en plus nombreuses mais nous maintenons globalement la séparation des deux origines même si l’encaste Jandilla reste très largement majoritaire.

 

-Des lots prévus pour 2020 Non-piqué, novilladas, corridas… Et lesquels étaient retenus ou en voie de  l’être ?

 Pour 2020, nous avons une vingtaine de mâles âgés de 2 ans que nous souhaitons conservés pour une ou deux novilladas piquées en 2021. Du coup, nous n’avions rien de prévu pour cette année, ce qui, finalement est un moindre mal, compte tenu de la situation sanitaire actuelle.

 

-Vous avez un « taurodrome » pour faire courir vos toros….?

 Lorsqu’un lot est prévu pour une arène, nous faisons courir les toros en effet. Nous avons organisé un parcours qui permet de faire courir et en même temps d’habituer les toros à entrer dans les corrales de manière à limiter les problèmes les jours d’embarquement. La fréquence est d’environ 3 fois par semaine et pendant 3 à 4 mois avant la sortie. Une faena campera que nous faisons à deux : Lionel notre mayoral et moi-même.

 

-Y a-t-il un torero de la maison ?

 Il y a surtout des amis avec qui nous partageons des moments privilégiés lors des  tentaderos . Parmi les « habitués » il y a bien sûr El Rafi, Andy Younes, Thomas Dufau et Sébastien Castella lorsqu’il est de passage dans la région.

 

-Comment vous projetez dans l’avenir avec votre élevage (En faisant abstraction du problème du Corovirus)

 Notre ambition est surtout de trouver et conserver les qualités qui font de l’encaste « Jandilla » l’une des origines les plus appréciées à la fois des professionnels mais aussi des aficionados. C’est, je crois, l’origine qui présente le meilleur équilibre entre bravoure et noblesse.

 

-Première novillada piquée, 2013 à Tarascon, excellente avec vuelta au 5eme, la seconde à Saint Gilles en 2015 de bonne tenue, une 3eme à Nîmes en 2016 qui laissera quatre oreilles pour des débuts en arène de 1ere catégorie, un 1er toro de San Sebastian à Ales en 2018, primé d’une vuelta posthume…. Et en septembre 2019, un flop pour votre seconde novillada à Nîmes. Quelles explications ?

  En voulant trop bien faire pour cette novillada, j’ai commis une erreur en termes d’alimentation, ce qui a provoqué des fragilités ligamentaires et donc des faiblesses. Cela nous a fait d’autant plus râler que les qualités intrinsèques des novillos étaient certainement supérieures à ceux lidiés en 2016… Mais bon, nous apprenons de nos erreurs !

 

 -Aujourd’hui tout est à l’arrêt. Coté taurin, plus d’arènes jusqu’à nouvel ordre, plus de tientas….

 Comme je l’ai dit avant, nous n’avions rien de prévu cette année donc pour nous, cette crise aura moins de conséquence que pour certains de nos amis ganaderos qui avaient des lots déjà réservés. Pour certains, la situation risque d’être très compliquée. Sinon, côté moral, on reste positif même si on ne sait pas trop ce que l’avenir nous réserve ? Dans tous les cas nous avons la chance de vivre notre passion, donc c’est déjà énorme ! Après, nous reprendrons les tentaderos dés que les mesures de confinement seront levées, j’espère fin mai début juin ! Après, si les toreros doivent mettre un masque pour tienter, on leur fournira des masques de fabrication maison !

 

-Autre préjudice important spécialement pour ce qui est tout de même une entreprise, les journées au campo, les fiestas camperas des clubs taurins, les tientas etc… etc...

 Pour ce qui nous concerne, nous n’organisons pas ce type d’activité, donc là encore l’impact de la crise sanitaire sur notre ganaderia reste limité. Mais pour beaucoup d’amis ganaderos, la situation est plus compliquée à cause des mesures de confinement et d’interdiction de rassemblements. C’est une partie importante des ressources qui se trouve paralysée.

 

Y a-t-il des aides qui ont été évoquées concernant l’élevage du toro de combat ?

 La Région Occitanie vient d’annoncer des aides pour les élevages « Camargue » mais qui ne semblent pas pour l’instant être accordées aux taureaux de combat. J’espère qu’il n’y aura pas de discrimination entre les deux types d’élevages car les ganaderias participent, au même titre que les manades, au développement culturel, touristique et environnemental de nos territoires. Quant à la Région PACA, elle vient d'annoncer qu’elle va également aider le secteur de l’élevage, qu'il soit camarguais ou espagnol.

 

Depuis 2008 l’élevage s’est immiscé dans notre histoire taurine et ganadera en attendant une année 2021 plus prospère et plus sereine pour tous, depuis peu un troisième Vangelisti préside aux destinées de la ganaderia de San Sabastian, Valentin auquel on ne peut que souhaiter de partager dans un monde moins fou, les rêves de son père et de son grand-père


Rencontre avec un élevage gersois, celui du Lartet 

 

Jérôme Bonnet : « cette crise va être tellement grave pour la tauromachie qu’il est très difficile d’envisager un avenir pour le milieu taurin et les taureaux en général, bravos, landais ou camarguais »

 

 Des terres du Lartet à Peyrusse-Grande dans le Gers, un novillo attendait de faire un voyage à Arles pour Pâques…. J. Bonnet et sa ganaderia du Lartet comptaient bien refaire le coup de 2019, celui réussit par « Purpanito » qui pour la présentation de l’élevage dans le Sud-est à gagné le prix du meilleur novillo et fut primé d’un tour de piste posthume….. Hélas le Covid19 en a décidé autrement…..

Tout à commencé en 1992 quand Paul Bonnet, à l’époque Vice-président de la fédération française de course landaise, très connu dans le milieu, et grand aficionado a los toros, décide, pour occuper sa toute récente retraite, de se lancer, avec son fils âgé d’une vingtaine d’années et mordu de toros également, de monter sa propre ganaderia. Il avait pour cela, acheté une propriété, Le Lartet, un espace de 80 ha, vallonné avec des points d’eau et de riches herbages, et qui donnera le nom à l’élevage…

En 1996, les Sepulveda et les Cesar Moreno sont éliminés au profil d’origines Cebada Gago, les premiers issus de chez Margé, puis au début des années 2000 des Marques de Domecq issus de chez Fernando Domecq.

Aujourd’hui, le troupeau de sang Cebada Gago, Marquis de Domecq et Juan Pedro Domecq par Sanchez Arjona, se partage les 100 ha sur deux sites sous, depuis quelques temps, la direction du fils, Jérôme Bonnet et de sa fille Mathilde…. Environ 160 têtes, une soixantaine de vaches de ventre, quatre sementales, une dizaine de novillos, 20 becerros, 30 becerras et une quarantaine de plus jeunes…

L’élevage s’est depuis illustré très fortement au fil des temporadas, dans le Sud-ouest avec ses becerros…. La ganaderia gersoise a notamment remporté tous les prix mis en compétition en 2018, catégorie novillada non piquée pour la neuvième année consécutive, prix de feu l'Union des Clubs Taurins Paul Ricard pour le Sud-Ouest, prix des critiques taurins de France, le Trophée Occitanie. Remporter les trois prix est exceptionnel, c'est la récompense un travail de sélection et d'élevage fait depuis plusieurs années. Laissant loin le souvenir d’un premier novillo lidié en public à Aire, par Sébastien Castella le 26 juin 1996.

Rencontre avec l’éleveur….

 

 -Des lots étaient prévus pour 2020 Non-piqué, novilladas,… Et lesquels étaient retenus ou en voie de l’être ?

-Nous avions des lots retenus, notamment en commençant par Arles pour la Feria de Pâques, et jusqu’en septembre mais à l’heure actuelle, tout est en suspend…

-Comment vous vous projetez dans l’avenir avec votre élevage (En faisant abstraction du problème du Corovirus)

 -Malheureusement aujourd’hui, cette crise va être tellement grave pour la tauromachie que nous ne pouvons même plus envisager un avenir et se projeter dans le futur tellement le milieu taurin et les « taureaux » en général, de corrida, landais, camarguais également, vont être impacté.

-Paul, votre père et créateur de la ganaderia, est resté plus de 20 ans dans les « sans chevaux » avec pourtant des résultats haut de gamme sans franchir le pas (Voir les prix de l’UCTPricard). Pourquoi ?

-La création d’un élevage est longue, il faut arriver à fixer le sang et la morphologie que l’on souhaite et aussi arriver à trouver un équilibre financier. C’est pour cela que nous avons préféré pendant toutes ces années travailler et pérenniser l’élevage avant de passer à l’échelon supérieur. Ainsi, ce travail durant de longue année en sans piquée nous a permis de se voir attribuer neuf fois d’affilé  le prix des clubs taurins Paul Ricard de la meilleure novillada sans picador section sud-ouest.

-Vous avez passé ce cap avec des résultats bien plus irréguliers qu’avec les becerros… Très bien votre novillo à Orthez, Arles l’an dernier un novillo de gala et trois mois plus tard, une certaine déception à Riscle… Y a il une explication ?

-Avant toute chose, je ne souhaite en rien minimiser ma responsabilité d’éleveur. On attendait un lot de novillos pour un spectacle, et ce lot n’a pas donné les résultats espérés, ni pour les aficionados, ni pour les organisateurs, ni pour le ganadero. Pour ce qui est des raisons, le novillo d’Arles est sorti au mois d’avril, à la sortie de l’hiver et il n’était pas excessif en gras et a été mobile. Ses frères du lot de Riscle sont sortis au mois d’aout, l’été a été particulièrement chaud, les toros ont très peu bougé et ont fait du « gras ». Le jour de la course, ils sont sortis asphyxiés dès le premier tercio et cela ne s’est pas arrangé jusqu’à la fin de la lidia. Le poids des tickets de l’abattoir a été absolument incroyable puisqu’il y a eu des novillos à 550 kg. J’ai travaillé cet hiver a modifié tout cela pour les novillos futurs et j’espère que cela me donnera raison. Le lot de Riscle était composé de deux lots de vaches différents et de deux sementales différents or les six ont eu le même comportement. De plus, le taux de réussite dans les tentaderos avec les sœurs de ces mêmes novillos a été très bon, ce qui me fait penser que ce n’est pas un problème de qualité.

 -Il y a trois ans vous avez inauguré une placita de tienta. Pourquoi pas jouxtant la propriété ou paissent les toros ?

 -Notre propriété est basée à Peyrusse Grande, dans les collines gersoises, il aurait été possible mais plutôt compliqué de l’établir là-bas. La placita a été construire jouxtant une vieille maison familiale, qui n’été plus habitée et à laquelle nous avons redonné vie. Cette arene de tienta a donc une connotation familiale. Maintenant, c’est dans cette maison que nous nous retrouvons après les ferrades, fiesta campera…etc. De plus, je pense aussi qu’il est mieux de déplacé son bétail de son lieu de naissance pour les tentaderos, chose qui se rapproche le plus de la réalité d’un toro de lidia.

-Vic Fezensac, Marcel Garzelli, Paul Bonnet…. Pensez-vous qu’on puisse les voir réunis dans les arènes Joseph Fourniol autour d’une corrida de toros du fer du Lartet lors d’une prochaine feria de Pentecôte ?

 -L’élevage de toros est une question de temps et de patience, mais nous avons le temps, car ils finiront tous les deux au moins centenaire…

-Aujourd’hui tout est à l’arrêt. Coté taurin, plus d’arènes jusqu’à nouvel ordre, plus de fiestas camperas, de ferrades publiques. Confinement total….

-1er impact, moral et financier : que faire des lots prêts à être lidier ?

-Pour l’instant, la préparation en vue d’une possible reprise en fin de saison, l’occasion peut être aussi d’essayer d’approuver des sementales en tientant des toros, mais dans tous les cas, des frais de fonctionnement qui ne changent pas et aucune rentrée d’argent.

-2eme problèmes : comment poursuivre les faenas camperas, le travail quotidien sans aides extérieures, les tentaderos aussi….

-Je crois qu’aujourd’hui même si le campo est une échappatoire pour le moral des ganaderos, personne n’a à cœur de penser à autre chose que la santé de ses proches et de ses amis. Chaque chose en son temps.

-3eme impact et grave spécialement pour votre entreprise, les journées au campo, les fiestas camperas etc… etc...

-J’imagine l’impact terrible pour confrères qui vivent en partie grâce à ses journées, pour ma part, nous n’avons jamais pratiqué celles-ci pour des raisons d’infrastructures et de temps car j’ai une activité professionnelle autre que l’élevage de toros de combat.

-Y a-t-il des aides qui ont été évoqué concernant l’élevage du toro de combat ?

-Pour le moment, je n’en ai pas entendu parler, mais je sais que l’association des éleveurs de toros de combats français veillera à suivre tout ceci de près pour arriver à sauver l’élevage français.

 

Des terres du Lartet à Peyrusse-Grande dans le Gers, un novillo attendait de faire un voyage à Arles pour Pâques…. Espérons que ce ne sera que partie remise et que nous nous retrouverons tous autour de ce qui fait notre passion, le toro


Olivier Fernay : Une France sans éleveurs c’est un futur sans tauromachie !

 

 Ernest Fernay à grandi au sein de l’élevage de toros que son père, Justin, avait créé en 1940 avec des bêtes de Pouly et Saurel… Sa première passion fut d’être torero. Torero à cheval car il était un cavalier émérite et en 1943 il fit ses débuts comme « caballero en plaza » avant de créer sa propre ganaderia en 1953 avec des vaches d'origines Pinto Barreiros et Perez Tabernero, cheptel évoluant par l'apport de différents sementales. Il fut aussi organisateur de spectacles taurins et dirigea les arènes d’Istres…. Et c’est tout naturellement, à son décès, qu’à l’âge de 16 ans, son fils Olivier, le cadet et seul garçon de ses cinq enfants, prit sa suite à la tête de l’élevage qu’il installa un peu plus tard au Mas des Jasses de la ville à Pont de Crau aux portes d’Arles….

L’origine actuelle de la ganaderia est, on peut dire pure origine J.P Domecq par différentes provenances : Jandilla, Algarra, Victoriano Del Rio, Garcia Jiménez….

L’ensemble du cheptel se partage 220 hectares de prairies autour du mas et de garrigues dans les Alpilles. Quatre vingt mères pour cinq sementales lui apportent environ une trentaine de mâles chaque année…

-Des lots prévus pour 2020 … Et lesquels étaient retenus ou en voie de l’être ?

 

 Pour cette année j’ai une corrida, une novillada piquée et deux lots de becerros, le reste étant toréé en privé. Les négociations en cours sont toutes en stand bye et avec le report des Ferias rien n’est encourageant.  De plus, malheureusement la majeure partie des ferias françaises ou espagnoles sont constituées avec les 10 mêmes élevages, grandes ou petites arènes confondues.Même si certains organisateurs jouent le jeu de programmer des toros de chez nous et qui en 2020 n’ont plu a faire leurs preuves, ce n’est pas suffisant.

 

-Comment tu te projettes dans l’avenir avec ton élevage (En faisant abstraction du problème du Corovirus)

 

Pour nous autre l’avenir proche est très compliqué, élever des toros aujourd’hui est soit un métier ou il faut être fou ou alors il faut être riche voire très riche ou du moins ne pas en attendre un retour financier !Quand j’étais gamin je voyais les réunions de ganaderos, des gens de la terre et des passionnés du campo, et qui vendaient leurs bêtes, aujourd’hui si tu n’as pas d’arènes, ou d’influences pour obtenir des échanges ou par copinage, tu te retrouves a boucher les trous et surtout à vendre des toros largement moins chers que ce qu’ils ont couté. Ce n’est pas normal. Les aides ou subventions versées aux organisateurs devraient être réservées a la promotion des élevages du Pays. 

Aujourd’hui je suis agriculteur éleveur, j’ai une exploitation et une famille a charge, donc même si je sors assez peu mes toros c’est que, je le pense, je ne peux pas les brader. Concernant un avenir plus lointain j’ai du mal à imaginer un futur où on pourrait vivre de nos toros. Je maintiens l’élevage transmis par mes parents alors que j’étais très jeune et mon souhait serait que mes deux filles puissent perpétuer la ganaderia, mais en aucun cas il faut que ce qui est une passion devienne une contrainte. 

 

Globalement tu as des produits d’un très bon niveau mais tu sors très peu.

 

En 2018, ma ganaderia a reçu plusieurs prix, le Prix de la Corrida Concours de Orthez, le 1° Prix de Ville d’Arles et le 1° prix des Club Taurins Ricard pour mes becerros.. 

 

Malgré cela il n’y a aucun retour ou très peu. Sauf certains organisateurs qui jouent la carte Française et qui se reconnaitront. Préparer des lots de toros pour les années suivantes est une ruine, tout augmente, les charges, les aliments, les cotisations, les assurances, les frais vétérinaire. Alors que le prix de vente des toros pour l’arène ou pour l’abattoir est en baisse.… S'il n’y a pas une vraie prise de conscience des politiques ou autre d’imposer aux arènes qui ne jouent pas le jeu de prendre des lots issus du pays, beaucoup d’éleveurs sont appelés à disparaitre. Et une France sans éleveurs c’est un futur sans tauromachie !

Aujourd’hui tout est à l’arrêt. Coté taurin, plus d’arènes jusqu’à nouvel ordre, plus de fiestas camperas…. Impact, moral et financier : que faire des lots prêts à être lidier ?

 

Ce qui permet aujourd’hui a mon élevage de continuer a vivre c’est l’activité touristique,  au travers des visites de l’élevage, des journées de découverte avec repas, la location de salle pour les événements et nos soirées Camargue organisées tous les mardis l’été ouverte a tous. Et j’en profite pour remercie mes proches et mes amis qui contribuent à faire vivre "La Manade Fernay » Mais avec les évènements liés au Coronavirus tout est annulé, tous nos groupes prévus pour Mars, Avril et Mai le sont déjà. Pour l’instant nous n’avons plus de réservation pour les mois à venir. A ce jour rien de précis ne vient pour nous rassurer concernant des aides, j’espère que cela vienne rapidement car ce sont nos exploitations qui sont en danger, même si nous n’avons pas vraiment le choix à part celui de rester chez nous. 

 

Et pour le quotidien, les faenas camperas..

 

Le travail de l’élevage continue pour les soins journaliers mais toutes les taches ou il faut du monde doivent être reportées. La santé de tous passe en priorité. En espérant vraiment que nous nous retrouvions vite aux arènes et dans nos élevages.

 

Ojala !


La Golosina, nouvelle ganaderia de Juan Bautista

 

Le matador et impresario a acquis des vaches de La Quinta et forme ainsi en France un nouveau fer qui résidera sur la propriété familiale de La Chassagne.
Juan Bautista a créé en France un nouvel élevage : La Golosina. Ce nouveau fer est composé initialement de 16 vaches approuvées à l'automne dernier dans l'élevage de La Quinta et couvertes par les meilleurs reproducteurs de la famille Martínez Conradi.
Les animaux sont arrivés ce jeudi à La Chassagne, propriété de la famille Jalabert. De cette manière, Juan Bautista commence une nouvelle étape en solitaire en tant qu'éleveur. L'hiver prochain, un second lot formé d'une vingtaine de vaches viendra s'ajouter à celui-là.
Le nouvel élevage doit son nom au toro Golosino de La Quinta, qui fut gracié par Juan Bautista dans les Arènes d'Istres en 2013. Ce toro Golosino sera le prochain reproducteur du nouveau fer et arrivera en France avec le second lot de vaches. La devise est bleu et jaune, couleurs du drapeau d'Arles.
De ce fait, La Golosina devient le fleuron de l'encaste Santa Coloma en France, ce qui motive autant Juan Bautista que la famille Martínez Conradi qui a accepté de manière exceptionnelle cette vente par rapport à l'importance que revêt la présence de cette origine et de La Quinta sur le territoire français.
Le pari de Juan Bautista, sur l'origine la plus pure et de plus grand prestige de l'encaste Santa Coloma, sera le lien entre le torero et cet encaste face auquel il a obtenu de nombreux triomphes tout au long de sa carrière, notamment la queue coupée à Mont de Marsan à un toro de La Quinta en juillet 2017, 47 ans après le dernier qui y fut octroyé, ou les deux oreilles coupées à un autre exemplaire du même fer à Nîmes lors de sa corrida en solitaire en juin 2016.
Ce nouvel élevage rejoindra prochainement l'Association des Eleveurs Français de Toros de Combat.
En parallèle, et de manière totalement indépendante, Juan Bautista continuera avec son oncle Marc et toute la famille à la tête des élevages Jalabert Frères et Laget d'origine Domecq, dont ils récoltent les très bons résultats ces dernières années, avec notamment la grande novillada combattue à Istres il y a de cela quelques jours.


 Ganaderia Casanueva

 

A partir du 1er avril la Ganadéria Casanueva vous accueille au campo! Venez visiter notre élevage de toros de combat en plein coeur de la chalosse et découvrir la vie de cet animal sauvage dans son milieu naturel, assister à une tienta ( épreuve de sélection des futures mères reproductrices) ou vous restaurer dans un lieu atypique et champêtre! Peñas taurines, clubs taurins, associations, groupes d'amis, comités d'entreprises ou événements familial nous avons plusieurs formules à votre disposition! Pour tout renseignements contact par la messagerie de la page ou par mail ganaderiacasanueva@orange.fr ou par tel au : 0688970848



Les ganaderias françaises


 Ganaderia Hubert Yonnet

 

 -Propriétaire : Héritiers d’Hubert Yonnet Mas de la Belugue 13129 Salins de Giraud 

-Propriété : Mas de la Belugue 13129 Salins de Giraud 

-Tel : 04.42.86.8.44 Fax : 04.42.48.8019 

-Date de création : 1859-Devise Vert – Blanc 

-Origines : Pinto Barreiro par Conchita Cintron 

-1ere Novillada sans picadors : 1890 

-1ere Novillada piquée : 1910 puis 1er mai 1954 à Lunel * 

-1ere Corrida de toros : 1956 puis 1973 à Palavas* (* nouveau sang) 

-Présentation en novillada en Espagne : le 2 aout 1979 à Barcelone avec Richard Milian, Josele et Luis Reina 

-Présentation en Corrida en Espagne : le 21 juin 1987à Barcelone 

-Ancienneté à Madrid  le 4 aout 1991 avec Raul Galindo, Julio Norte et José Ignacio Ramos 

Faits Marquants   Montenegro" le 23 aout 1981 à Saint Sever "Montecristo", "Carabin", "Tampan", "Tartarin" et "Gabian", novillos honorés d'une vuelta. Pescalune indulté à Lunel le 21 juillet 2002 

Membre de L'Association des Eleveurs Français de Taureaux de Combat


 Ganaderia Los Galos 

 

Ancienneté : 1991 

Propriétaire : Marie. Lambert
Finca : Mas des Becasses 13104 Mas Thibert Arles  Tel: 06.06.43.01.88
Membre de la Union des Criadores de Toros de Lidia
 

Origine : Marquis de Domecq et Manolo Gonzalez 

Ancienneté à Madrid : 10 juillet 1955 

Présentation à Madrid : 11 juillet 1999 avec J.A. Canales Rivera, Carlos Pacheco et Stephane Fernandez-Meca


 Ganaderia P.M. Meynadier 

 

Ancienneté : 2000 

Propriétaire : Pierre Marie Meynadier 

Finca : Mas de Bellombre 13280 Rapheles Arles  Tel: 06.09.18.04.06
Membre de la Union des Criadores de Toros de Lidia
 

Origine : Marquis de Domecq et Manolo Gonzalez 

Presentation : 2005 (Fourques) 1er Corrida de toros 2011 (Palavas)


 Concha y Sierra

 

  Ancienneté : 1882 

Propriétaire : Jean Luc Couturier Domaine de Haute Coste 13310 Saint Martin de Crau
Tel:06.08.18.20.86
Membre de la Union des Criadores de Toros de Lidia
 

Origine : Vazquena 


 Cure de Valverde

  

Ancienneté : 1947 

Propriétaire : Jean Luc Couturier Domaine de Haute Coste 13310 Saint Martin de Crau
Tel : 06.08.18.20.86
 

Membre de la Union des Criadores de Toros de Lidia 

Origine : Conde de la Corte

 


 Ave Maria

 

Ancienneté : 1980 

Propriétaire : Philippe Pages. Representant : Robert Margé
Finca El Sardinero 41350 Villanueva del Rio y Minas (Sevilla)
Tel : 06.77.79.07.99
Membre de la Union des Criadores de Toros de Lidia
Origines : Luis Gamero Civico & Juan Pedro Domecq
 

 


 Virgen Maria

 

 Ancienneté : 2004 

Propriétaire : Virgen Maria SA. Jean Marie Raymond. BP : 16 Les Pielettes Chemin de la Cride 13740 Le Rove
Finca : " Pedrechada y Garlochi et " La Nava "41450 Constantina (Sevilla)
Tel : 0033.60.78.61.617
Membre de la Union des Criadores de Toros de Lidia
 

Origines : Jandilla , Luis Algarra , Victoriano del Rio et Daniel Ruiz 


 Santa Ana

 

 Ancienneté : 2009 

Propriétaire : Santa Ana SA. Jean Marie Raymond. BP: 16 Les Pielettes Chemin de la Cride 13740 Le Rove
Finca : " Pedrechada y Garlochi " et " La Nava " 41450 Constantine (Séville)
Tel: 0033.60.78.61.617 Membre de la Union des Criadores de Toros de Lidia
 

Origine : Marquis de Domecq 


EN CONSTRUCTION